Les Vergers du Roi au coeur du neuf-trois!...

Nous sommes le 12 mars dernier. Un portrait, dressé par Florence Pitard, dans mon Ouest-France dominical m'interpelle : "Elle sauve les vergers du roi". Il y est question d'une jeune anglaise de 26 ans, Laura Winn, qui vient de se voir décerner, par la fondation Yves Rocher-Institut de France, le prix "Terres de Femmes" 2006, qui récompense chaque année des femmes menant des actions de solidarité et de développement durable.

En fait, cette native de Brighton est vice-présidente de l'association "Mûrs à pêches", située à Montreuil sous Bois, au coeur du 9-3!... Oui, vous savez, cette banlieue de Paris dont on nous montre toujours les mêmes images de rappeurs encagoulés, de carcasses calcinées, de tags déjantés!... Au mépris de tout le reste!...

Des habitants notamment, qui souvent, ont une sensibilité exacerbée pour tout ce qui tend à protéger des espaces de nature, au coeur de la cité. Et, au regard du plan du quartier, on comprend mieux l'impact que peut avoir ce parcellaire et, en même temps, à quel point il doit attiser les convoitises des bétonneurs de tout poil!...

On imagine aisément le combat que cela représente : sensibiliser la population et les élus locaux pour ce qui s'avère être une oeuvre de restauration quasi permanente, entamée voilà quelques années, en s'appuyant sur un historique fort (pensez-donc, les vergers de Louis XIV!... 'pas Versailles, mais quand même!...) et la soif aussi de transmettre un savoir local, par le biais d'une ferme pédagogique (aux portes de Paris!...).

      

Si actuellement, il ne reste que 38 ha préservés de l'urbanisation galopante sur les hauteurs de Montreuil (et 8 seulement, classés et intouchables, suite aux décisions de Dominique Voynet, alors Ministre de l'Environnement), il faut savoir qu'en 1850, 500 ha de pêchers et 600 km de mûrs couvraient la ville! Les raisons de ce choix tenaient, certes, à l'orientation des coteaux, mais bien sur aussi, à la proximité avec Paris, les pêches du sud voyageant mal à l'époque. S'ajoutait à cela, les carrières de gypse de la région, pour la fabrication du plâtre qui, avec silex et terre argileuse, permettaient de bâtir ces mûrs.

   

Alors, me direz-vous, quel est le lien avec le vin?... Il est ténu, avouons-le!... Cet article n'est pas seulement là pour saluer les aventures d'une jeune anglaise sur le continent!... D'abord, une attention toute particulière à cette apparition dans la presse, pour avoir passé toute mon enfance à quelques hectomètres de là, tout au plus, dans une résidence de Rosny sous Bois, commune voisine, qui portait le nom de Grand Verger, du fait de sa proximité avec un des coteaux de Montreuil, couvert de vergers, de jardins de fleurs et de champignonières.

Ensuite, un échange de mails avec Pascal Herbaut, le puisatier de l'association "MAP", qui s'est lancé, voilà quelques mois, dans la restauration d'un des puits du site. Sans doute, y en avait-il de nombreux au début du siècle dernier. Un patient travail de fourmi, chaque dimanche matin, depuis plus d'un an!...

   

   

Pour en arriver à ce résultat, un patient déblaiement fut d'abord nécessaire, sachant que les entreprises mandatées pour la démolition de vieilles maisons du site, ne ce sont guère embarrassées de fioritures!... En plus d'un crapaud, seul occupant vivant du lieu, des débris de mûr, l'ancienne margelle, des restes de jouets d'enfant, un grappin, une clé pour ouvrir les boites de sardines et le signe des gens du métier : une pièce de monnaie trouée des années 20!... Et... et... quelques bouteilles, protégeant encore leur contenu, que l'on peut imaginer, déposées là, au frais, par quelque jardinier, venu y travailler au coeur de l'été, à moins que ce ne fut pour un pique-nique familial dominical.

Un clin d'oeil amical donc, à cette association qui compte quelques 200 adhérents, dont une trentaine jardinent dans le potager collectif ou le jardin d'herbes aromatiques. Et ce, au milieu d'un fourmillement d'associations! Pas moins de dix d'entre elles sont présentes et actives ici, même les "Lez'arts dans les murs", le "Jardin de la Lune" ou "Racines en ville"!...

Et parmi les mérites de "Mûrs à pêches" et non des moindres, figure l'objectif de faire revivre la pêche montreuilloise, vaincue par sa rivale du sud. Elle se cultivait selon des procédés particuliers et il ne s'agissait que de pêches blanches comme la Grosse Mignonne ou le Téton de Vénus!... D'autres variétés anciennes, découvertes aux quatre coins du pays, chez les pépiniéristes, devraient rejoindre celles déjà plantées voilà quatre ans.

Hum!... Je me dis qu'une tarte aux pêches de Montreuil et un cabernet d'anjou de Montreuil-Bellay, par exemple, ça mériterait un beau jumelage!... Pas vous?...

Comments

[Iris]

merci Phil, pour cet article qui ne rapelle pas seulement le passé, mais montre aussi les efforts des gens du présent pour sauvegarder ce "paysage" assez unique.

Peut-être la bouteille de gauche, qui me semble assez ancienne, contenait dans le temps un "vin de pêche"? qui sait...