750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Pipette aux quatre vins
La Pipette aux quatre vins
Publicité
Newsletter
Pages
Derniers commentaires
Archives
La Pipette aux quatre vins
Visiteurs
Depuis la création 1 096 856
5 avril 2014

Lucien Salani, Domaine des Balmettes, à Cases de Pène (66)

La tramontane souffle fort en cette matinée de début de printemps. Que seraient les P-O sans ce vent du nord ou du nord-ouest, froid et sec? Que seraient les vignerons de la région sans ce purificateur de l'atmosphère locale qui, certes, oblige à pratiquer la taille dans des conditions souvent réfrigérantes, de novembre à mars, voire début avril, mais leur évite bien des problèmes de maladies à la vigne et limite sacrément les traitements. "C'est bien simple, précise Lucien Salani, "ici, pas de mildiou ni de vers de la grappe!..."

005   003   002

Le vigneron vit bien à Cases de Pène, petit village de la basse vallée de l'Agly, mais les dix hectares regroupant ses parcelles se situent sur la commune d'Espira de l'Agly. Nous avons rendez-vous pour découvrir les vignes qui s'échelonnent sur les quelques dômes dominant la vallée. Des duos s'affairent sur les différents versants, certains composés de marnes noires, les autres de schistes dégradés. En bas, des vignes sur le plat appartenant à Hervé Bizeul, tirées au cordeau sur la terre sombre. Au-dessus, les vieux cinsault de Benoît Danjou, que l'on surprend en pleine taille, accompagné d'un ami octogénaire de son grand-père, passionné par cette activité hivernale.

007   009   011

Plus haut encore, deux silhouettes emmitouflées taillent également grenache, syrah et dix ares de carignan complantés. Parmi elles, Aline Hock, qui pratique volontiers l'entraide avec Lulu, ce dernier avouant au passage, apprécier la touche féminine pour ces travaux de mars. "Mais, on a aussi une espèce de négoce ensemble..." Avec notamment des raisins achetés au Roc des Anges, à Montner, afin de proposer la cuvée L'Herbe rouge, composée d'une majorité de grenache, de carignan, de syrah et de chenanson, croisement du grenache noir et du jurançon noir, création de l'INRA de Montpellier. Aline et son amie sont venues avec leurs chiens respectifs, mais nous découvrons aussi les deux oies d'Aline, qui semblent apprécier ces petites sorties dans le vignoble. A notre approche, elles se font bruyamment entendre, on a presque l'impression qu'elles se mettent au diapason des beaucerons!...

004   015   016

Lucien Salani nous permet de découvrir le terroir du Domaine des Balmettes et tout l'intérêt de ces vignes en coteaux, exposés au souffle des rafales tombant des contreforts des Corbières. De visu, nous pouvons en effet constater que rien ne semble pouvoir freiner cette tramontane s'engouffrant dans les couloirs de calcaire et de garrigue. Dix hectares d'un seul tenant ou presque, de vieux grenache blancs aussi. Le vigneron nous explique que tout l'intérêt du secteur, c'est qu'il n'y a pas de perte d'acidité. Les marnes restent chaudes pendant les nuits d'été, mais les schistes reprennent la température nocturne. 4200 pieds/hectare environ, parce qu'il y a bien quelques manquants. Une parcelle sera bientôt plantée de grenache noir, en massale, malgré le taux de mortalité élevé dans un tel secteur, mais on mesure bien l'intérêt de prendre soin de telles parcelles, dont on ne peut travailler les sols qu'au chenillard, ou peut-être avec des mules.

018   019   020

Côté cave, le domaine se (re)structure. Lucien a pu acquérir la maison voisine de la sienne au coeur de Cases de Pène et aménage l'ensemble pour disposer avant longtemps d'un hébergement moins... nomade d'une part et d'une perspective d'organisation plus rationnelle. En un peu plus de dix années, le vigneron d'origine lorraine a pris de la bouteille, mais ce n'est pas pour autant qu'on nous l'a changé, Lulu!... Il dit volontiers partager toujours une forme d'idéal, avec Frédéric Rivaton notamment. Ce dernier dit parfois qu'il fait de belles et grosses vendanges certaines années, mais qu'il perd dans ces circonstances beaucoup de vins qui n'aboutissent pas, en plus du niveau d'exigence. A priori, on devine qu'il a tracé son chemin, que le paysage lui sied, mais qu'il admet volontiers que ses chaussures sont un peu usées!...

La dégustation des 2013 en cours d'élevage laisse augurer d'un bon millésime. Le maccabeu, Les Agaves et le grenache blanc issu de plus vieilles vignes, Fleur d'Agaves montrent une belle identité, ainsi qu'une dynamique plutôt séduisante. Côté rouge, deux grenache sur différentes expositions. Un cépage que Lucien qualifie de compliqué. Ces dernières années, il avoue beaucoup de pertes en jus, du fait d'une oxydation apparaissant en cours d'élevage. Les fermentations se faisant à température assez élevée et le travail avec le froid n'étant pas dans son optique, il a du changer quelque peu son fusil d'épaule. Si les vinifications se font toujours en cuves tronconiques, en 2013, les cuvaisons n'ont pas dépassé dix à douze jours, avec très peu de remontages et les fermentations se finissent en barriques. Du coup, les perspectives sont différentes et la tonicité est préservée.

021   022   023

La syrah, quant à elle, que Lucien qualifie volontiers d'inoxydable, ne propose guère plus de 12 hl/ha, avec moins d'expression de terroir selon lui, mais toujours une belle structure tannique. Retour aux grenache pour finir, avec le gris d'abord, traité en vendange entière, avec une macération pelliculaire de deux jours préservant la fraîcheur. Son aspect rosé contribue à donner un style hors du commun à cette cuvée GG de Lulu, apparue voilà quatre ans. Guère plus de 1500 bouteilles les bonnes années, la vigne produisant de très petites grappes avec, curieusement, des rendements corrects une année sur deux. Un grenache noir ensuite, destiné à la cuvée Les Amandiers, vinifié sur marc, avec de très beaux amers et une pointe délicatement chocolatée.

024   026   027

Un plaisir donc, de redécouvrir les vins de Lulu Salani. L'homme a son franc-parler, mais il en faudrait beaucoup pour qu'il renie ses choix, qu'il admet parfois borderline. Un plaisir au passage, parce qu'il nous convie du coup à un petit casse-croûte inimitable, à l'abri du vent, sur un coteau qui se donne des airs de cru bourguignon, avec sa forêt de pins qui coiffe le sommet des vignes. De toute façon, le qualificatif de bourguignon ne le gène pas, lui qui revendique une production à l'école bourguignonne. Genre terroir nature (sans soufre absolu) et à la mode catalane cependant!... Belle entrée en matière, pour notre séjour en P-O!...

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité