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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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20 février 2013

Domaine Mélaric, Puy-Notre-Dame vaut bien un topic!...

Était-ce en 2012 ou en 2011?... Ce jour-là, dans le cadre prestigieux des Greniers St Jean, à Angers, nous découvrions les cuvées du Domaine Mélaric, si jeunes à l'époque, tant le domaine que les cuvées, mais déjà armés pour interpeller les amateurs de passage, qui souvent évoquèrent à cette occasion, les vins du domaine comme étant une des véritables révélations du salon. En 2013, quel meilleur jour que la veille de l'ouverture du week-end angevino-saumurois, pour rendre visite à Aymeric Hilaire, du côté du Puy-Notre-Dame?... Et retrouver au passage, un paysage typique du Saumurois que l'on peut apprécier également dans d'autres lieux, comme un chapelet de mamelons de craie : Puy-Notre-Dame, Brézé, Les Poyeux, Ambillou-Château... ou ici, le secteur de La Cerisaie, non loin du hameau d'Argentay. Autant d'endroits connus pour la qualité des jus issus des vignes de chenin ou de cabernet, propres à produire quelques nectars référents. Au passage, n'hésitez pas à consulter la très riche banque de données de Techniloire et sa cartographie en ligne, issue des travaux de René Morlat (cliquer sur outils techniques, puis e-terroir et suivre les indications afin de sélectionner les zones).

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Mélanie et Aymeric se sont croisés pendant leurs études, du côté de Montpellier. Au point que, quelques années plus tard, allait naître le Domaine Mélaric, contraction de leurs deux prénoms. Avant, Mélanie, diplôme en poche, renforça son expérience dans le Grand Sud, de Sauternes à la Provence et même dans l'hémisphère sud, en Australie et Afrique du Sud. De son côté, Aymeric passe par les Costières-de-Nîmes, mais rencontre très vite Bernard Baudry, à Chinon. Voilà qui ne pouvait que le conforter dans son choix de revenir dans son Saumurois d'origine. En 2005, le couple pose ses valises dans l'enceinte du Château de Beaugé, non loin du Puy-Notre-Dame, sur la commune des Verchers sur Layon, à la limite est de l'Anjou. Une nouvelle aventure commence...

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Le ciel du jour est en accord avec les teintes et la nature des constructions, pierre blanche, ardoise et nuances de gris des nuées, qui déversent une petite pluie fine très hivernale. N'allez pas croire, à la vue de certaines images que ce jeune couple mène la vie de château pour autant!... C'est en 2008, alors qu'ils étaient à la recherche d'installations, qu'ils ont la possibilité de louer les dépendances, en même temps que le matériel de ce domaine viticole, racheté au début des années 90 par des propriétaires voulant exploiter les vignes associées pendant dix ans, mais qui finirent par baisser les bras. Pas facile de se passionner pour ne faire que du blanc à bulles...

Les vignes, quant à elles, ne sont pas à proximité immédiate. Il faut prendre la petite départementale qui sépare les AOC Anjou et Saumur et gagner cette butte de craie très remarquable dans un paysage plutôt dédié aux céréales. C'est dans le petit village de maisons de pierre blanche (le tuffeau) que se trouve également la cave d'élevage, dégottée là en 2011.

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Dès 2006, Aymeric et Mélanie achètent des raisins, en vue de leurs premières vinifications, venant de Champigny et de Berrie, une localité de la Vienne proche, au sud de Montreuil-Bellay, où l'on trouve également une de ces buttes de craie (et un autre jeune installé depuis peu, Frédéric St Lô, que nous découvrirons bientôt). En 2008, ils ont la chance de pouvoir acheter les quatre hectares de vignes dont ils disposent actuellement. Il faut dire que les vignes disponibles dans le secteur sont plutôt rares, car souvent destinées à la production de bulles. Or, celles qu'on leur propose sont estimées peu... performantes par leur propriétaire, qui les cède donc sans hésitation. Ici, elles sont aussi plus abordables, nécessitant un investissement trois ou quatre fois moindre qu'en Saumur-Champigny.

Dans ce secteur dit de La Cerisaie, deux spots principaux donc. Le premier regroupe environ 1 ha 80 sur la pente de la butte. C'est de là que viennent les cuvées Billes de roche, puisque Aymeric y dispose de 1 ha 45 de blanc (chenin) et deux parcelles d'environ 20 ares de rouge (cabernet). Ces deux cépages restant les composantes essentielles de la région, avec parfois, un peu de chardonnay (toujours la bulle!). En fait, on trouve ici trois types de sol : le haut est sableux et donc moins qualitatif, puis à mi-pente, une tendance sablo-argileuse et vers le bas, un sous-sol de craie jaune (turonien supérieur), voire de craie blanche que l'on trouve à quarante centimètres de profondeur. C'est dans cette dernière zone que le domaine dispose de 2 ha 20 environ, dispersés en plusieurs petites parcelles de chenin et de plus d'un hectare de vieilles vignes (45 à 50 ans) de cabernet, le tout composant le Clos de la Cerisaie.

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Ici, les vins sont plus puissants lors des années chaudes. Une caractéristique que Mélanie et Aymeric n'ont pas tardé à identifier grâce aux vendanges par lots, ou par îlots, afin de mieux comprendre les jus, cette méthode étant un passage quasi obligé pour tout vigneron découvrant ses vignes. Au début, le couple estime que le travail du sol est insuffisant. Ils vont résoudre ce problème avec l'aide de Philippe Gourdon, qui ne manque pas de les conseiller et de leur apporter une aide essentielle, en leur prêtant du matériel pendant deux ans. Depuis, pour faire face à ces différentes problématiques, quelques rapprochements se sont concrétisés. Ils permettent parfois l'achat en commun de matériel, comme avec Jacky Ripoche (Domaine des Noades), mais aussi de comparer les expériences et d'alimenter les réflexions en cours dans le vignoble, avec Xavier Courant (Domaine de l'Oubliée) notamment, autant de jeunes talents ligériens de la toute dernière nouvelle vague. On peut également citer Isabelle Suire, toujours à Berrie, dans ce vignoble du Loudunais, où Billes de roche blanc 2007 fut vinifié.

