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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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20 mars 2015

Muscadet : Manu Landron et Marion Pescheux : bon sang ne saurait mentir!...

Lors d'un précédent passage chez Jo Landron, nous avions appris que son fils, Manuel, revenait au pays, après avoir parcouru une partie de l'hémisphère sud, option Nouvelle-Zélande et Chili, puis séjourné en Touraine. Jo aurait-il décidé de céder les manettes du ou des Domaines Landron?... Que nenni!... Certes, quelques jolies parcelles sont déjà une sorte d'héritage, mais Manu Landron et Marion Pescheux volent désormais de leurs propres ailes, comme s'ils s'étaient jetés, avec un deltaplane biplace, du château d'eau de Bellevue, pour un survol du vignoble de La Haye Fouassière, dont ils sont natifs tous les deux. A moins qu'ils ne se parent des ailes de Jonathan Livingston, au pays où l'on entend et où l'on voit parfois des goélands, rappelant à tout un chacun que la mer océane est proche. Voler de ses propres ailes, transgresser quelques certitudes du vignoble local et mener une existence hors du commun où les difficultés peuvent mettre en évidence et souligner les matins où "l'or d'un soleil tout neuf tremble sur les rides d'une mer paisible!..."

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A l'échelle du vignoble nantais, 7 ha 50, c'est plutôt un timbre poste, certains diront (notamment les banquiers du cru) presque un confetti!... Mais, pour Manu et Marion, même pas peur!... Il faut dire que Jo, pas mécontent au passage de réduire la voilure, dit-on, a sélectionné pour son fils une sorte de melting-pot de terroirs, façon terrain de jeu, afin de se forger une expérience. Terrain de jeu, façon de parler bien sûr et pour ce qui est du pot, à l'image des énormes cuves que l'on trouve parfois dans le sous-sol du vignoble, c'est raté!... En effet, à ce stade, le jeune couple s'imagine mal composer des muscadets d'assemblage, recette pour le moins classique dans les environs. Résultat, pas moins de neuf cuvées de parcellaires sont disponibles : quatre muscadets (ou vins de France?), deux pet' nat' (blanc et rosé), un rosé tranquille, un rouge issu de vieilles vignes et une folle blanche!... Fermez le ban!...

010Leur installation remonte à décembre 2013. Bien sur, ils ont pu faire quelques essais en vraie grandeur sur un hectare du domaine familial, mais ils travaillaient à ce moment là en Touraine et ce, depuis deux ans passés chez Xavier Weisskopf, puis Lise et Bertand Jousset, du côté de Montlouis. Même s'il ont encore en mémoire leur passage au Chili, chez Louis-Antoine Luyt (en mode wwoofing, selon Manu!), il est temps d'avancer plus concrètement.

Nous avons donc rendez-vous au pied du château d'eau pour un petit tour de vignes. Marion nous accueille et nous rejoignons Manu, occupé à tailler dans les parcelles situées au pied de ce monolithe de béton joliment décoré (ce n'est pas toujours le cas!), cette sorte d'amer des vignes, que l'on aperçoit aisément à la ronde. L'après-midi avance et, avant longtemps, ce dernier devra passer chez la nourrice, pour retrouver Ael, représentant de la plus récente génération de Landron.

Il y a là 2 ha 50 destinés à la production d'un Muscadet, mais aussi de l'un des pet' nat'. Un secteur, La Croix Moriceau, qui a donné du fil à retordre au duo, en 2014, avec une présence importante de ver de la grappe. Un phénomène mis en évidence, à priori, du fait de l'absence de haies par ici et donc de prédateurs, alors qu'ailleurs, rien que de très normal. Sur le versant sud, côté Sèvre Nantaise, un îlot sur le coteau du Breil, secteur sur orthogneiss, avec un peu de silice, mais aussi les 70 ares environ du Petit Mortier Gobin (PMG!), fleuron bichonné du domaine, planté dans les années 70 ou 80, avec son cocktail d'orthogneiss là encore, mais aussi de grès et de l'argile en surface.

