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La Pipette aux quatre vins
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16 juillet 2013

Domaine Jean David, à Séguret (84)

Bleu le ciel de Provence!... Blancs les goélands!... Dès le début de notre séjour en Drôme provençale et Vaucluse, il convenait de prévoir un couvre-chef, afin de se protéger des effets du soleil. Je vous rassure donc, pas d'oiseaux blancs entre l'Ouvèze et les Dentelles de Montmirail, mais pour ce qui est du ciel limpide et clair, limite métallique, pas de problème!...

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Jean David est sur nos tablettes depuis longtemps (et sur celles de bien des amateurs), surtout depuis ce jour où nous avions croisé ce jovial vigneron du côté d'Angers et de Renaissance des Appellations. Avec son bonnet à pompon souvent rouge sur la tête à longueur de jour, dès que la température extérieure ou le mistral rhodanien le réclament, on ne sait s'il calque son image sur ses étiquettes ou si ces dernières ne sont pas une représentation de son profil au quotidien.

022Dans le numéro 105 de la revue Le Rouge et le Blanc, à l'été 2012, nous pouvions découvrir la mutation en cours, tant à Séguret qu'à Sablet, deux villages remarquables, lorsqu'on traverse le Plan de Dieu. En Rhône sud, il y a Cairanne et Rasteau, propulsées par les médias et quelques leaders vignerons, mais pas seulement. Encore convient-il de rester prudent en parlant de mutation, puisque des vignerons tels Jean David ou Christian Voeux (Président du Syndicat des Vignerons de Séguret) n'en sont pas à leurs premiers coups de sécateur. Il y a bien longtemps que leurs familles respectives ont leur racines ici, sous la falaise calcaire et au pied des ruines du château médiéval. Ils forment aujourd'hui un duo complémentaire, en dépit de leur personnalité propre, que la nouvelle génération de vignerons du cru cite volontiers, sans pratiquement jamais les dissocier.

Comme bien d'autres entités viti-vinicoles de la région, le Domaine Jean David a surtout été un fournisseur zélé du grand négoce régional, surtout à l'heure de la mécanisation du vignoble, lors de cette fameuse période que l'on a coutume d'appeler "Les Trente Glorieuses". C'était souvent l'affaire de la précédente génération, mais celle qui préside actuellement aux destinées de la production de vin dans la région, n'a pas encore basculé toute entière, loin s'en faut, dans la logique issue du "Printemps Français" de 1968. De nos jours, en rencontrant les vignerons du cru, surtout les plus jeunes, on mesure la difficulté qu'il y a à s'extraire de ce système et à voler de ses propres ailes, sans prendre une... volée de bois vert!... Mais désormais, la courbe s'inverse doucement, sous l'impulsion de ceux qui aspirent à travailler sur les plus beaux terroirs, en altitude notamment, même si des vignerons comme Jean David justement, ont démontré qu'en plaine, sur un terroir "vainé", avec les cépages adaptés, il était possible d'obtenir des vins de qualité, à la fois francs et dynamiques. Des vins qui en inspirent d'autres désormais, ceux cités dans le R&B, mais peut-être d'autres encore, comme Philippe, qui nous accueille aujourd'hui, pendant que le vigneron bio-référent de Séguret, s'accorde une semaine de vacances bien méritée, après un printemps instable, du point de vue météo. Salarié du domaine, il reprend lui aussi quelques parcelles depuis l'an dernier.

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La maison de Jean David est située sur le coteau, un peu à l'écart du village,  dans le quartier dit Le Jas, ainsi que le sympathique caveau. La cave elle-même est dans la plaine, où se trouve l'essentiel des quinze ou seize hectares en production au domaine, sur les terrasses alluviales de l'Ouvèze. Il suffit de traverser la route pour découvrir l'hectare de vignes sur le coteau. Pour rappel, si les vignes en plaine sont largement les plus nombreuses dans le secteur, il en existe un peu sur ce coteau exposé ouest, mais aussi plus haut, dans une partie qu'on appelle communément la montagne. Les grenache que l'on découvre sur le haut de la parcelle bien enchâssée dans la végétation, n'ont pas moins de soixante-dix ans. Ils sont la base de la cuvée Les Couchants, orientation oblige. Il y a bien quelques manquants, mais la vigne se porte bien, malgré les difficultés de l'année : plus de pluie que d'habitude jusqu'à début juin, beaucoup d'herbe dans les vignes jusqu'à ces derniers jours. Des vignes qui ont jusqu'à trois semaines de retard et qui ont littéralement stagné pendant un mois!... Phénomène plutôt rare!...

