Le vin a-t-il un sexe?...
Le séjour de vacances à la montagne débute par un rideau de pluie!... Inutile d'aborder les sentiers, préservons nos forces pour les belles journées à venir...
Une revue ouverte sur la table basse... voyons... Elle à table!... Je lis Elle et j'aime ça!...
Un oeil au sommaire... "60 recettes simplissimes"... pardi... "Crumbles, pies and clafoutis"... slurp!... "Le vin a-t-il un sexe? La réponse des femmes"... tiens, tiens!...
Michel Creignou signe cet article de la rubrique "Côté cave". Pour cela, il prend la route de la Bourgogne et de Bordeaux pour poser la question à quatre éminentes vinificatrices (vigneronnes?...) : Nadine Gublin, pour les maisons Jacques Prieur et Antonin Rodet et Laurence Jobard (Douhin) pour la Côte de Nuits d'une part et Sandrine Garbay (Yquem, eh oui!...) et Bérénice Lurton (Climens) d'autre part.
Retour au passage, comme il se doit, sur le langage fleuri utilisé parfois dans les comptes-rendus de dégustation. Utilisé... naguère, dans une littérature prompte à mettre l'accent sur l'approche fantasmatique des plaisirs du vin et de l'ivresse. Car, depuis, les amateurs de dégustation ont trouvé un langage et des codes dont ils ne sortent plus guère. A peine entend-on (et encore très rarement!), un convive dire d'un vin qu'il a de la cuisse!... Et chacun de se demander alors ce qu'il entend par là!... Est-ce une expression qui souligne la rondeur, la chair du cru qu'il déguste?... Certains pourraient regretter de lire tant de comptes-rendus quelque peu formatés de nos jours. Ou alors, faudrait-il les adapter à notre monde actuel.
Un jour, peut-être, lirons-nous qu'un vin blanc sec très vif, qui picote sur la pointe de la langue, a du percing!... Allez savoir!...
Autre approche dans cet article et par l'exemple : les vins dits féminins et ceux que l'on qualifie de masculins. Ainsi, en Bourgogne, Chambolle-Musigny donne, selon certains et quel que soit le millésime, des vins fins, élégants, brefs féminins. Mieux encore, selon le journaliste, "Musigny allie harmonie, profondeur, suavité et délicatesse. Ce n'est jamais un monstre, il garde toujours une apparence fluide et fragile avec dans son âme, une intense volupté. Pour autant, ce n'est pas de la dentelle mais plutôt une soie bien tramée. Il présente le côté féminin d'une femme élégante et raffinée. Avec le temps, il évolue tranquillement dans l'harmonie et la constance sans jamais perdre son côté aristocratique." Fermez le ban!...
"Le Chambertin, quant à lui, est plus ardent. Les tannins sont plus fermes, plus carrés. Il se présente comme un guerrier avec un caractère sauvage." C'est Nadine Gublin qui voit ainsi ces quelques Grands Crus. Ainsi, "le Clos Vougeot a du volume, de la détermination, de l'ardeur et des tannins costauds qui le font pencher du côté masculin. C'est un mec!..."
D'accord, pas d'accord?...
A Sauternes, C'est plutôt Yquem qui se pare d'un "charisme rayonnant à la puissance phénoménale qui ne refuse jamais l'élégance. Il raconte la douceur avec virilité, dessinant un corps musculeux et parfaitement dessiné." Quant à Climens, pour Bérénice Lurton, c'est la Callas!... "Sa personnalité conjugue l'élégance, la finesse et un raffinement qui n'est jamais mièvre. Il refuse l'exubérance pour révéler une puissance contenue, une grâce, une pureté et une vraie modernité. Une danseuse de rêve!..."
Joli sujet, verres en mains!... La question reste posée : les amateurs au féminin feraient-elles de bonnes copines de ces cuvées dites féminines, telles les dentelles bourguignonnes?... A moins qu'elles ne cèdent à l'apparente virilité déclarée de ces vins masculins, tel un Cornas rhodanien?...
Et vous messieurs, un Irouléguy gaillard, fan de chichoune, serait-il un bon compagnon de troisième mi-temps?... Ou alors, céderiez-vous volontiers aux charmes et aux parfums d'une délicate expression de Chambolle?...