Et si l'on parlait de terroir ?... (2)
Retour en Anjou pour évoquer sol et sous-sol. Il faut voir là les prémices d'une véritable enquête, qui devrait se dérouler pendant l'été et même bien au-delà, sans doute.
Cette véritable "campagne d'investigation" se fera autour des "grands terroirs" d'Anjou et, plus particulièrement, du Layon. Elle n'est possible qu'avec toute l'amitié de Richard Leroy, vigneron de son état et passionné par la vigne et son environnement et Marie Scholtus, ingénieur à l'INRA d'Angers, passionnée de dégustation à ses heures!...
Tous trois sommes d'accord sur un postulat de départ :
il s'agit là d'une approche empirique, basée sur l'observation sur le terrain, oeuvre d'amateurs passionnés, cartes IGN en mains.
l'idée de départ est de tenter de faire le lien entre la transmission orale locale (de plus en plus difficile et rare!), l'observation des sites désignés et l'utilisation de cartes des sols et sous-sols.
Dès son arrivée en Anjou, Richard Leroy s'est mis à l'écoute des anciens, des vignerons qui connurent l'ère pré-industrielle. Entendons par là, la période qui conduisit jusqu'aux années soixante, moment où nos campagnes constatèrent un premier exode de la main d'oeuvre vers les villes, ainsi que les débuts de la mécanisation de l'agriculture et de la viticulture. A ce moment-là, des parcelles parfois escarpées furent abandonnées, laissées en friche ou plantées d'essences diverses et variées. Dans certains secteurs, le vignoble "remonta" sur le plateau. Ainsi, le travail en fut facilité et les mémoires devinrent courtes!... Oubliées, les parcelles sensées faire tout l'or de l'Anjou et du Layon!...
Ces vignerons octogénaires, tenants de la mémoire locale, disparaissent malheureusement un à un. Et si certains acteurs de la nouvelle génération, comme Richard Leroy, ne s'attachent pas à les écouter, à graver dans leur mémoire cette connaissance et à rappeler, à qui veut bien l'entendre, où se situe l'or de la région, il sera bientôt trop tard pour évoquer la grandeur de certains terroirs.
Bien sur, il ne s'agit pas là de se substituer à l'INRA et encore moins à l'INAO!... Mais, l'on se souvient qu'une première tentative de classement en Premier Cru de la zone dite de Chaume, interpella au point de faire naître l'espoir d'une réelle mise en valeur de terroirs bien définis, dans une zone d'appellation vaste et à l'identité peu lisible et peu définissable. On laissait par là même, la porte ouverte à l'apparition de Grands Crus mais, las, une préparation sans doute insuffisante et des intérêts locaux divergents, brisèrent très rapidement cette évolution primordiale pour l'avenir de la région.
On peut penser malgré tout, que la réforme est en marche!... Surtout lorsqu'on connaît la volonté de certains acteurs, ainsi que les raisons qui ont motivé les pourfendeurs, les tenants d'un conservatisme quelque peu malsain, basé sur l'intérêt personnel, balayant d'un revers, l'éventuel bien de la collectivté!... Mais, n'en doutons pas, la route sera longue... et la négociation sans doute âpre!...
A titre d'exemple donc, une première approche concernant la zone de Chaume et Quarts-de-Chaume. Et donc, une première lecture d'une carte du sol et du sous-sol, qui n'en est pas la version la plus récente, mais qui permet de rendre l'approche terrain plus attentive. D'ici à en tirer des conclusions définitives, c'est une autre affaire, mais, lorsqu'il vous est permis de faire une visite sur place avec quelqu'un qui est à même de faire ressortir les points essentiels, tout devient plus... lisible!
Au nord de la carte, l'accès à toute cette zone, à proximité du point nommé Bellevue et où se situe le pylône que vous ne pouvez manquer si vous séjournez dans la région!... Dans la moitié sud, l'AOC Quarts-de-Chaume, essentiellement les parties roses (il est aisé de situé Suronde, Bellerive...), ainsi que les zones vert foncé, jaunes ou rouges. Tout le reste, c'est l'AOC Chaume. En bleu foncé, les colluvions limoneuses du Layon, où l'eau stagne ou s'écoule, donc moins favorables, si ce n'est à satisfaire des rendements... hors normes!...
Plus qu'un long discours, une légende permettra aux plus avertis une meilleure interprétation :
Enfin, une petite série de photos récentes, illustrera certains points observés.
D'une manière plus large et pour l'ensemble des secteurs observés, il va de soi qu'il serait illusoire de croire en une concordance absolue entre les grands terroirs déclarés, l'identité des supposés meilleurs sols et sous-sols (on ne trouve pas nécessairement des spilites et des phtanites noires si souvent citées!) et ce qu'on observe dans les vignes. De plus, on sait que l'action et la main de l'homme sont primordiales. Cependant, une observation attentive, assistée par une cartographie de qualité, permet de comprendre parfois les choix des vignerons (à défaut de les guider!...), tout en sachant que la conduite de la vigne, pendant toute la durée du cycle annuel, aura des conséquences essentielles. Ensuite, la dégustation fera le reste, pour peu que chacun reste ouvert à ce qu'elle enseigne, inévitablement...
Écoutons les informations qui viennent du vignoble, glissons-nous parfois entre les rangs de vigne, apprenons à lire les cartes et dégustons tous ensemble!... Beau programme pour se rencontrer et partager!...