Vinexpo, best regards!...
Quelques jours à Bordeaux, en juin!... En arrivant par l'autoroute, le grand portique indicateur, sous lequel passe le flot des véhicules, avait une expression prémonitoire : Vinexpo, du 17 au 21 juin, risque de bouchons!... Nous voilà rassurés, en fait!...
La biennale planétaire du vin vient de fermer ses portes. Prenons le temps de jeter quelques regards, afin de se faire quelques souvenirs. Quelques images aussi, pour faire part de son gigantisme, de son ambiance foire commerciale, par certains aspects, sans oublier que ce grand rendez-vous génère aussi des rencontres, des dégustations fleuves et quelques "offs" qui méritent le détour, s'il vous reste un peu de temps!...
D'abord, l'approche pratique du salon : en premier lieu, la circulation automobile. La rocade bordelaise est souvent encombrée, inutile de vous prendre la tête! Keep quiet! Les parkings sont à l'image du hall de près d'un kilomètre : immenses! Pour s'y glisser, laissez-vous guider. Le flux des véhicules peut paraître curieux à certaines heures, mais, ça fonctionne!...
Autre point à ne pas négliger : être bien chaussé!... Non seulement, vous êtes fatalement garé, au moins, à trois cents mètres des accès, mais ensuite, l'immense hall se compose de quatre ou cinq allées parallèles, auxquelles il faut adjoindre les transitions vers les halls 2 et 3, à chaque extrémité, composés eux aussi de plusieurs allées!... C'est simple : si vous êtes au coeur du hall 2 et que l'on vous attends au 3, vous en avez pour dix à quinze minutes!... Et encore, pas au moment de grande affluence!... Autre solution, l'allée tendue de moquette rouge, parallèle au bâtiment à l'extérieur, mais, certains jours, sous le soleil, vous êtes quitte pour une bonne suée!...
A partir de là, mieux vaut avoir préparé son affaire!... Vous pouvez vous laisser haper par tel ou tel stand ou pavillon, mais, dans bien des cas, sans rendez-vous, la dégustation se limitera à un rapide survol. Bien sur, si votre badge porte un nom évocateur (plutôt bien connu ou teinté d'un rien de mystère), ou que vous êtes porteur d'un attaché-case de bonne facture, ce sera plus facile. Ceci dit, dans bien des cas, et surtout certains jours (les plus calmes), vos interlocuteurs sont souvent prêts à vous permettre quelques jolies découvertes.
Ainsi, en ce lundi matin, j'avais rendez-vous avec Silvana Lilli, de l'Enoteca Italiana de Sienne, essentiellement pour récupérer quelques livres consacrés aux vins italiens. Après quelques minutes d'entretien, elle me fait la suggestion de déguster quelques vins de Toscane. Difficile de refuser!... Avec le couple qui m'accueille gentiment, nous partons sur l'idée d'une comparaison entre des partisans d'un style "classique", face à quelques tenants de méthodes dites "modernes". Un débat très présent en Italie!... La Signora Lilli m'avait prévenu : vous allez voir là quelques très belles bouteilles made in Toscana!... Dont acte! (C) pour classique et (M) pour moderne, vous l'auriez deviné.
- Azienda Agricola La Sola, Chianti Classico 2003 (C) :
100% sangiovese, élevage en foudres. Rubis intense. Joli nez finement boisé, pur, sans déviance aromatique. Beaucoup d'intensité. Les tannins sont fermes, mais le vin ne s'exprime pas du tout par une sorte de chaleur envahissante. Très belle longueur. Beau vin!
- Villa Branca, Chianti Classico Riserva 2003 (M) :
Sangiovese et 10% de merlot. Rubis sombre. Nez s'ouvrant lentement sur les fruits mûrs. Une bouche forte et dense. L'acidité assez soutenue marque la fin de bouche, comme pour apporter une pointe de fraîcheur fruitée à l'ensemble. L'influence du merlot?...
- Castellare di Castellini, I Sodi di San Niccolo, Toscane IGT 2002 (C) :
IGT pour Indicazione Geografica Tipica. 85% sangiovese et 15% malvasia nera. Rubis sombre, légers reflets bruns. Le nez se montre assez complexe, avec une dominante sur les fruits à noyau. L'aération doit révéler une gamme d'arômes intéressante... Belle puissance tannique en bouche, sur une matière solide et ferme. Une belle expression classique, avec une longueur cohérante. Un appel à l'osso bucco!...
