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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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19 mars 2015

Rémi Sédès, vigneron en Coteaux d'Ancenis (44)

Il était une fois un musicien que l'intermittence incita, certains jours, à passer en continu, option nature et vigne. Non pour évacuer cependant, l'idée d'un projet alternatif. Rémi Sédès a voulu vivre son projet, intensément, dans toutes ses phases, toutes plus déterminantes les unes que les autres. Originaire du Jura, où il compte d'ailleurs quelques cousins vignerons à Château-Châlon, mais ayant toujours vécu à Paris, il se destine dans sa jeunesse à de sérieuses études agronomiques, mais le rythme endiablé des prépas le sort des rails. Il opte alors pour ce qu'il qualifie lui-même de vie de bohème...

Rémi et Tocade au travail-Labour-030513-057b67
Les photos de Rémi et de ses chevaux sont de Pierre Darmangeat

Accordéoniste, il se glisse dans un petit groupe de l'Est, Les Tontons Zingueurs et forme aussi un duo avec son pote rom Juliano, Les Chavorés (les jeunes en français). Il gravite ensuite autour de la compagnie du Tire Laine, dans le quartier populaire lillois de Wazemmes. Quand la musique est bonne... On devine à quel point ces moments ont développé chez Rémi, une grande sensibilité et un goût pour les rencontres qui comptent.

En 2004, il tourne la page et commence à s'intéresser au vin. Il quitte alors le Nord, un peu comme Stéphane Derenoncourt a pu le faire naguère et met le cap sur le Nord... Libournais. Il apprend et se forme dans les vignes, souvent conduites en conventionnel "où on laboure parfois pour faire propre" à St Emilion, Fronsac, dans l'Entre-Deux-Mers, à la Cave coopérative de Guîtres et finalement en Côtes de Francs, au Château Le Puy.

001D'autres rencontres l'amènent à Nantes en 2010 et il travaille alors pendant deux ans chez Vincent Caillé, à Monnières, où il découvre vraiment le bio. De fil en aiguilles et de cep en sillons, il construit son désir de s'installer, même s'il faut partir de zéro. Il met la barre assez haute, puisque certes, avant tout, il lui paraît évident de pratiquer une viticulture bio, mais opte aussitôt pour la traction animale dès la reprise. C'est Jacques Carroget, producteur quasi incontournable de vins naturels en Pays Nantais, qui va alors lui proposer de reprendre 2 ha 50 sur la commune de St Herblon, en Coteaux d'Ancenis, rive droite de la Loire. Le défi est lancé, du coup, avec ses quelques économies, il acquiert, unique investissement, une superbe jument percheronne, Tocade des Forges, du célèbre élevage ornais. Comble de bonheur, il s'avère vite que celle-ci est pleine et depuis, la pouliche Céleste forme avec sa mère un duo équin qui ne manque pas d'étonner dans le paysage du nord de la Loire-Atlantique. "Je dis parfois que j'ai choisi Tocade, mais je me demande si, au final, ce n'est pas l'inverse!..." Coup de foudre?... Allez savoir! Désirant se familiariser avec le travail et la jument, certain de développer une indispensable complicité, il découvre l'univers fascinant du cheval et n'hésite pas à se former chez Frédéric Carlier, dans la Creuse, ferme école également fréquentée par le couple angevin Debout-Bertin ou encore Julien Braud, de Monnières lui aussi.

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Les vignes du domaine sont donc composées de deux îlots. Le premier ici-même, repris en mars 2013, des jeunes vignes adolescentes de gamay, en pleine forme, selon le vigneron, sur un terroir de micro-granite. Le second de 1 ha 50 de vieilles vignes, à une quinzaine de kilomètres, du côté d'Oudon, sur un beau coteau en Muscadet-Coteaux de la Loire. L'enthousiasme du début est vite bousculé par les premières difficultés, mais la prise de conscience, après dix ans de salariat, s'impose. Pour s'installer sans emprunter, grâce à un réseau fort, il propose une pré-vente de bouteilles par souscription du millésime 2013, ce qui lui permet d'acheter des cuves et lui dégage une petite trésorerie, afin notamment de payer les premiers vendangeurs. Mais, il convient de faire face, afin de proposer un millésime 2014 convaincant. De plus, il vient juste d'être papa d'un petit Noé et, habitant à Rezé, dans la proche banlieue nantaise, il ne s'épargne pas les trajets en train, même s'il a désormais opté pour quelques nuits passées en mobile-home sur l'autre rive de la Loire, chez un copain qui fait du fromage de chèvre et lui permet aussi de laisser Tocade et Céleste au pré.

