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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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15 décembre 2007

Eric Morgat, des Grands Crus en Anjou!...

Belle après-midi hivernale à Savennières et aux environs, en compagnie d'Éric Morgat, avec qui nous avions convenu de longue date, de cette découverte des nouvelles parcelles dont il dispose et d'un retour sur celle que l'on peut qualifier de parcelle fétiche, surplombant la Loire et la Pierre Bescherelle, qui n'a d'égal en matière de profil de grand cru, que les plus beaux vignobles de Condrieu ou de l'Hermitage rhodanien, voire de certains autres, du Valais ou du Dézaley vaudois.

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Pour Éric Morgat, l'année 2007 se termine plutôt en douceur. Elle a pourtant connu son lot d'évènements, tantôt pleins d'une charge émotionnelle intense et légitime (un mariage en Espagne, au coeur de l'été, avec Ana-Maria!...), mais aussi du fait du stress généré par l'aménagement en cours de l'ex-propriété familiale, le Château du Breuil, dont il s'est vu confier la lourde charge. Passons rapidement sur un double déménagement (exit le Domaine de la Monnaie!...) domicile et domaine viticole, qui n'était pas aisé à régler d'un claquement de doigts et finissons sur les affres d'un millésime hors normes, ayant nécessité le double de traitements d'une année normale!... Dure, dure, la vie d'artiste!... Et comme on ne peut passer sous silence l'engagement du vigneron dans les instances locales*, on comprend aisément qu'il aspire à une année 2008 aux allures de long fleuve tranquille, telle la majestueuse Loire, qu'il a le loisir d'observer parfois...

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Un rendez-vous axé, donc, sur la découverte des nouveaux crus du vigneron, tant à Savennières et Épiré qu'à Beaulieu sur Layon. Commençons par ce dernier, situé dans le secteur du Château Pierre-Bise, de Claude Papin et plus précisément des Rouennières. Un terroir hors normes!... Pour Éric Morgat, un mélange de survivance familiale et de souvenirs d'enfance. Nous sommes là en vue de la demeure qui fut celle de ses parents, un domaine qui a toujours proposé des moelleux-liquoreux et à quelques pas d'un site peu commun dans la région, le coteau de Pont Barré (une réserve de plantes... méditerranéennes plutôt rares où, l'été, chantent les cigales!), qui porte notamment les vignes de Jo Pithon, pour sa cuvée Les Treilles. Ce fut là, le terrain de jeu des enfants du coin et malgré la pente, le jeune Éric mena souvent l'assaut du rocher, où s'étaient embusqués quelque troupe d'indiens, à moins qu'il ne s'agisse parfois de sarrasins, succombant sous la lame de quelque preux chevalier croisé!...

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Suivons le guide!... Si l'on entend parfois les cigales dans ce site exceptionnel, Éric Morgat n'a pas eu besoin de se faire violence pour s'atteler à un travail de fourmi!... La préparation de cette terre rachetée au Breuil ne s'annonçait pas facile, en vue de la plantation d'un hectare de chenin. Mais la passion et la perspective de produire un grand Coteaux-du-Layon surpassaient l'effort nécessaire.

A l'origine et depuis très longtemps, il s'agissait là d'un ancien pâturage pour les vaches ou les chevaux. De tout temps, ils s'y sentaient bien et étaient d'une belle santé. Malgré la rareté de l'herbe pendant l'été, les troupeaux préféraient ce coteau, à l'herbe grasse des prés inondables, sur les rives du Layon. Question de vibrations, peut-être...

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Nous sommes là dans une zone de roches volcaniques, les spilites. On les brise aisément et on découvre alors leur beauté. Parfois, dans des zones de faille, des quartz agglomérés se sont intercalés. Bien sûr, les jeunes plants mis en terre en 2003, 2004 et même 2005 ont souffert, le temps qu'ils prennent leur aise. Mais, cela a permis de revoir les sélections, tant clonales que massales. La densité est de 5000 pieds l'hectare. Les porte-greffes sont des gravesac, 101-14 et poulsen.

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Sur cette parcelle, qui porte le nom de Moulins à Vent, Éric Morgat a réalisé là, en 2007, ses premières vendanges. Guère plus de 6 hl!... Mais, déjà dans l'esprit de ce qu'il voudrait proposer avec ce Coteaux-du-Layon : un degré nature situé entre 17 et 20° maximum et une expression optimale du terroir. A n'en pas douter, quelques pas sur ce coteau et dans cet environnement plus ardèchois qu'angevin, suffisent à laisser présager quelques flacons majeurs pour la région. Néanmoins, soyez patients, la réservation n'est pas encore ouverte!...

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A peine le temps de contempler l'avancement des travaux au Château du Breuil et il nous faut reprendre la route de Savennières. Nous voici dans la très aristocratique Roche-aux-Moines. Pourtant, au moment de la Révolution Française, Savennières est Bleue!... la Bourgeoisie, de diverses origines, un rien médocaine dans son approche du paysage (grandes demures...) est républicaine et veut jouer son rôle dans l'Histoire. Le curé du village est un prêtre-jureur. Tout cela, par opposition au Layon de la rive gauche de la Loire, catholique et royal. Très longtemps, jusqu'à nos jours ou presque, nous retrouverons cette différence "culturelle" jusque dans le vignoble. Là-bas, des vignerons-paysans qui taillent, vendangent, vinifient et dirigent les domaines. Ici, le royaume des maîtres de chais, tous d'origine locale, qui se cotoient souvent et comparent leurs expériences.

