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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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11 août 2007

Parfum de jumelage Vendée-Champagne!...

Un rien énigmatique, ce titre, je vous le concède!... En fait, il s'agit là de l'acte de naissance d'un vignoble, en Vendée, dont le potentiel historique est indéniable!... L'idée d'une sorte de jumelage vous paraîtra sans doute quelque peu saugrenue, mais vous comprendrez aisément le cheminement d'idée.

Nous sommes donc à Mareuil sur Lay, au coeur du bocage vendéen, à quelques encablures de la plaine de090807_009 Luçon et du marais Poitevin. Un des Fiefs Vendéens qui briguent l'AOC, après moult années passées à tenter de convaincre l'INAO, que ce VDQS mérite bien une promotion. Le Lay est un petit fleuve qui est, en fait, le cours d'eau le plus important du département de la Vendée. Il n'est certes pas bordé de coteaux plantés de premiers et grands crus, comme celui qui traverse la cousine champenoise Mareuil sur Aÿ, mais la vocation viticole du lieu est certaine.

Or, avant tout regroupement de communes et remembrement, non loin du village de Mareuil (sur Lay), se situait une paroisse du nom de Saint André sur Mareuil, berceau viticole du secteur, qu'on appelait d'ailleurs Vigneron, juste après la Révolution. Et là, un château, qui devint au début du XXè siècle, la propriété, à caractère résidence estivale, de la famille Taittinger, célèbre en 090807_008Champagne, dont Pierre, connu notamment pour avoir été le Président du Conseil Municipal de Paris pendant la Deuxième Guerre Mondiale, fut un résident à la fois occasionnel et régulier.

Le château de Saint André a donc été longtemps, à proprement parlé, un des châteaux viticoles en vue de la région. Lorsqu'il fut vendu, par la famille Taittinger, en 1968, Pierre étant décédé en 1965, cette vocation à produire, presque historiquement, des vins de qualité était déjà oubliée, puisque les vignes avaient disparu. Ce qui composait alors le Clos Saint André n'était déjà plus que friche et le restera quelque quarante ans!...

Et c'est là qu'entre en scène Jérémie Mourat, trentenaire passionné de vignes et de vins, fils de Jean Mourat, vigneron local qui créa la Ferme des Ardillers, ou Maison Mourat, connue depuis quelques années notamment pour son Château Marie du Fou (rien à voir avec le Puy...). Redécouvrant090807_010 tous les aspects historiques d'une terre située à quelques centaines de mètres, à peine, du domaine familial et après avoir pris en compte l'échec d'une première négociation, voilà quelques années, Jean et Jérémie Mourat reprirent contact avec les propriétaires actuels de ce fief et trouvèrent un terrain d'entente avec ces derniers. Ils purent ainsi faire l'acquisition de neuf hectares... de friches, situés dans la meilleure partie du coteau. Le rêve, que fait tout vigneron, de disposer d'une telle terre, vierge de tout (mauvais) traitement depuis des lustres, se concrétise alors. Tel le phénix, le Clos Saint André renaît!... Et pour Jérémie, le projet de toute une vie!...

Très vite, la conversation révèle l'enthousiasme, la passion du jeune vigneron mareuillais pour cette aventure. Les traits d'humour dissimulent mal les inconnues de l'affaire. C'est un défi, il n'a pas l'intention de 090807_004le cacher. Tout nouveau, tout beau... et tout bio en plus!... Il est attendu au coin de la parcelle, bien sûr, il ne l'ignore pas. La barre est haute, mais ses goûts sont désormais plus sûrs. Il est admirateur des vins de Thierry Michon, à Brem, non loin de là, ou d'Eric Morgat, à Savennières. Les grandes options sont définies : il s'agit de produire un vin de haute qualité et de s'en donner les moyens dès la plantation. Conversion en biologie, travail de la terre. Le format des vendanges est déjà connu : manuelles, petites cagettes... Le nouveau chai (pas le moindre aspect du projet!) permettra un travail par gravité et un élevage de qualité.

Les trois premiers hectares ont été plantés en avril dernier. Là aussi, il faut tout intégrer. Arracher ailleurs,090807_003 déplacer les droits. Sur ces 3 ha, du chenin pour l'essentiel. Jérémie Mourat veut produire là un grand vin blanc sec. Pour respecter le décret d'appellation et obtenir le droit d'utiliser le terme "clos", il a dû aussi planter du chardonnay (50 ares), même s'il n'apprécie guère ce cépage lorsqu'il est planté dans la région. C'est quelque part, ce qui l'oppose à l'ancien propriétaire, Pierre Taittinger, qui, pour ses crus de Champagne, donna la priorité à ce cépage s'accommodant mieux, sans doute, du calcaire de la Marne que des schistes des contreforts du Massif Armoricain.

Cette plantation, elle-même, ne doit rien au hasard. Étant en possession d'un plan du vignoble, dessiné de la main même de Pierre Taittinger dit-on, Jérémie Mourat étudia longuement le document, puis opta pour un 090807_001premier secteur, dit le Fief des Grolles, dont le sol se compose notamment de schistes rouges, qui se délitent parfois, avec une terre assez lourde et une assez grande proportion d'argile, éventuellement ferrugineuse. Presqu'une terre à rouges d'ailleurs!... Les six autres hectares composant le Fief de la Pierre et Les Braudières sont, sans aucun doute, des terres plus chaudes, avec des schistes gris-jaunes, des ryolithes et une proportion non négligeable de quartz de divers formats. Espérant travailler bientôt avec le botrytis, qu'il apprécie particulièrement, le vigneron pourrait bien être amené à composer avec une bonne dose de raisins passerillés, surtout lorsqu'on constate l'aérologie du lieu...

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Il en faut plus, sans doute, que toutes les incertitudes du climat, pour casser son enthousiasme. De plus, il dispose d'un peu de temps pour mieux cerner le lieu, pour choisir les options. La première cuvée du Clos Saint André pourrait être millésimée 2010, voire même 2011. Ce sera son premier rendez-vous avec tous les professionnels et les amateurs. Avec lui-même aussi. Avec ses propres rêves. Un peu comme une naissance. Tout aura été fait pour atteindre un objectif qui reste ambitieux. Et les premiers regards échangés, verre en main, pourraient alors générer quelques frissons le long de son échine et nous, sur nos papilles étonnées. Pour ce type d'aventure, je crois que nous sommes déjà un certain nombre à rêver de lui dire alors : "Bravo Jérémie!..."

Allez, Monsieur Mourat!... Au travail!... Nous attendons avec une certaine impatience, des nouvelles de votre terre d'aventure!... Ceci dit, je persiste : un peu de pinot meunier planté là, comme par erreur, vous permettrait peut-être un jour, de croiser le fer, en quelques sortes, avec vos illustres précédesseurs champenois, en sabrant quelques flacons, lors de bacchiques festivités célébrant une sorte de jumelage, par delà les générations et les époques!...

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Commentaires
I
Je tiens à remercier en premier lieu Philippe d'avoir fait le déplacement chez la famille Mourat.<br /> Il est vrai que la maison Mourat n'est pas seulement une maison de négoce mais avant tout des vignerons qui souhaitent tirer vers le haut toutes les cuvées de leur domaine. Je vous invite à les découvrirs.<br /> Merci encore à Philippe pour ce périple dans le Pays de Mareuil et merci aux vignerons (Jean et Jeremie) de nous faire découvrir la richesse de leur terroir.<br /> Amicalement<br /> jerome
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voilà qui me permet de mieux connaitre "ma" Vendée que j'habite depuis près de 3 ans !!!!
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