Pose des harnais et changement de pré-050613-43b50   Rémi et Tocade-Dans les sillons-St Herblon-040713-20bb67   LES FILLES-Tocade et Céleste-Vigne St Herblon-041213-03b50

L'an dernier, il a du se résoudre à emprunter le tracteur de la CUMA pour les travaux à la vigne et bien faire connaissance avec elles. Mais, en 2015, l'essentiel se fera au cheval, jument et pouliche devant réintégrer le pré voisin au plus vite, au terme de la taille en cours. Le début d'année n'en sera pas moins rythmé par les journées obligatoires, auxquelles on se doit d'assister à la Chambre d'Agriculture de Loire-Atlantique, lorsqu'on sollicite quelques aides. Une formation qui ne manque pas de surprendre Rémi d'ailleurs, lui qui se retrouve au sein d'un groupe de stagiaires composé surtout de producteurs de lait (une "caste" très puissante en L-A!), ce qui fait de lui une sorte d'OVNI dans une session intitulée : "Placer votre projet dans le contexte actuel." Et pour cela, il n'entend parler que du prix du lait! Colère!...

005Pour produire ses premières cuvées, il a eu la chance de trouver un local au coeur d'un hameau voisin, Les Baux (mais pas de Provence!) dans lequel il a pu installer ses cuves et où il ne manquera pas d'aménager un petit caveau de dégustation avant longtemps. Cette sorte de grange ancienne est devenue un cuvier isolé un peu par l'entremise du hasard. Alors qu'il cherche un moyen économique de réaliser cette isolation indispensable, il croise la route d'une entreprise de démolition s'évertuant alors à démanteler les chambres froides d'un Leclerc de la région. Il en récupère les portes, qui vont lui permettre d'habiller la charpente du bâtiment. Qui dit mieux?... Mais, l'imagination et la débrouille animent la réflexion du vigneron. Il va ainsi confectionner avec du chêne de récupération, un chapeau de cuve dont le poids lui permet de rester immergé le temps voulu et ainsi, éviter tout pompage et toute aération inopportune. Plutôt ingénieux!...

Nous découvrons ensuite les cuvées millésimées 2014 en cours d'élevage. Le Blanc tout d'abord, le Muscadet, s'il passe l'agrément, sans trace de soufre à ce stade. Il reste encore un peu de sucres résiduels (15 gr environ), mais il est franc et net, avec un bon potentiel et de la matière. Le rosé 2014 (Tocade en 2013) ensuite : il reste aussi quelques sucres, +/- 9 gr, le tout issu d'un pressurage de gamay, comme il se doit, avec une très jolie gamme d'arômes. Ça goûte et c'est toujours sans soufre!... En rouge, il y aura sans doute deux cuvées (raisins ramassés les 1er et 9 octobre), dont une sélection issue du haut de la parcelle, où la roche affleure. C'est de cette partie que provient Trait Gamay 2013, sans soufre non plus, dotée notamment d'une épatante finale saline, dans un style gamay sur granite, mâtiné de saveurs océanes!... Très encourageant!... Egalement disponibles, quelques flacons de la Cuvée Noë 2013, le premier rouge de la gamme. Rémi Sédès ne fait pas du zéro soufre un dogme absolu et tient aussi à assumer son statut de débutant recherchant un équilibre satisfaisant, tant à la vigne, où le but est de favoriser la vie grâce aux labours plutôt que de désherber, qu'au cuvier, où il ajoutera deux grammes de soufre sans scrupules avant la mise, si le doute s'installe.

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Néanmoins, il apprécie comme il se doit le travail du GAB 44 (Groupement des Agriculteurs Biologiques de Loire-Atlantique) et notamment celui de Nathalie Dallemagne, chargée de mission "viticulture et oenologie naturelle" au sein du CAB (Coordination Agrobiologique des Pays de la Loire). Cette dernière contribue, par un appui technique énorme, à informer les vignerons de l'évolution de leurs cuves en cours d'élevage. Des prélèvements, des observations attentives au microscope grâce à un "labo itinérant" permettant aux vignerons de faire instantanément le point des levures et bactéries présentes dans les moûts et dans les vins. Sans oublier les analyses de pH, potentiel redox, oxygène dissous. Suivent une interprétation et d'éventuelles préconisations, en clair, tout ce qu'il faut pour éviter aux producteurs des prises de tête et démontrer, si c'est encore nécessaire, que les vins naturels ne sont pas forcément issus d'un empirisme dogmatique aux relents ravageurs!...

img668Rémi Sédès, un nom à suivre, un vigneron que vous pouvez inscrire sur vos tablettes!... Au milieu d'autres, vous pourrez le rencontrer à l'occasion de la 1ère édition de MOB (melon of bourgogne), le Festival du Vignoble Nantais, qui se déroulera le samedi 25 avril prochain à La Baule-Escoublac (Centre des Congrès Atlantia, 21, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny) de 10h à 19h, une initiative grand public proposée par Beehind, cher à Chloé Guéret, avec l'aide de l'Association des Vignes de Nantes et du Garage à Vins. Pas moins d'une trentaine de vignerons seront présents, les Landron (père, fils et même cousin!), Pesnot, Braud, Bretaudeau, Caillé, Orieux, Chevalier pour ne citer que ceux-là!... Un évènement, ni plus ni moins!... A vos agendas!...

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Commentaires
M
Je vous dit BRAVO et FELICITATION pour votre engagement dans un projet qui vous tient à cœur.<br /> <br /> La vie est comme une barque qui navigue sous un vent favorable <br /> <br /> Bon vent à vous donc...!<br /> <br /> Marielle
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