- I Balzani, White Label 2002, Colli Della Toscana Centrale IGT 2002 (M) :
60% sangiovese et 40% cabernet-sauvignon. De très beaux arômes de baies noires mûres, nuancé, tout en finesse. S'exprime un peu sur la réserve, mais la bouche est d'un beau volume, dense et mûre. Tannins soyeux. Plutôt ténébreux et séducteur... mesdames!...
- Villa di Capezzana, Carmignano DOCG 2004 (C) :
80% sangiovese, 10% canaiolo nero, 10% cabernet. Rouge profond. Un nez sur les cerises à l'eau de vie. Puis, une expression sur un boisé un peu poussiéreux et l'humus. Assez belle longueur, mais la bouche est plutôt dominée par l'alcool et un côté un peu éthéré. Un mix de clacissime et d'austérité. Il faut sans doute lui donner du temps...
- Piaggia, Carmignano DOCG, Riserva 2002 (M) :
60% sangiovese, 20% cabenrnet sauvignon, 20% merlot. Robe superbe, rouge très profond, violacée, presque noire. Un très beau nez de fruits mûrs. Un élevage en barriques neuves de quatorze mois, mais une attaque dense, droite et ferme. Tannins remarquables, soyeux. Belle expression équilibrée. La balance tannins/acidité confère au vin une grande structure moderne. Une rétro de fruits intense, pour une très belle réussite, dans un millésime assez difficile. Un rival pour bien des grands vins de la planète!...
- Sedime di Capitoni, Orcia DOC 2003 (M) :
80% sangiovese, 20% merlot. Rouge rubis. Nez intense de fruits rouges. Une note de truffe! La bouche offre une expression empyreumatique assez élégante, sur le cacao, puis des notes torréfiées. Du volume, assez onctueux et une fin de bouche sur la fraîcheur. Très séducteur, mais un vin qui s'ouvre joliment!
- Le Fornacelle, Guarda Boschi, Bolgheri DOC 2004 (M) :
60% merlot, 30% cabernet franc, 10% cabernet sauvignon. Rubis sombre. Nez sur un boisé assez fin et les baies noires. La bouche est droite et ferme. Le vin a quelque chose de... médocain, ce qui semble normale au vu de sa composition. Belle longueur, qui s'exprime sur les fruits rouges mûrs.
- Santacroce di Castell'In Villa, Toscane IGT 1997 (M) :
50% sangiovese, 50% cabernet sauvignon. Rubis profond. Fruits rouges mûrs au nez, mais la bouche exprime des saveurs et arômes de fruits à noyau. Les tannins sont fermes et finissent un peu secs. Pourtant, le vin est d'un beau volume et d'une certaine densité. Une évolution peut-être un peu rapide pour ce vin, exemple même de "super-toscan" des années 2000!...
C'était là, à proprement parler, le type même de dégustation impromptue, qui vous sort de votre quotidien. Je salue et remercie Christiano Cini, sommelier du restaurant La Tagliatella, à Arezzo et, un rien rêveur, je reprends ma déambulation salonesque, en pensant à de futures vacances en Toscane...
Il n'est pas rare que les allées du salon vous réservent quelques rencontres surprises. Ainsi, j'en suis toujours à ces vins toscans et me voilà face à Philippe Salasc, du Domaine Grès Saint Paul, à Lunel!... Une courte conversation, il est attendu au hall 3, pour ma part, je vais sur le 2!... Rendez-vous est pris pour plus tard. A peine quelques minutes et je retrouve Philippe Delesvaux, avec qui je déguste quelques Sauternes 2005... (soupir!)... Heureusement, tout se termina par un Grains Nobles de St Aubin de Luigné!...
Passage sur le pavillon des Coteaux du Languedoc donc, pour revoir avec plaisir certaines cuvées de Grès Saint Paul : Romanis, Antonin, Côté Sud, Syrhus... autant de vins que l'on devrait tous avoir en cave!... Découverte au passage avec la cuvée produite en collaboration avec Gérard Depardieu soi-même!... Toujours en cours d'élevage, mais un beau potentiel!... Et ce n'est pas une fable!...
L'heure tourne!... Je repousse à chaque instant mon départ pour l'un des "offs" de la semaine, au Château de Cujac, à Saint Aubin de Médoc... Mais, ceci est une autre histoire!... A suivre!...
Oups!... J'hallucine!... Mais, elles marchent sur l'eau, les jolies bordelaises!...