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Le bas de la parcelle est un nouveau plantier de syrah de 2012, non palissée sur échalats, en gobelet comme toutes les plantations du domaine depuis 1998. Auparavant, on trouvait là une vigne complantée, comme souvent, avec une dominante de counoise, toujours présente cependant dans les autres parcelles, avec également syrah, carignan, cinsault, mourvèdre et l'omniprésent et incontournable grenache, leader rhodanien s'il en est.

Pour ce qui est des blancs, roussanne et bourboulenc sont les seuls cépages présents. Ils s'opposent souvent pour ce qui est de la date des vendanges (1er jour pour le premier cité et dernier pour le second!), mais sont à même de s'entendre pour composer une jolie cuvée de Côtes-du-Rhône blanc 2012 (50/50), le bourboulenc de 30 à 35 ans, issu d'une parcelle argilo-calcaire et la roussanne sur davantage de galets roulés, dans la plaine de Séguret, près de la cave. Un autre blanc, une pure roussanne 2012 en provenance d'une parcelle de trois hectares (ou counoise, mourvèdre et grenache sont également présents), sur la route de Vaison la Romaine, se présente dans un autre style, propre à ce secteur en bas de coteau exposé ouest, avec moins de cailloux et plus sableux. Ce sont tous deux exclusivement des blancs de cuve.

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Le Rosé de Janot 2011 est un assemblage de rosés de presse et de saignée, issu de syrah (40%), de tempranille (40%) et de grenache (20%). Option plaisir indiscutablement et propension quasi certaine à se tenir un peu dans le temps. Pour ce qui est des Côtes-du-Rhône et Séguret rouges, les six cépages sont à chaque fois présents, dans des proportions voisines, avec une large dominante de grenache. Il faut savoir que les vinifications se déroulent à chaque fois sur un même mode, à savoir que 50 à 80% de grenache sont associés à du carignan et de la syrah dans les mêmes cuves. Ensuite, les trois autres cépages viennent compléter le cocktail, qui se veut rhodanien et respectueux des exigences des AOC.

Deux autres cuvées, à caractère parcellaire, contribuent depuis quelques années à renforcer la réputation du domaine. Deux Séguret, dont Les Couchants 2011, issu de la parcelle visitée proche du caveau, avec 75% de grenache, 13% de vieilles vignes de cinsault, 8% de syrah et 4% de vieilles counoise. Enfin, Le Beau Nez (rouge comme le pompon) 2011 compte moins de grenache (60% quand même!), mais plus de carignan vieilles vignes (30%), contribuant à un équilibre plus impertinent, avec de plus 10% de counoise et un soupçon de syrah et de cinsault. Bien sur, ces pourcentages sont fonction des millésimes et de la possibilité de composer toutes les cuvées. La part de mourvèdre notamment, augmentant quand cela est possible (ce cépage est capricieux) dans Beau Nez, ou encore dans la cuvée Les Levants dans le millésime 2010.

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A noter que pour les blancs et le rosé, qui ne subissent pas la fermentation malolactique, les mises interviennent dès le printemps suivant les vendanges. Les rouges, quant à eux, étant embouteillées à la mi-juillet.

Nous sommes donc là, avec Jean David, en présence d'un référent de Séguret, qui en est à sa 32è vendange, dun domaine passé en agriculture biologique dès qu'il prit la succession de son père. Quelqu'un qui a su se mettre à l'écoute de ses terroirs, dans toute leur variété : sols profonds parfois, sablo-calcaires, voire très calcaires, comme il se doit, au pied du massif des Dentelles de Montmirail. Fort heureusement, il a largement contribué à déclencher quelques envies, notamment chez de jeunes vignerons (et parfois moins jeunes) rêvant de marcher dans ses traces, tout en faisant valoir leur personnalité et leur propre lecture de toutes les composantes du terroir. Ce dernier est multiple et varié. Si un seul petit sentier mène aux ruines du château à travers la végétation, le paysage qu'il est permis d'y embrasser, en même temps que les senteurs de thym ou de menthe poivrée, suffit à lui-seul pour mieux comprendre toute la diversité du paysage. Séguret est pluriel!... Ne manquez pas la Fête d'Hue Vin, le dernier samedi d'août, pour tenter d'en faire le constat.

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