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La Pipette aux quatre vins
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14 juillet 2011

REVEVIN 2011 : Pessac-Léognan GCC blancs 2008, etc...

Retour à Bordeaux pour les REncontres VEndéennes autour du VIN 2011, début juin. Enfin, façon de parler, bien sur, mais voilà quelques années que nous n'avions entrepris de mettre sous le patio du Chai Carlina, quelques crus classés et autres d'une appellation girondine. C'est en grande partie grâce à Frédéric Lelong, chef de culture au Domaine de Chevalier, que ce rassemblement d'étiquettes prestigieuses a pu être mis sur pieds. En effet, les sollicitations n'étant pas rares, sans oublier les modes de communication plutôt bien maîtrisés derrière les façades blondes bordelaises, il n'était pas évident, de prime abord, d'organiser une séance, la plus exhaustive possible, consacrée à ces Grands Crus Classés blancs de Pessac-Léognan, dans le millésime 2008. Certes, il y avait bien deux absents de marque - Haut-Brion et Laville-Haut-Brion - mais, ceux-ci sont désormais réservés, semble-t-il, à une élite qui n'est pas forcément à même d'exprimer ce qu'elle en pense, mais plus certainement apte à se réjouir de les mettre sur sa table ou à communiquer sur sa chance (illustre, ma chère!) à pouvoir en disposer!... Bordeaux ressemble parfois à une sorte de grand navire à voiles, qui glisse sur une mer plate, sans vent, mais qui s'éloigne inexorablement du port de ses fidèles supporters!...

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Pas si simple, cette dégustation horizontale de GCC, accompagnés de quelques étiquettes choisies, issues de toute la région, à savoir des AOC Bordeaux blanc, Entre-Deux-Mers, Ste Foy-Bordeaux et Graves notamment, ainsi que de quelques domaines célèbres, mais dont le vin blanc n'est pas officiellement classé.

Aux difficultés d'approche, deux raisons principales : le millésime tout d'abord, du fait des particularismes de 2008 (acidité soutenue notamment), mais surtout l'homogénéité supposée de style, exigeant une certaine concentration. En effet, nombre des propriétés représentées affichent l'identité de leur conseiller principal, Denis Dubourdieu et il est aisé de constater, ici ou ailleurs, une trame de constitution assez voisine.

Tous les échantillons ont été appréciés à l'aveugle et par duos successifs. Dans chacun de ceux-ci, avait été placé un des Grands Crus Classés ou assimilés. De plus, nous avions procédé à un "double carafage", c'est à dire que dans l'heure précédant la séance, tous les échantillons ont été passés en carafe, puis réintroduits aussitôt dans leur bouteille d'orgine, en veillant à ce qu'ils conservent une fraîcheur adaptée à leur service habituel. Un grand merci à tous les domaines qui ont accepté de contribuer à la mise en place de cette dégustation plutôt exceptionnelle.

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1- Château Turcaud - Entre-Deux-Mers :
50% sauvignon, 45% sémillon et 5% muscadelle (selon les données du domaine). Robe très pâle. Un nez doucement exotique, sur la mangue et les agrumes frais, plutôt agréable. Bouche fraîche et acidulée, sans grande complexité, mais nette et bien faite techniquement. Aimable mise en bouche. **(*)

2- Château Couhins (INRA) - Pessac-Léognan GCC :
85% sauvignon et 15% sémillon sur la propriété. Or très pâle. Un nez sur les agrumes mais soulignés par l'élevage. Bouche assez serrée. Note nettement citronnée, qui étire l'expression. Persistance plutôt agréable. Suggère l'accord d'une jolie friture!... ***

3- Château Reynon - Bordeaux blanc :
85% sauvignon et 15% sémillon. Jolies notes citronnées et exotiques, montrant une belle finesse. Attaque 05062011 014assez fraîche et texture tendue, qui souligne l'expression évoluant vers une pointe florale assez flatteuse. Rétro acidulée de bon aloi. ***

4- Château de Fieuzal - Pessac-Léognan :
Or brillant. Nez assez déroutant, diffus, avec une pointe caramel, qui suggère la suprématie de l'élevage. La bouche n'est pas d'un équilibre avéré et la finale révèle une pointe d'amertume, sans que l'on sache vraiment s'il s'agit d'un manque de maturité de la vendange ou de la technologie appliquée lors de la vinification. Pas au niveau.*(*)

5- Château du Champ des Treilles - Vin Passion 2009 - Sainte Foy-Bordeaux :
Un tiers sauvignon, un tiers sémillon et un tiers muscadelle. Très pâle. Joli nez très agréable, qui associe fruits frais et notes florales. Bouche pointue, mais étirée par de beaux amers finaux, laissant une belle impression. Jolie réussite! ***(*)

