Joe Dressner tire sa révérence.
Nous étions nombreux à apprécier son blog et qui plus est, le second qu'il avait publié, Captain Tumor Man, qui nous donnait notamment, l'ampleur de son combat pour la vie. Une épreuve. Et cette sorte de froide dérision, voire d'auto-dérision, qui sont souvent, comme chacun sait, une réponse au désarroi qui nous envahit certains jours.
Crédit : Wine Tasting
Je ne connaissais pas Joe Dressner outre mesure, mais je sais l'admiration que nombre de vignerons avaient pour lui. Importateur américain, il était surtout un passionné de vins et de dégustation, avant toute chose. Pragmatique, il se devait de l'être dans ses affaires, mais cela ne pouvait se faire sans une pratique de l'humour au quotidien et surtout fort d'une sincérité et d'une fidélité en amitié indéfectible.
Certes, il ne se passionnait pas que pour les vins français (il avait aussi quelques amis en Italie et au Portugal, notamment), mais ses séjours réguliers en France, en compagnie de son épouse Denyse, dans leur maison du Macônnais, lui permettaient de sillonner nos vignobles et en particulier, ceux de la Loire Valley!... Là, il avait fait quelques découvertes remarquables et semblait s'étonner encore, de ce que pouvait proposer les vignerons, sur les berges du long fleuve tranquille. Il avait aussi apprécié toute la passion de ceux qui avaient adopté des modes de cultures plus naturelles et authentiques, privilégiant l'expression de leur terroir, mais ne manquait pas de préciser : "Je ne veux pas être l'importateur américain de quelconques chapelles!..."
Ces dernières années, je l'avais rencontré à deux reprises. La première, à l'occasion de Haut les Vins! 2009, au Château de Cujac, pour un "off" de Vinexpo où il ne comptait que des amis ou presque. Il était déjà en proie à la maladie et nous n'avions conversé que quelques minutes, au cours desquelles je n'avais pas eu le temps ou la spontanéité de lui dire à quel point j'aurais été content de me rendre à New York ou sur la Côte Est, à l'occasion des dégustations qu'il proposait, ni même le tact de le remercier pour les bons mots qu'il avait eu, quelques mois plus tôt dans son blog, à mon égard et à celui de La Pipette aux quatre vins!...
La seconde fois, c'était dans l'ambiance réfrigérante de La Dive Bouteille, à Brézé, où nous avions conversé (craignant pour sa santé dans cette froidure!) en compagnie d'Olivier Grosjean, alias Olif, entourés de quelques vignerons alpins et jurassiens notamment, où il nous confirma à cette occasion, combien il appréciait nos blogs respectifs.
Alors bien sûr, chacun savait à quel point son combat contre le cancer cachait mal une sorte de fatalité, mais ses amis, ses proches voulaient croire à une autre issue, plus heureuse, parce que Joe Dressner faisait sans doute partie de ces hommes dont on ne peut que déplorer la disparition. Et cela, bien au-delà du monde des affaires autour du vin...