Sur notre gauche, la Coulée de Serrant et le Domaine Laroche, en contrebas, sur notre droite, le village. Nous sommes au coeur d'un ensemble de parcelles qui appartenaient toutes au Château de Chamboureau. Elles furent cédées en 2005. Éric Morgat possède là un demi-hectare, le Pré Rigourd. A peine quelques rangs. Sur leur droite, une plantation récente de Claude Papin. Plus bas dans le coteau, quelques arpents à Damien Laureau. Sur la gauche, il reste une parcelle de Chamboureau et une autre au Domaine des Forges, de la famille Branchereau.

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Cette parcelle est assez récente, plantée en 1999. Elle a été entièrement reprise. Il s'agit là d'altérites de schistes sur un sol assez important. Parfois même de schistes talqueux, ce qui offre, malgré la densité de cailloux, une grande porosité. Les racines de la vigne peuvent ainsi explorer profondément. Cela confère aux vins beaucoup de structure, mais sans que la vigne n'ait à souffrir de stress hydrique. Jusqu'à cette année, les quelques hectolitres issus de cette parcelle sont intégrés à la cuvée du domaine, L'Enclos. Mais, bientôt... un Savennières-Roche-aux-Moines du Domaine Éric Morgat, à n'en pas douter!...

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Le soleil approche de l'horizon lorsque nous gagnons le Coteau de la Pierre Bescherelle, à Épiré. Un hectare défriché en 2002, planté en 2004 et 2005. Et, là encore, un terroir exceptionnel et un sol couvert de schistes de différentes formes. Ardoisiers dans le haut et offrant de superbes pierres à la tranche noire, parsemée d'éclats de mica, dans certaines zones. Magnifique!... Vous avez dit Grand Cru?... Bien sûr, il nous faut encore patienter avant de découvrir la classe pressentie de ce qui pourrait être le Clos des Petites Rivières. Jusqu'en 2009, pour ce qui est du millésime!... Et donc, quelques temps de plus avant la mise en cave!... Dure, la vie d'amateur!...

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A l'issue de ce tour d'horizon, passage au Château de Coulaine, où se situe désormais le chai d'Éric Morgat, en attendant la nouvelle construction, près de son domicile. Dégustation de quelques lots de 2007, qui se goûtaient admirablement bien ce jour-là, avec un fruit d'une très grande pureté et une tonicité très agréable. Retour également sur les 2006, en cuve et non encore assemblés. Un millésime aux acidités élevées, sans fermentation malolactique. Au final, ils vont sûrement dénoter avec les versions les plus récentes de L'Enclos. Dans le plus pur respect de l'effet millésime!... Et c'est tant mieux!...

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Il va sans dire que les trois terroirs d'Éric Morgat, à l'instar des Mousquetaires d'Alexandre Dumas, sont quatre!... Le dernier est quasiment virtuel, pour l'instant. Il porte le nom de Clos Ferrard. Plus de trois hectares, à proximité du Moulin de la Petite Roche et en bordure de la route de La Possonnière. C'est là que se situe la maison du couple Morgat. Et c'est là encore, une très belle zone. A terme, on y trouvera121207_002 donc le nouveau chai et... quelques hectares de chenin, comme il se doit!... N'en doutons pas, là comme ailleurs, de quoi porter Savennières très haut dans la hiérarchie des crus d'exception!... Qu'on se le dise!...

*: un engagement qui porte ses fruits, puisqu'il semble que le Syndicat des Vignerons de Savennières, cher à Luc Bizard, du château d'Epiré, a pris cette année, deux options plutôt déterminantes, sous l'impulsion d'Éric Morgat, notamment : l'interdiction d'utiliser la machine à vendanger, ainsi que celle de chaptaliser!... Pas rien!... Une troisième, l'interdiction de traiter chimiquement dans le rang, est restée en suspend, pour le moment. Quand on sait, de plus, que la plupart des domaines-vitrines de l'appellation s'oriente vers culture bio et travail des sols, il y a de quoi espérer en des jours meilleurs et en des vins exprimant enfin, la grandeur d'un terroir magique!... Ainsi, les domaines Laroche, du Closel et Chamboureau se mettent dans les pas, en quelque sorte, de la Coulée de Serrant. Pour ce qui est de Chamboureau, surprise : un nouveau conseiller, dit-on, y intervient désormais (à long terme?...) : Stéphane Derenoncourt, soi-même!... Décidément, ça bouge dans les Grands Crus de la Loire angevine!... 

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Commentaires
P
Non, celui de Savennières!... ;-)
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E
Le château de Coulaine, c'est celui de Chinon???
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P
Iris,<br /> Voilà des lieux qui m'ont permis de repenser à ton voeu de planter du chenin à Lisson et pour un jour, nous remettre dans les pas d'Allison, une amie sud-africaine, qui nous proposa naguère de grandes journées, avec Tous les chenins du Monde, à Fontevraud!... @ suivre, peut-être...
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I
encore une superbe visite contée - j'adore tes tours de vignobles et les cartes postales, qui ressemblent de plus en plus à des petits livres - qui suivent. Merci, de partager ta passion avec nous!
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