Tronches de vin : le but, c'est le chemin!...
Dans à peine plus d'un mois, le 15 mars, tout ce que notre beau pays compte de bonnes librairies, mettra à votre disposition le guide qui se veut être une sorte "d'anti-guide" : Tronches de vin, le guide des vins qu'ont d'la gueule!... Au passage, je ne sais trop à qui attribuer cette maxime bien connue, peut-être Confucius, Goethe ou Gandhi, mais lors de sa récente arrivée aux Sables d'Olonne, au terme de son Vendée Globe quelque peu mouvementé et à la fin de parcours incertaine pour cause de perte de quille, Jean-Pierre Dick, à peine débarqué, précisait que pour lui aussi, le but n'est pas le but, mais que le but est bien le chemin!... Certes, pour notre part, nous n'avons pas perdu notre quille (il serait même plutôt question de toutes celles que nous avons trouvées sur notre chemin, pendant ces dernières années!), mais les vicissitudes de toutes sortes n'ont pas manqué, qui auraient très bien pu condamner la parution, si ce n'était l'abnégation des uns et des autres.
Voilà donc près d'une semaine, toute la technologie et les compétences d'IME, à Beaume-les-Dames, se sont mobilisées, afin que soient imprimés dans un temps record les exemplaires du livre mis à disposition du public (bien aimé!) à la mi-mars prochaine. Enfin!... Un moment très attendu pour les co-auteurs, passés par un peu tous les sentiments pendant cette période de (re)gestation, sans céder malgré tout au découragement et bien décidés à domestiquer ce chat noir qui nous poursuivait depuis le début de l'aventure.
Une première mouture de ce projet aurait pu voir le jour, deux ans plus tôt. Avec un autre collectif, plus large. Une sorte de diligence à l'équipage un poil trop grand peut-être, pour se glisser sur tous les chemins de traverse et un premier éditeur presque surpris de se trouver sur ce bateau (cette galère?) et qui préféra rester au port. Sans doute, aurait-il fallu aussi une plus grande part de négociation pour composer la liste définitive des vignerons et domaines présents à la table des matières (ou sur la carte des vins, voire la table à cartes) et donc, intégrer le risque d'une dépense d'énergie préalable pouvant mettre le bateau pirate sur les récifs, dès la sortie du chenal.
Projet en berne donc, jusqu'au printemps dernier, mais c'était sans compter sur toute l'abnégation et l'envie d'Antonin Iommi-Amunategui, sorte de poil à gratter du web 2.0, option vins, verres et tire-bouchons, qui rencontra par hasard Jean-Paul Rocher, éditeur bien connu et passionné par le sujet (on lui doit notamment RED ou la publication en français du Vin Nu, d'Alice Feiring), qui s'enticha joyeusement et immédiatement de cette aventure ne demandant qu'à redémarrer, pour peu que les vents lui soient favorables. Quelques e-mails plus tard, encore deux ou trois conversations téléphoniques et le team majeur était reformé : Olivier Grosjean, alias Olif, ne pouvait rester à quai, puisque aussi à la base de la formation de l'équipage. Eva Robineau, dont chacun devinait la part de fraîcheur que sa passion ligérieno-vinique pouvait apporter, Guillaume Nicolas-Brion, du morgon plein les veines et sur le ponton pile-poil au bon moment, pour sauter à bord, à l'instant où on largue les amarres et votre serviteur, pipette dans la poche du ciré et toujours un oeil sur l'horizon.
Et c'est comme cela que l'on accélère le temps. L'été lui-même, pas estival pour deux sous dans bien des régions, participait à la dynamique, en limitant nos envies d'aller plus souvent à la plage. Ce fut également le moment où nous eûmes connaissance de l'aggravation de l'état de santé de notre éditeur. Las! En septembre, ce satané chat noir, impitoyable, eut raison de lui... Comme un homme qui tombe à la mer, en pleine nuit, lorsque les éléments se déchaînent... Adieu Jean-Paul Rocher!... Et pourtant, quelque part, cette envie de lui rendre hommage, de reprendre la barre et le bon cap.
Mais, comment faire?... Lors des dernières semaines de la vie de son père, Marie Rocher a maintenu le contact, confirmé certaines orientations. Après la douleur de la disparition, elle exprime non sans émotion (pour nous aussi!) sa volonté de mener ce projet à son terme. Au nom du père!... Il y tenait au moins autant que nous, il s'agit donc de tout faire pour ne pas ternir la mémoire de cet homme libre.
D'autres conversations vont nous permettre de reprendre la vague, de celles qui rapprochent les personnes de bonne volonté. A Besançon, Julie s'ouvre de l'état du navire à son amie Sabine, des Éditions de l'Epure. Cette dernière rencontre Marie et malgré de nouvelles difficultés, un montage va permettre de relancer l'affaire, même si quelques mois supplémentaires seront nécessaires. Tant pis pour Noël, la parution sera donc possible au printemps!... La même couverture illustrée par Michel Tolmer, la préface d'Alice Feiring, tout y sera!... Et au-delà, quelques cent vingt récits de rencontres dans les vignobles français, italien, suisse, espagnol, voire chilien!... Sans compter tous ceux cités au titre des collectifs régionaux, symboles de certaines dynamiques actuelles.
Bien sur, tous les vignerons que nous aurions voulu évoquer n'y seront pas. Manque de place, répartition indispensable dans les différents vignobles, tendance à privilégier des notoriétés moindres, arbitrages, rencontres trop proches de la date butoir de rédaction... De la même façon, les cuvées innovantes, souvent très récentes et tous les millésimes ne sont pas forcément dans nos carnets de dégustation, mais il faut bien voir dans ce travail, la volonté de transmettre l'envie qui nous anime de partir, aussi souvent que possible, à la rencontre des vignerons, plutôt que de leur attribuer des notes ou des étoiles et encore moins d'établir un quelconque classement!... D'ailleurs, de classement, il n'y a point, si ce n'est celui s'appuyant sur l'ordre alphabétique dans lequel les producteurs apparaissent. De A, pour Abbet à W, pour Wies.
Il vous reste donc à peine plus d'un mois pour la mise en bouche!... De notre côté, nous cachons mal parfois notre impatience, voire une certaine fébrilité, que chacun pourra comprendre. Déjà, quelques signes très encourageants nous sont parvenus, notamment pendant le week-end angevino-saumurois, aux Greniers, à la Dive et ailleurs. Certains vignerons se sont prêtés de bonne grâce à nos brèves mises en scène photographiques, sans oublier les sympathisants de l'affaire!... Et les premiers rendez-vous publics sont désormais connus et inscrits au calendrier : vendredi 8 mars, à Paris, au Lapin Blanc, samedi 16 mars, à Besançon, à la librairie-cave Les Gourmands lisent, pour la véritable soirée de lancement, ou encore le jeudi 28 mars, à la Librairie NordEst, à Paris également, sans oublier les salons des vins ou du livre printaniers.
Finalement, on l'aime ce chemin!... Il propose tant de rencontres, y compris avec nous-même!...