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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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2 mai 2015

Sébastien Barrier : Savoir enfin qui nous buvons!...

Vendredi 1er mai, deux heures du mat', j'ai pas d'frissons, j'cherche mes lunettes et j'monte le son. Je viens de remettre Transformer, un classique de Lou Reed, que je me passe en boucle, en ce moment, dans la voiture. Il tombe des trombes d'eau depuis plus de douze heures sur la Vendée et Les Sables d'Olonne. La Chaume, devrais-je préciser!... Le muguet va être rincé!... C'est Yvo, la dépression atlantique du jour qui nous amène la pluie absente depuis le début avril, ou presque.

11168037_10206494784466357_1462779331521923425_nJe sors de la salle des fêtes avec mon verre de Chinon 2008 de Jérôme Lenoir à la main, l'ultime vin de la soirée ligérienne proposée par Sébastien Barrier, Marathon Man du vin naturel (avec un faux air de Yannick Noah sur la photo de son mur de Facebook!), qui vient de mettre un bouchon final à cette fresque humaniste sans pareil. Les villes l'accueilllant, parlent souvent d'un spectacle de trois heures trente, voire quatre heures, lorsqu'on les interroge sur la durée. En fait, c'est plutôt six heures trente, parfois sept heures. "Il m'arrive de perdre quelques spectateurs en cours de route..."

Sous l'abri, à l'entrée de la salle, un de ces spectateurs semble dans l'embarras. "Vous avez votre voiture à proximité?... J'ai laissé la mienne de l'autre côté du chenal, mais après minuit, il n'y a plus de passeur!..." Il est à peine moins inquiet que celui qui retrouve sa berline sur un quai à marée haute et je vole donc au secours de ce Sablais mal renseigné sur l'horaire, peu disposé à faire une bonne heure de marche à pied, afin de passer sur l'autre rive et retrouver son véhicule, surtout avec la météo de la nuit!... Remarquez, comme formule de dégrisement, c'est pas forcément mal. En fait, ce qu'il manque aux Sables, ce sont des stations de Vélib' ou d'Autolib'!...

Quelque huit heures plus tôt, le temps de passer à La Cave se rebiffe, chère à Laurent Taupin, sur le Remblai, j'ai déjà pris une bonne douche en parcourant quelques dizaines de mètres, du parking au 45 de la Promenade Clemenceau. Mais, l'un des rares exemplaires restant disponible de Tronches de vin n°1, arrivé de Lorraine depuis peu, a désormais vue sur mer.

11175056_10206494567460932_1405624918461806049_nSébastien Barrier, c'était aussi naguère Ronan Tablantec, que les amateurs de vins naturels ont pu croiser lors de Vini Circus, version Antony Cointre, du côté de Dingé ou Hédé. Avec lui, c'est une marée haute de mots, une grande crue pour quelques grands crus qu'on adore et que nombre de personnes dans l'assistance découvrent, pour la plupart.

Des mots qui courent dans les vignes, de la taille aux vendanges, à moins que ce ne soit l'inverse. Et puis à la cave bien sûr. Parfois des cris pour se souvenir du temps d'avant 2005, année au cours de laquelle il a découvert ces vins dont on s'enivre parfois et qui ne laissent que les traces de souffrance de certaines cuites du passé. Pour Ronan-Sébastien, c'est du vécu, de l'ethno sur pièces (de 400 litres). On devine cette envie d'avouer qu'un jour, tout a basculé. De ces breuvages qu'il ingurgitait et qui lui faisaient mal au-delà de la dose admise par son organisme, à tous ceux qui ont sa préférence désormais. Pour un peu, il revêtirait la livrée d'un missionnaire ayant pêché, sur des territoires non-encore cartographiés. Entendez là, par de bonnes cartes des vins!...

L'intro en elle-même dure deux bonnes heures, avant d'apprécier un premier pét' nat' rosé de Pascal Potaire et Moses Gadouche!... Il faut dire que Sébastien-Ronan digresse à son aise, tout en rassurant son auditoire : "Après, tout va s'accélerer..." Il faut dire que la mise en place est aux dimensions, au format de la vallée de la Loire. "Nul n'est sensé ignorer la Loire". Il ne pouvait manquer de rappeler ce célèbre aphorisme (et en même temps devise de la Dive) de Sylvie Augereau.

Lorsqu'il devine que son public le lâche pour quelques secondes, il revient sur lui-même, ses origines, son parcours et les hasards de la vie, sans oublier d'illustrer ses rencontres avec les divers services culturels municipaux, qu'il a l'occasion de croiser. "Vous vous en foutez aux Sables, vous avez le Vendée-Globe!... Mais, il vaudrait mieux, peut-être, faire moins de com' et retaper le plafond de la salle des fêtes!..." C'est dit.

10410160_10206495491444031_7648699287339795296_nPuis, il plonge dans l'histoire, par l'entremise de ses années mancelles, celles de son enfance, glissant au passage sur la découverte, en 2009, d'un cimetière de Chouans, au coeur du Mans, à l'occasion du chantier du nouvel Espace culturel, Place des Jacobins. Pas certain que les Sablais n'y soient sensibles outre mesure, nous étions plutôt ici, en 1793, en terre bleue. Peut-être pour rappeler aussi que le vivre ensemble et notre proximité façon XXIè siècle, se nourrissent de tout ce qui se trouve dans nos gènes, la grande et la petite histoire.

