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La Pipette aux quatre vins
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3 juin 2012

REVEVIN 2012 : Roche aux Moines, horizontale 2010

Savennières, joli petit village angevin en bord de Loire, a la chance de disposer de deux "grands crus" potentiels sur son territoire. Potentiels, parce que non encore désignés comme tels par les instances. Il n'y a guère que Bourguignons et Alsaciens à se targuer d'une telle réussite. Mais la seule appellation communale angevine située sur la rive droite de la Loire, peut indiscutablement y prétendre. D'une part, la Coulée de Serrant monopole, de Virginie et Nicolas Joly, a les armes de l'histoire et du prestige, en guise d'introduction justifiant une notoriété que peu de spécialistes oseraient lui contester et d'autre part, la Roche-aux-Moines, regroupant pas moins de huit vignerons sur à peine plus de trente hectares qui se sont donner en quelques mois, à peine quelques années, les moyens d'élever la qualité d'une production, dans la diversité des sensibilités et des stratégies.

Coulée de Serrant

2010 est donc le premier millésime où peut apparaître sur les étiquettes, le nom de Roche-aux-Moines sans l'obligation d'y accoler le nom de la commune. En soi, une raison suffisante pour convier à St Jean de Monts, lors de ce REVEVIN 2012Tessa Laroche, du Domaine aux Moines et Clément Baraut, indiscutable spécialiste du vignoble angevin et l'un des vignerons de l'appellation très récemment reliftée. Au passage, merci à tous les vignerons du cru d'avoir accepté de contribuer à l'organisation de ce premier "off" du week-end, qu'il nous tenait à coeur de présenter sous la forme la plus exhaustive possible. Les échantillons ont été proposés à l'aveugle, dans un ordre tout à fait aléatoire, que les vignerons présents ignoraient.

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1- Clos de la Bergerie 2010, Nicolas Joly :
Or soutenu brillant. Un nez peu expressif, avec une touche miellée dominante. Bouche plutôt opulente, onctueuse, mûre, qu'une assez belle tension relève en finale. Plutôt agréable. ***

2- Domaine des Forges 2010, Vignobles Branchereau :
Or pâle brillant. Le nez est un peu sur le miel et le caramel au beurre salé. Attaque assez tonique, prolongée par une sensation minérale et une finale sur de beaux amers.***(*)

3- Domaine aux Moines 2010, Tessa Laroche :
Or soutenu brillant. Un joli nez aérien et mûr sur de fines notes de caramel. Bouche assez tonique avec de jolies touches florales. Le vin semble homogène et droit, doté d'une belle allonge. Très cohérent et en finesse. Cela laisse bien augurer de la sélection des meilleures barriques faite dans ce millésime au domaine et qui n'était pas présentée à cette occasion. ****

4- Clément Baraut 2010 :
Or pâle brillant. Nez assez discret, dans un style aérien. Bouche tonique, fine. Acidité assez soutenue à ce stade, si bien que le corps semble un peu en retrait, mais le temps devrait donner plus de répondant à ce vin. ***(*)

5- Domaine FL 2010 :
Or pâle brillant. Nez plutôt frais et floral, avec une touche de chèvrefeuille ou d'acacia. Attaque acidulée, mais le vin semble un peu serré, bridé... La finale est plutôt franche et saline. Un ensemble assez opulent où l'élevage est assez présent. ***(*)

6- Damien Laureau 2010 :
Or pâle brillant. Notes assez mûres, avec un nez assez marqué par l'élevage. Notes de réglisse. Acidité soutenue, avec une pointe amère en finale. Le tout semble plutôt hétérogène à ce stade, moins fondu que d'autres. Cependant, la structure du vin ne permet pas de le condamner!... Un autre style. ***

7- Château Pierre Bise 2009 :
Or pâle brillant. Un nez assez expressif, sur des notes de vieux rhum et de vanille. Bouche assez tonique, riche, solaire. Finale intense et pointue, qui souligne un assez bel équilibre. ***(*)

8- Domaine aux Moines, Tessa Laroche, Cuvée L'Abbesse 2007 :
Un supplément au programme, pour rappeler au passage que, jadis, les Savennières n'étaient pas toujours secs. Les vignerons composaient selon le millésime et les données climatiques au moment des vendanges. Or soutenu brillant. Nez intense sur des notes d'ananas chaud et de mangue. Bouche dense et pleine. Un bel équilibre, avec 80 gr de sucres résiduels. ***(*)

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Belle impression d'ensemble avec cette série qui laisse un sentiment très net de progrès global et sans doute d'exigence admise et pratiquée par toutes et tous, pour mettre en valeur cette appellation. Pourtant, il reste beaucoup de chemin à parcourir. Rappelons également que certains vignerons ne disposent que d'une très petite parcelle de ce cru (pas plus de 25 ares parfois) qu'ils découvrent depuis peu. Ces vignes redistribuées proviennent de l'ex-Château de Chamboureau, propriété du Domaine FL désormais qui, dit-on, pourrait planter de nouveau sur la partie la plus pentue qui domine la côte des Forges, dans la continuité des nouvelles plantes de Tessa Laroche. Cette dernière vient juste de terminer la plantation du dernier hectare dont elle disposait, ce qui fait qu'elle devient largement majoritaire (11 ha), soit près de 30% des surfaces disponibles. Inévitablement, le Domaine aux Moines sera à l'avenir, une sorte de référent pour ce qui est des vins du cru, même si chaque domaine exprime au final, la patte d'un vinificateur, d'une personnalité et d'une sensibilité.

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D'autres vignerons essaient de comprendre cette terre particulière riche en schistes multicolores, en rhyolite et en spilite, en la découvrant depuis deux ou trois millésimes. Pour certains, c'est une sorte de pépite qu'il faut mettre en valeur. Le produit de ce terroir et de ces vignes doit sortir de l'ordinaire. Être forcément un cran au-dessus des Savennières-Villages ou de supposés "premiers crus" locaux. Ainsi, Eric Morgat, qui fut parmi les moteurs de la réflexion débouchant sur le nouveau décret d'appellation, ne propose-t-il pas encore de cuvée "Roche-aux-Moines". Un choix qui obéit certes à d'autres contingences, mais qui illustre sans doute le niveau d'exigence que se sont fixé les vignerons du cru.

Ceci dit, cette sorte de cohérence, quant à la volonté commune de proposer des vins d'un haut niveau, ne se retrouvera pas forcément dans tous les aspects de la production de ces grandes cuvées. Ainsi, la disparité des prix proposés dès maintenant (de 17 à 53 €) laisse supposer un grand écart des réflexions menées par les uns et les autres, quant à la notoriété d'un cru et sa substantielle rémunération parfois. Et sur le fait que certains parient résolument sur cette dernière avant même que la première ne soit véritablement établie. D'aucuns misent sur la rareté et leurs volumes réduits, alors que d'autres s'évertuent à vendre des quantités plus conséquentes, qui se doivent d'être convaincantes avant toute chose. Cette dernière préoccupation était déjà celle de Monique Laroche, lorsqu'elle parcourait les salons, tout comme les routes de France et de Navarre, pour promouvoir les vins du domaine et plus largement, ceux de l'appellation.

Affaire à suivre donc, du côté de Savennières et les amateurs de manqueront pas d'être attentifs aux progrès dès les prochains millésimes. En attendant, d'autres avis sur cette séance ici et .

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