L'avenir de Mélaric, le jeune couple de vignerons de Beaugé commence à mieux le cerner. Après les premières années au cours desquelles une analyse objective est indispensable (c'est aussi cela que permet une expérience tous terrains, au terme de la formation initiale), quelques nouvelles orientations sont prises. Tout d'abord, 40 ares plantés en 2012 (cabernet et grolleau, ce dernier plutôt rare en Saumurois) et 60 autres dès 2014, toujours dans le même hameau. Désormais aussi, une maison est en cours de rénovation à Doué la Fontaine, devant permettre de prévoir un déménagement en septembre 2013. Deux hangars à équiper en chai sont également prévus à cet endroit. Enfin, dès 2013 également, la reprise d'une parcelle de Philippe Gourdon, Les Fontenelles, sur les argiles à silex du plateau de Brossay, non loin du Château de Fosse Sèche, sera effective. 1 ha 80 partagés en deux, dont la moitié plantée de chenin sera reprise par le Clau de Nell, géré au quotidien par Sylvain Potin (un autre bon copain du couple), avec ses caractéristiques foncièrement différentes, puisqu'il s'agit là d'un terroir jurassique, avec calcaire dur et silex, apte à proposer des vins plus incisifs. De nouvelles options qui, à terme, vont aussi permettre à Mélanie de ré-investir pleinement le domaine, dans lequel elle est associée depuis le départ, mais dont l'équilibre économique des premiers bilans imposait qu'elle se tourna tout d'abord vers une activité de journaliste pour une revue professionnelle spécialisée, puis vers l'enseignement, depuis qu'elle dispense quelques cours au lycée agricole de Montreuil-Bellay.

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Les vins du domaine laissent une impression d'élégance, mais aussi d'originalité. Dès le début, Mélaric a trouvé son style. Ce n'est sans doute pas du au hasard. Un des objectifs principaux pour les rouges reste la finesse des tannins. Les élevages sont pratiqués dans une majorité de contenants de 400 litres, assez âgés pour la plupart.

Mise en bouche avec un joli rosé pétillant, Globules roses, issu d'un achat de raisins bio. Une production qui se veut désormais régulière et d'un volume de 20 hl par an environ.

A suivre, Billes de roche blanc 2011, pris sur cuve. La mise est prévue pour ce mois de février. Ce vin vient des chenins de la plus grande parcelle. Billes de roche blanc 2010, après un an de bouteille, est plus en place, mais les deux proposent un équilibre intéressant. Le Clos de la Cerisaie blanc 2010, un peu sur le coup de la mise datant de la fin novembre 2012, mais qui révèle un autre caractère, puisque pour la première fois au domaine, le vin n'a pas fait sa malo. Belle dynamique et une pureté d'expression très séduisante. Depuis ce millésime, les tries se font avant l'apparition de botrytis. On goûte ensuite un Bille de roche blanc 2007, bien en place et tonique, venant de raisins de Berrie.

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La durée d'élevage des rouges est d'environ deux ans, sans le moindre soutirage. Aucune filtration n'est pratiquée. Seul apport, un peu de SO2 lors de la mise. Billes de roches est issu de petites parcelles situées dans la plus grande, à mi-pente. Les presses des vieilles vignes y sont adjointes, à hauteur de 30% du volume total. Le millésime 2010, mis en bouteille en novembre dernier, montre un très bel équilibre, spontané et droit. Le potentiel est une évidence.

Le Clos de la Cerisaie rouge 2010 laisse l'impression de se situer un ton au-dessus, mais c'est surtout son caractère "sur la craie" qui séduit. On est là, sans doute, sur ce qu'on peut définir comme une expression minérale. La version 2009, plus solaire, ne manque pas de tension. La finale se situe également sur la craie, avec une pointe délicatement saline, ce qui en fait un vin de caractère, doté d'un potentiel de garde devant réjouir les amateurs du genre.

Chacun l'aura compris, Mélaric n'a pas fini de surprendre. Après avoir positivement étonné dès les premiers millésimes, les vins du domaine ont placé la barre de la qualité assez haut, pour tous ceux qui voudraient suivre ce chemin, avec précision et fidélité à des idées qui impliquent exigence et rigueur. Le tout, avec une indiscutable marge de progression, pouvant contribuer à tirer Saumur et Puy-Notre-Dame vers l'élite des vins de Loire. Désormais, nous le savons, il n'y a pas d'appellation mineure au bord du long fleuve tranquille. 

 

Vertivinies

A noter que vous pourrez retrouver le Domaine Mélaric à Vertou, commune voisine de Nantes, les 6 et 7 avril prochains, au Château de la Frémoire, à l'occasion des Vertivinies, un tout nouveau salon proposé par Vertivin, cercle d'amateurs cher à Jocelyn Gombault, qui a la bonne idée de réunir quelques nouveaux talents de la Loire, dont Mélaric, mais aussi Les Roches Sèches, Clément Baraut ou Helda Rabaut, pour ne citer que ceux-là. A cette occasion, je devrais être présent (le samedi 6) avec quelques exemplaires de Tronches de vin, le guide des vins qu'ont d'la gueule, aux côtés de ces jeunes talents ligériens, comme ce devrait être le cas également le dimanche 7, au Karting, avec les Tronches d'Anges Vins. Qu'on se le dise!...

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