Château Sociando-Mallet 1990
Voici un vin que l'on est tenté de réserver pour les grandes occasions, les grandes tables. Et puis, après deux belles journées du côté d'Angers, suivies d'une autre de travail, laborieuse, peu gratifiante et ce froid qu'on endure, on se dit : "Tiens, un petit plat mijoté et une belle bouteille!..."
Il se trouve, de plus, que Madame PhR se plaint quelque peu d'avoir du se contenter exclusivement d'eau lors du week-end et qu'avec ces paupiettes de veau aux champignons de Paris et purée de patates douces, elle revendique autre chose que mes souvenirs de dégustations angevines!...
Qu'à cela ne tienne, je désescalade l'escalier, pénètre dans la cave et me retrouve scotché, l'espace d'un instant, devant les casiers à bouteilles. Mais, que sont-ce ces flacons couverts de poussière (non! pas de neige!...), alignés en deuxième rideau?... Un Bordeaux?... Que dis-je, un cru bourgeois du Haut-Médoc?... Non!... Allez!... Un vétéran, qui va sur ses vingt ans, ou presque!... Château Sociando-Mallet 1990, soi-même!... L'une des stars du millésime. On va voir ce qu'on va voir!...
Je pose la bouteille sur la table et mon choix semble instantanément approuvé, notamment par Créole, boule de poils noire aux yeux verts, qui prend position!...
Le vin est d'un très beau rouge profond. Le bord du disque est à peine nuancé d'un brun sombre. On devine à quel point la robe fut noire, naguère!... Dès le premier nez, on distingue les arômes tertiaires du bouquet : des notes animales, viandées, à peine une touche de baies noires écrasées. Le premier abord est plutôt intense et laisse une sensation de puissance potentielle. Surprise : l'attaque se révèle fraîche, malgré le temps!... Les tannins sont polis par les années et le vin remplit la bouche. Ce qui étonne le plus, c'est la "trame acide" de la structure, qui semble là pour répondre aux tannins des premières années, comme si son ampleur devait être à la hauteur de la mâche originelle du jus.
Cette cuvée est surtout citée, dans bien des cas, pour son potentiel de garde (2030, voire plus, dit-on...). Si les conditions de conservation restent déterminantes, il semble que l'équilibre du vin, avec son exubérance fasse toute sa force. Et les amateurs de grands Bordeaux évolués pourront sans doute, au fil des ans, s'extasier devant un tel flacon. Mais, restons lucides et n'hésitez pas à en surveiller l'évolution... s'il vous en reste!...
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