Il parle aussi volontiers de ses escales bretonnes, Douarnenez, Brest et Lorient. Puis, soudain, un chat bicolore, blanc et roux, surgit dans le décor. C'est le sien. Ils se sont croisés et simultanément adoptés du côté de Calais, un soir de gala, il y a à peine quelques mois. C'est We-We (prononcer à l'anglaise). En fait, c'est un chat-chien, il revient toujours. La veille, il s'est carapaté pendant le spectacle, afin d'explorer la tortuosité des rues chaumoises. C'est pour cela qu'il s'inquiète, de temps à autres, de sa présence dans la salle. "Avec le temps qu'il fait, j'aimerais éviter de partir à la découverte des rues mal famées de La Chaume, jusqu'au bout de la nuit!..."

Et puis, l'on découvre à quel point il éprouve de la tendresse pour les autres personnages de la pièce : les vigneronnes et vignerons. Ceux qu'il a pu découvrir en une seule soirée, lors d'un Vini Circus. Marc "comment qu's'apelle" Pesnot et sa Bohème, sorte d'ONVI du Muscadet, puis Noëlla Morantin, son chardonnay du jour et ses tailleurs - "vous verriez comme ça lui va bien, le tailleur!" - Agnès et René Mosse, dont la cuvée des Bonnes blanches 2013 exprime, à ce stade, la vigueur du chenin de St Lambert du Lattay, rive gauche du Layon. Avec Thierry Puzelat, on devine une amitié singulière et particulière. Et sans doute, des souvenirs de nuits arrosées et habitées de personnages qui errent dans un autre espace-temps, fréquentant aussi les coffres de voiture!... Des nuits finalement plus belles que nombre de nos jours...

11169903_10206498095589133_7919357445342746944_nPuis survient le trou cochinchinois. On s'attend à devoir ingurgiter un alcool de riz venant en droite ligne de Saïgon!... Comme à d'autres moments, intermèdes musicaux pour l'andouille et les rillons, Sébastien Barrier saisit alors sa guitare et nous entraîne dans une séquence hallucinée en criant les mots, sans doute les maux, du Journal d'un morphinomane, texte sur la dépendance (et la descente aux enfers) écrit par un médecin français dans l'Indochine de la fin du XIXè siècle. Sans doute, faut-il y voir un parallèle avec d'autres dépendances addictives, comme celle de l'alcool... Une version hors du commun, quelque peu suffocante, pour illustrer le théorème moderne : l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, sachez consommer avec modération...

On est presque soulagé lorsqu'on remet les pieds en Coteaux d'Ancenis, chez Agnès et Jacques Carroget, dans un monde vigneron et paysan, que tant de "producteurs" ont abandonné. Leur cuvée d'un soir nous permet aussi de goûter au diaporama final, où surgissent une à une, les images de rencontres inoubliables, voire essentielles. Comme une vie qui défile à cent à l'heure. Nostalgie de l'enfance, amours plurielles d'un "célibataire polygame consentant", qui pour un peu, userait et abuserait de Pièges à fille, une des cuvées de Pascal et Moses, si les traces laissées par les ruptures ne généraient tant de cicatrices douloureuses.

Il ne vous reste que peu d'occasions de croiser Sébastien Barrier, pour Savoir enfin qui nous buvons d'ici la mi-juin. Au 104, à Paris, à Boulazac, en Dordogne et à St Avé, juste à côté de Vannes (56). Il sera lors sur la route qui le ramène à Locmiquélic, aimable petit port de Bretagne Sud, lieu de ressourcement que ne renierait pas Ronan Tablantec.

Vendredi 1er mai, deux heures et demi du mat'. Mon passager de la pluie et de la nuit n'en revient pas d'avoir autant de vins à découvrir encore, lui qui fait partie d'une association amicale et locale visitant le vignoble de temps à autres, comme lors de cette escapade à Cornas qui se profile. Il avoue avoir été scotché par La Bohème de Marc Pesnot et promet de se mettre à la recherche de tels vins ("plus connus à New York et Tokyo que chez eux!) avant longtemps. J'en profite pour lui conseiller la lecture de Tronches de vin n°2, en lui annonçant au passage une séance de dédicace-dégustation, à la Librairie Agora de La Roche sur Yon, le samedi 20 juin prochain (avec un ou deux vignerons), sans oublier les cavistes qui comptent, comme l'a précisé Sébastien Barrier plus tôt dans la soirée et même ceux qui ne sont pas encore ouverts... Comme un challenge, définitivement. En attendant, vu le temps prévu pour ce week-end du début mai, vous pouvez aussi vous rendre sur le salon Sous les pavés, la vigne! cher à l'ami Antonin, qui se déroule ces dimanche 3 et lundi 4 mai, à Paris, dans le XXè arrondissement, cher à mon coeur.

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Commentaires
P
Merci! C'est le hasard de rencontres qui me guide, verre en main ou pas!... ;-)
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F
Bonjour, serait-il possible d'avoir plus d'article du même style ? Perso, je l'adore !
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