Vendanges au Domaine Aloha, Brem sur Mer
Au Domaine Aloha, à Brem sur Mer, en Fiefs Vendéens, on vendange le week-end!... Pas toujours facile de mobiliser les vendangeuses et vendangeurs en semaine et, qui plus est, une activité d'oenologue-conseil à assumer pour Samuel Mégnan.
Mais, ce dernier s'adapte plutôt bien à ce rythme et essaye même de tirer profit de la situation et de cet emploi du temps, que d'aucuns subiraient dans un stress généralisé, propre à cette période si importante pour tout vigneron.
D'ailleurs, ne serait-ce pas son passé, voire présent, de surfeur, qui lui permet de prendre, le plus souvent, avec philosophie et patience, certains aspects essentiels de ces journées de cueillette?... Et en premier lieu, la météo. Il ne s'interdit pas, loin s'en faut, de tendre l'oreille lors des bulletins de Météo-France, mais, à l'heure où certains livrent les destinées du millésime aux mains de quelque gourou, le vigneron du Poiré s'en va consulter Internet et, notamment, le site de la météo des surfeurs : windguru.cz.
Evidemment, cela peut paraître curieux que ce soit un site tchèque qui rythme les journées des surfeurs du monde entier!... De plus, la hauteur des vagues à Maui ne semble pas primordiale, je vous l'accorde, pour décider des parcelles à vendanger. Mais, en ces temps d'instabilité météorologique, entrez sur la page d'accueil, sélectionnez le spot (ex : Pays de Loire, Brétignolles) et là, tout devient limpide!... Des prévisions pour toutes les trois heures, la couverture nuageuse, l'orientation des vents, la pluviométrie... la fréquence et la hauteur des vagues... Limpide, je vous dis. Et efficace!... Bien sûr, pour vendanger à Meursault, Soultzmatt ou Arbois, c'est moins utile ou performant!... Quoique... En tout cas, j'en connais, dans le Médoc, qui feraient bien de... changer de gourou!... Private joke, bien sûr!...
A Brem, la terre et les vignes sont basses!... Plus qu'ailleurs!... Elles sont conduites de façon à être protégées du vent de la mer, toute proche. Si celui qui vient de terre est souvent espéré pendant l'été et surtout en septembre, pour tendre vers un passerillage (relatif) - c'est râté pour cette année! - les rafales d'ouest et de sud-ouest peuvent faire de gros dégâts au moment de la fleur, par exemple. Et que dire des tempêtes de printemps qui cassent les jeunes pousses?!... Pour les vendangeurs, donc, les journées sont parfois longues...
Samuel Mégnan demande la plus grande attention à ceux-ci. Laisser les grappes atteintes de pourriture grise, mais écarter également celles qui ne sont pas assez homogènes, fussent-elles déstinées au rosé. La vendange manuelle et l'utilisation de caisses ajourées sont des plus, lorsqu'il n'est pas envisageable d'installer une table de tri et de mobiliser au moins quatre personnes à l'arrivée du tracteur.
Aussitôt, la vendange est dirigée dans le pressoir. Il y a là, environ, le contenu de 65 caisses de 10 kg. Déjà, le jus s'écoule. Samuel a choisi la méthode douce pour le pressurage. Pour lui, c'est une évidence, lorsqu'on n'a pas à faire face à une quantité plus importante simultanément. Réglage manuel, on serre et on tourne doucement, puis on desserre de la même manière. Il faut goûter de temps en temps, notamment en fin de pressée. Si la moindre trace d'amertume apparait, surtout pour un jus destiné à la Version rosé, il faut interrompre le processus.
Ne pas oublier la dose raisonnable, mais nécessaire, de soufre, pour protéger le précieux jus. Voilà cinq hectolitres qui prennent la direction de la cuve!... Il s'agit là de pinot noir. Demain, ce sera au tour du gamay qui, au final, lui sera associé dans cette cuvée.
Mais, déjà le tracteur pétaradant se fait entendre dans le chemin. Voilà une même quantité de raisin destinée à Version rouge. C'est presque la fin de la journée, mais les vendangeurs sont restés vigilents. Samuel est satisfait de ce qu'il découvre dans les caisses et entame une belle séance de musculation!...
Pour le pinot noir, il utilise un égrappoir qui ne foule pas les grains, associé à un convoyeur qui achemine ceux-ci jusque dans la cuve. Une fois trouvé le bon réglage, le raisin ne subit guère de traumatismes, comme dans le cas de l'utilisation d'une pompe, en lieu et place du convoyeur, par exemple.
Pour le gamay, Samuel Mégnan opte pour une macération carbonique, vendange entière. Ce même convoyeur sera installé à l'arrière du tracteur et les caisses seront directement vidées sur le tapis, à destination de la cuve. La macération durera trois à cinq jours et à une température contrôlée de 23-25°. Dans ce cas, il n'y a pas de jus de goutte et le décuvage de l'intégralité du contenu de la cuve se fera également au moyen du convoyeur, mais à destination cette fois du pressoir, pour un pressurage très doux.
Le pinot noir (objectif pour cette journée : 25 hl en cuve), quant à lui, restera en macération entre quatre et sept jours et toujours à une température assez basse (23-24°), pour ne pas extraire de tannins gênants. Au final, 20 hl de jus de goutte seront acheminés vers une autre cuve et 5 à 7 hl de jus de presse subiront également un pressurage doux, sans préjuger de leur intégration éventuelle dans la cuvée finale, ou, peut-être, à une autre cuvée élevée en barriques, comme Belharra. Il n'est pas impossible également qu'une saignée soit pratiquée rapidement sur cette cuve, afin de compléter le volume de rosé.
Quant aux cabernets, c'est une autre histoire!... A ce jour, l'espoir est de les voir atteindre la maturité voulue.
C'était live - ou presque- du vignoble de Brem sur Mer et du Domaine Aloha. Tous mes remerciements, pour cette leçon de choses, à Samuel Mégnan et à ses vendangeurs, bien sûr!... Et les blancs, me direz-vous?... Affaire à suivre!...