Olivier Rivière refranchit le Rubicon et les Pyrénées!...
Après avoir conforté sa formation auprès de Lalou Bize-Leroy ou d’Elian Da Ros, pour ne citer qu’eux, tout le monde s’attendait, voilà une bonne quinzaine d’années, à ce qu’Olivier Rivière ne s’installe en France pour exercer ses talents de vinificateur avisé. Ce fut presque le cas, puisqu’il avait posé quelques jalons du côté de Fitou. Mais, sa rencontre avec Telmo Rodriguez, autre talent bien connu en Espagne, fut décisive : « Tu peux franchir les Pyrénées, il y a de quoi bien t’amuser ! »
Installé dans la Rioja, Olivier Rivière a pu laisser libre-cours, autant que possible, à ses idées pendant une décennie et demie. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a convaincu jusqu’aux plus exigeants des amateurs. Aujourd’hui, habitant au Pays Basque, l’idée de refranchir les Pyrénées, du sud vers le nord cette fois, a germé. Et, en même temps, de se lancer un nouveau défi. Au Pays Basque même ? Non. Pourquoi pas sur les bords de la Garonne ? Les offres n’étaient pas légion, surtout celles que l’on peut qualifier d’abordables et sur de beaux terroirs. Finalement, c’est à Lansac, au cœur historique des Côtes de Bourg, qu’Olivier a décidé de s’installer et de restaurer petit à petit les installations anciennes du Château Vieux Lansac, situées juste en face de l’église romane du village datant du XIIè siècle.
L’ex-propriété familiale, après quatre générations successives, totalisait une dizaine d’hectares de vignes, dont une grande proportion de merlot, comme il se doit dans la région, avec des parcelles dispersées autour du village et offrant des terroirs nuancés et des orientations variées, dont quelques versants nord, exposition qu’Olivier choisissait volontiers en Rioja. Précisons au passage qu’il est toujours présent en Espagne, même s’il a très légèrement réduit la toile, malgré ce qu’on a pu lire dans la presse ibérique.
A Lansac, tout reste à faire aux Jardins d’Edina, la future identité du domaine, avec notamment un recours important au surgreffage pendant quatre ou cinq ans, afin de réduire la proportion de merlot et d’intégrer dans le vignoble cabernet franc et malbec notamment du côté des rouges, sans doute aussi trois hectares de cépages blancs, avec surtout du sémillon, voire un cépage espagnol !... Autre objectif important, les assemblages à la parcelle, afin d’obtenir une expression du lieu, pour que les différents terroirs apportent leur pierre à l’édifice. En rouge, on pourra découvrir à l’automne 2023, une première « Cuvée Domaine » et sans doute deux parcellaires un an plus tard : Broglie et Grand Puy. Il convient de noter que le vigneron, ayant consulté les dernières cartes géologiques publiées, a pris bonne note de la présence de calcaire parfois (pas si fréquent que ça dans le secteur), de zones plus sablo-limoneuses sur un socle calcaire, voire de présence de calcaire à astéries (Grand Puy), montrant des sols plus blancs très encourageants.
Il convient de conclure sur les premiers jus produits avec les fruits des vendanges 2022. Des vendanges manuelles, au moyen de cagettes de vingt kilos, qui ne manquèrent pas de stupéfier les habitants du cru, tous rompus aux bienfaits supposés de la machine à vendanger. Le cuvier a connu aussi quelques changements au cœur de l’été brûlant. Certaines cuves en béton ont laissé la place voulue à des cuves ovoïdes du même métal, à diverses barriques de volumes différents et à un premier foudre, le tout de bonne origine. D’autres travaux sont envisagés et se feront avec le temps, y compris sur les bâtiments eux-mêmes. Pour ce qui est des vins donc, qui sont en cours d’élevage bien sûr et alors même que le vigneron n’est actif sur place que depuis le mois de juillet, les résultats sont absolument étonnants !... Très belle expression, pureté du fruit, texture et grain remarquables, on imagine l’exigence au cours de vendanges menées tambour battant, mais débutées alors même que toute la contrée en avait terminé depuis des lustres !... Pas de doute ! Le talent d’Olivier a lui aussi refranchi les Pyrénées !...