Décuvage au Domaine Aloha, Brem sur Mer
Je ne sais si Samuel Mégnan pense parfois, au cours de ces semaines de vendanges, aux heures douces et bleues passées sur sa planche de surf, à attendre la vague, mais, après des fins de journées comme celle-là, il n'est pas impossible que franchir la barre lui soit doux, la prochaine fois!...
Lundi, un message dans ma boîte de réception : "Aloha Philippe. Décuvage demain en fin d'après-midi, appelle-moi vers 15h pour confirmation et horaire plus précis."
Juste le temps de bondir sur mon numérique, en sortant du bureau!... Brem sur Mer est à moins de trente minutes. Pas pris le temps de changer de tenue... Dommage!... Samuel est seul pour décuver le gamay en macération carbonique depuis huit jours et je ne lui serai pas d'une grande aide... Partie de bras de fer pour deux pressurages qui vont l'amener jusqu'au milieu de la nuit!...
La vendange du dimanche 17 septembre, le gamay, était donc destinée à cette macération carbonique. Comme prévu, les grappes entières sont hissées par le convoyeur jusque dans la cuve. Le principe d'une carbonique réussie, c'est qu'il faut que chaque grain soit entouré de gaz. Pour s'en assurer, un tuyau souple permet d'injecter celui-ci dans le fond de la cuve, avant même l'arrivée des grappes, puis il est remonté petit à petit jusqu'en haut. Lors du décuvage, en écrasant les raisins entre les doigts, la pulpe doit être colorée et sur l'extrémité de la langue, un léger picotement doit être perceptible.
Les critères rassurants sont au rendez-vous!... Le pressurage est donc possible et la vendange va donc suivre le chemin inverse, toujours par le convoyeur. Il faut donc extraire le contenu de la cuve à la fourche, après avoir écoulé le jus d'écrasement, qui rejoint les presses de l'autre jour dans une petite cuve, sans connaître vraiment sa destination finale.
Et, c'est là que tout se complique pour Samuel!... Il lui faudra plus d'une heure trente pour extraire la quantité voulue de raisins pour la première pressée!... Ouf!...
Ne pouvant déplacer le pressoir, il doit y répartir la vendange, tout en surveillant le remplissage... Et ces raisins qui ne tombent pas!... Il faut utiliser les grands moyens, en s'attaquant à la cuve par la face nord!...
Il est presque 18h, lorsque la première pressée démarre!.. Toujours en douceur. Dans la maie, le jus s'écoule, nous allons pouvoir y goûter et nous faire une première impression : c'est l'acte de naissance du gamay de Version rouge 2006!... A noter que cette fois, il n'est pas nécessaire de sulfiter, puisque la fermentation alcoolique a commencé. Cela n'interviendra qu'à l'issue de la fermentation malolactique, dans quatre à cinq semaines, lors du premier soutirage.
Pour le spectateur de ces moments-là, il est aisé de comprendre alors le plaisir du vigneron, gardant le souvenir de telles heures, lorsqu'il reçoit une récompense pour telle ou telle cuvée, ou qu'il découvre une citation dans la presse. Et c'est aussi l'occasion de prendre la pleine mesure de la passion!...
Comme vous pourrez le constater, sur l'une des dernières photos de ce petit reportage, non content d'être vigneron et surfeur, Samuel Mégnan s'est aussi découvert un talent de "créateur de tee-shirts"!... Celui qu'il porte là et qui devrait faire fureur l'été prochain, sur la plage des Sables, à l'heure de la mise à l'eau, planche sous le bras, se nomme "OoA - Out of Aloha"!... ;-)
Alors, Version rouge ou Version blanc (de très beaux chenins!...), en tout cas, merci Samuel!... Et bravo encore!...