6- Château Malartic-Lagravière - Pessac-Léognan GCC :
80% sauvignon et 20% sémillon. Or pâle. Nez sur des notes d'élevage, avec une pointe beurrée. La bouche est assez serrée par une acidité soutenue, qui ne semble pas s'accorder vraiment avec l'élevage apportant un gras marqué. Trop de bois neuf pour le millésime?... Finale dissociée, révélant une amertume confinant à une certaine sécheresse. **

7- Château de Respide - Callipyge - Graves :
58% sauvignon et 42% sémillon. Or brillant. Nez assez neutre, discret, sur la réserve, avec une pointe agrumes. La bouche est sur la fraîcheur, sans être marquée par l'élevage. Acidité assez tonique qui suggère les fruits à chair blanche. Plutôt réussi! ***

8- Château Couhins-Lurton - Pessac-Léognan GCC :
100% sauvignon. Or pâle brillant. Nez assez nettement sur des notes florales de prime abord, puis sur les fruits blancs acidulés. Attaque assez onctueuse et douce, mais l'acidité revient au galop en finale, n'aidant05062011 020 pas à souligner l'équilibre voulu. Un peu "à cloche-pied"!... **(*)

9- Château Hostens-Picant - Cuvée des Demoiselles - Sainte Foy-Bordeaux :
50% sauvignon, 40% sémillon et 10% muscadelle. Or brillant. Notes citronnées dominantes dès le premier nez. Attaque plutôt onctueuse, mais la bouche se resserre nettement sur une pointe acide, qui démontre que l'homogénéité du vin n'est pas flagrante à ce stade... En devenir ou dans une sorte d'errance?... **(*)

10- Château Latour-Martillac - Pessac-Léognan GCC :
56% sauvignon, 40% sémillon et 4% muscadelle (millésime 2006). Or très pâle. Nette pointe exotique, sur des notes d'élevage. La bouche est assez gourmande, avec une assez belle complexité aromatique et un côté croquant plutôt séducteur. La finale est un peu "crispée", mais l'expression reste cohérente. ***(*)

11- Château Turcaud - Cuvée Majeure - Bordeaux blanc :
65% sauvignon et 35% sémillon. Or pâle. Des notes d'herbes sauvages et de fruits blancs au premier nez. La bouche est assez pleine et sphérique. Jolie impression finale et persistance agréable sur les agrumes frais. ***(*)

12- Domaine de Chevalier - Pessac-Léognan GCC :
70% sauvignon et 30% sémillon. Or très pâle. Joli nez, tout en finesse, sur les agrumes frais et d'une belle pureté d'expression. La bouche montre une pointe acidulée et fraîche, mais l'expression reste assez nuancée, sur la retenue, un rien diffuse... Une homogénéité qui semble en devenir à ce stade et une cuvée plus taillée pour la garde et d'un beau potentiel probable. ***(*)

13- Château Larrivet-Haut-Brion - Pessac-Léognan :
81% sauvignon et 19% sémillon. Or très pâle. Une gamme aromatique classique mais soignée d'agrumes 05062011 012frais, de citron et des notes d'élevage bien maîtrisées. La bouche est d'une belle pureté d'expression, avec une tension finale qui souligne un équilibre "classieux"!... Joli vin!... ****

14- Château Olivier - Pessac-Léognan GCC :
78% sauvignon, 20% sémillon et 2% muscadelle. Or très pâle. Un nez façon notes exotiques fraîches. L'attaque est assez neutre, avec une expression peu loquace, qui révèle une acidité plutôt marquée. Un vin plutôt... timide. **(*)

15- Clos Floridène - Graves :
50% sauvignon, 47% sémillon et 3% muscadelle. Or pâle, légers reflets verts. Tendance citronnée, délicate pointe florale au nez. Notes d'élevage bien maîtrisées. Un vin bien construit, qui s'appuie sur un caractère acidulé, mais aussi sur un corps respectable. Agréable persistance. ***(*)

16- Château Carbonnieux - Pessac-Léognan GCC :
65% sauvignon, 35% sémillon. Or assez pâle. Nez assez nuancé, avec une pointe délicatement exotique. L'équilibre n'est pas la qualité majeure de ce vin, à ce stade. Finale un peu sur l'amertume, mais l'ensemble est un peu dissocié. Difficile à juger. **(*)

