Rencontre à Suronde...
L'annonce, encore récente, de la vente du Château de Suronde, en Quarts de Chaume, laisse incrédule bon nombre des amateurs qui l'apprennent aujourd'hui!...
Faut-il que cela soit à ce point inconcevable, qu'un vigneron passionné comme Francis Poirel ne cède un domaine, sur lequel il laissera pour longtemps sa trace?
Ceci dit, Suronde est-il dans la tempête, comme aujourd'hui?... Non point!
Bruine tenace, rafales de sud-ouest... et quelques flacons du millésime 2003 à récupérer, de bonnes raisons pour deviser tranquillement dans le chai du domaine, en compagnie du nouvel occupant des lieux, Yann Chamaillé.
Il est, en quelques sortes, l'homme de terrain d'une société constituée par une dizaine d'investisseurs, autour de Guillaume Mordacq, directeur de la Collégiale du Puy-Notre-Dame, que l'on peut qualifier de distributeur avisé et de Jean-François Vaillant, vigneron aux Domaines des Grandes Vignes, à Thouarcé.
Le sang du premier, originaire du Nord, déjà propriétaire de quelques arpents en Quarts de Chaume, n'a fait qu'un tour, lorsqu'il a appris que Suronde était à vendre! Il réussit à convaincre quelques membres de sa famille, plus des amis du sud de la France et il se lance dans l'aventure de la succession de Francis Poirel.
Jean-François Vaillant lui emboite le pas, malgré qu'il soit déjà à la tête d'un domaine de cinquante hectares et sans ignorer le défi, nouveau pour lui, de la biodynamie, en vigueur à Suronde et dont le maintien à l'avenir, conditionnait la vente.
Yann Chamaillé est, quant à lui, parisien d'origine. Il est présent dans la région, où il possède quelques attaches familiales, depuis quatre à cinq ans. Après une saison d'ébourgeonnage, au cours de laquelle il découvre véritablement l'Anjou, il décide de s'inscrire à Montreuil Bellay, pour suivre une formation pour adultes. Il reconnait une rencontre déterminante dans ce parcours de formation : Mark Angeli. La biodynamie lui apparait alors être comme une évidence.
Plus tard, il travaille chez Joël Ménard, à Rablay. C'est ce dernier qui lui apprend que les nouveaux propriétaires de Suronde recherchent l'oiseau rare!
Francis Poirel le rassure vite : "Ton inexpérience, c'est ta force!... Au moins, tu ne répèteras pas toutes les c... que tu aurais pu apprendre ailleurs!..."
Jean-François Vaillant et Yann Chamaillé vont donc travailler en concertation, pour ce qui est de la culture et de l'élevage.
S'agit-il pour autant de tenter de faire "du Francis Poirel"?... Non. Il est clair que chacun imprime sa marque. Déjà, des orientations se dessinent : la durée de l'élevage sera sans doute sensiblement réduite. Celui-ci ne devrait pas dépasser 15 à 18 mois, contre 24 actuellement. Ainsi, les 2004 sont-ils repassés en cuves...
Yann Chamaillé est aussi homme de conviction. Il va tenter de réintroduire le cheval sur le domaine. Certaines caractéristiques du vignoble le suggèrent fortement : largeur des rangs, pentes abruptes...
D'aucuns considèrent que Francis Poirel faisait partie des "dinosaures" en Anjou! Je ne suis pas certain que cela lui plaise forcément, car il ne manquera pas de rappeler qu'une météorite fut à l'origine de leur disparition brutale! Ou que, plus près de nous, une éruption volcanique bouleversa l'ordre établi sur notre planète. Et qui ne connait pas les effets d'une éruption volcanique dans une vie?...
Maintenant qu'il est.. retour des Indes... ne doutons pas qu'il parvienne à rebondir! En Anjou ou ailleurs... Peut-être en Languedoc-Roussillon, où il fit, naguère, ses premières investigations?...
De toute façon, Francis, même si tu coupes ta moustache, les amateurs que nous sommes te retrouveront!... Ne serait-ce que dans l'espoir d'ouvrir en ta compagnie une cuvée Victor et Joseph dans un grand millésime... fusse-t-il récent!...
So long, Francis! See you later!...