17- Château de Chantegrive - Cuvée Caroline - Graves :
50% sauvignon et 50% sémillon. Or pâle. Le nez est un peu diffus, avec des notes citronnées, mais une impression curieuse de bois humide... Acidité soutenue, mais le vin est plutôt persistant et droit. ***

18- Château Pape-Clément - Pessac-Léognan :
45% sauvignon blanc, 45% sémillon, 5% muscadelle et 5% sauvignon gris.
Or très pâle. Nez sur des notes beurrées, associées à un ensemble fruité assez varié. Bouche assez grasse, pleine, onctueuse, mais dotée05062011 023 d'une belle dynamique. Du volume, de la richesse et une persistance séduisante. ****

19- Château Smith-Haut-Lafitte - Pessac-Léognan :
90% sauvignon blanc, 5% sémillon et 5% sauvignon gris. Or très pâle. Le nez est dominé par des arômes d'agrumes frais et distingués. La bouche reste vive et pointue, mais la rétro se montre finalement assez équilibrée et fraîche. Plutôt un bel ensemble. ***(*)

20- Château Bouscaut - Pessac-Léognan GCC :
50% sauvignon et 50% sémillon (en principe). Or soutenu. Nez dominé par l'élevage, un peu bois brûlé... Les agrumes ont du mal à trouver leur place. Là encore, la bouche s'avère pointue, mais reste, somme toute, assez cohérente, avec une finale sur le pamplemousse confit. ***

Alors, quelles conclusions tirer d'une telle séance?... Si tant est qu'on puisse en extraire des informations essentielles!... A l'évidence, qu'il y a du citron dans le sauvignon!... Sans blague, qu'il faut sans doute refaire ses gammes, de temps en temps, dans une dégustation comparative horizontale de la sorte, même si le rapport qualité-plaisir n'est pas forcément au rendez-vous!...

Il y a quelques années, les Bordeaux blancs ont trouvé un "pape"!... On ne peut nier les progrès accomplis sous la houlette de Denis Dubourdieu et de son équipe. Mais, désormais, ne s'agit-il pas d'une sorte de fuite en avant, de course à la technologie?... Il fallait plaire à ce marché aux dimensions de la planète, séduire quasi uniformément, pour être certains que le reste de la Terre mette ses pas dans les nôtres, que ce soit la Californie, le Chili, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande.

S'entretenir parfois avec les responsables de domaines, c'est se rendre compte rapidement qu'il s'agit plus de suivre des process, que de prendre le moindre risque. Au point que certains avouent, sans craindre de l'évoquer, leur manque de confiance dans les levures indigènes de leur terroir, qui n'est sans doute pas plus médiocre que d'autres!... Certes, d'aucuns font le choix, désormais, d'attendre plus pour vendanger, d'obtenir des maturités bien supérieures à la norme, au vu notamment des observations faites ces dernières années, à propos de la climatologie locale et régionale. Quelques degrés, ou dixièmes de degrés de température gagnés et il n'est plus rare de cueillir des sauvignons ou des sémillons à 14 ou 14,5°!... On verra peut-être ainsi s'infléchir une trame aromatique - encore une fois, si les levures du cru ont droit de cité - et pour le reste, la technologie est là pour corriger!... Avec une telle évolution des maturités de vendanges, Pessac-Léognan et le Bordelais s'installent dans un profil "résolument sud", malgré l'influence océane. Pourtant, il n'existe à ce jour, pratiquement aucun cas d'élevages autres que dans le chêne souvent neuf, alors que le Grand Sud-Est fait la démonstration, ici ou là et depuis quelques millésimes, des bienfaits d'un matériau comme le béton. Fraîcheur et finale saline s'opposeront-elles un jour aux levurages citronnés et aux arômes vanillés de merrain de bonne origine?...

C'est toute la question, que certains Bordelais ne manquent sans doute pas de se poser dès aujourd'hui. Car, même si Bordeaux n'est pas forcément à l'origine de progrès avérés, elle ne manque pas de se remettre en question, surtout lorsque l'Histoire du Vin est en marche et qu'elle est source d'avancées déterminantes.

Commentaires
D
J'avais manqué cette chronique.<br /> Comme tu le soulignes, les choix de maturité sont assez classiques, mais ça bouge tout de même.<br /> Pas beaucoup de similitude entre un Domaine de Chevalier et un Pape Clément!<br /> Reste à intégrer les conditions du millésime.Par exemple, les vins blancs du millésime 2009 à Pessac Léognan manquent, pour moi de pep, et sont pour une grande partie un peu mou en milieu de bouche.Les limites des cépages bordelais en millésime solaire ?
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