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Marion évoque chaque parcelle avec passion et détermination. Avec Manu, on devine que l'histoire s'appuie sur des ressentis déjà anciens (tout est relatif, vu leur âge!), confortés par l'ouverture sur le monde, la richesse d'une découverte d'autres vignobles de la planète et une forte sensibilité à la nature. La jeune hayonnaise (c'est le nom des habitants de La Haye Fouassière) était, voilà quelques années, étudiante en histoire. Elle rencontre Manu un jour de vendanges et... Bacchus fit le reste!... Très vite pourtant, le jeune vigneron part pour un an, comme prévu, aux antipodes, en Aotearoa, le pays du long nuage blanc... Du coup, la jeune femme rate son année de fac, doit opter pour autre chose du côté de Caen, idée qu'elle n'apprécie guère. Désespoir, sortez vos mouchoirs!... Le temps d'une conversation téléphonique, qui lui permet de croire à la possibilité de trouver du travail au pays des All Blacks et la voilà dans un long courrier en vol pour l'hémisphère sud!... Aah, l'amoûûr!... A peine deux dizaines d'heures de voyage et elle se retrouve en Central Otago, dans un domaine en biodynamie, Felton Road, ce qui ne manquera pas d'être déterminant. D'ailleurs, dès leur retour du Chili, elle entamera une formation pour adultes, du côté d'Amboise.

Petit détour sur l'autre versant du coteau, du côté de la voie ferrée, avec notamment une parcelle de 40 ares entourée de maisons ou presque, sur gneiss et orthogneiss. Non loin de là, un autre carré sur amphibolite (ben oui, quand même!), mais pas forcément pour "copier" la cuvée vedette de papa!... D'ailleurs, Manu ne dispose pas des mêmes bacchantes que Jo, à peine une barbe naissante!... Il faut bien se construire une image, lorsqu'on commence à fréquenter les salons : après la Dive cet hiver, bientôt Vini Circus (11 et 12 avril, à Guipel), puis à suivre le salon Rue 89 des vins, Sous les pavés la vigne! cher à l'ami Antonin, les 3 et 4 mai prochains, sans oublier MOB, à La Baule, le samedi 25 avril. Notez aussi qu'une parcelle de gamay, en Coteaux d'Ancenis, vient compléter l'ensemble, histoire d'avoir toutes les cordes à leur arc, sans oublier une friche de 60 ares bientôt disponible à la plantation. Folle blanche?... Pinot noir?... A suivre!...

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Pour ce qui est des installations, pas facile de trouver une cave tout à fait adéquate et libre dans le Muscadet!... Finalement, c'est dans la commune voisine du Pallet que le couple a trouvé en même temps un logement familial, le siège du domaine Complémen'Terre et un espace permettant les vinifications. De grandes cuves souterraines bien sûr (l'ancien propriétaire vendait à la citerne!), mais une seule sert pour les débourbages. Et donc, une série de petites cuves aériennes, dont on fait le tour, afin de découvrir les jus 2014, puis les toutes récentes mises. Parmi ces dernières, la Folle blanche 2014 de Château Gaillard, étiquetée 68ares, à cause de la surface du petit cru avant tout, mais peut-être un peu aussi, pour son caractère printanier voire novateur (vous avez dit révolutionnaire?...) et ses 10,8° natures. C'est vif à souhait, follement tonique! En fait, ça respire le joli mois de mai avant l'heure!... Et le tout en zéro sulfite et illustrant parfaitement les vins de l'année : "hyper stables, malo partout, des fermentations qui se sont bien passées et une qualité de jus globalement superbe!..."

On goûte également La Croix Moriceau, Le Petit Mortier Gobin et Le Breil, comme autant de jalons que l'on va apprendre à identifier au fil des millésimes. Parfois, les mises récentes tendent la finale, d'autres cuvées peuvent encore attendre. Une autre façon de lire les muscadets. Nolem, quant à elle, est l'union de deux parcelles (histoire d'être l'exception qui confirme la règle) Les Landes et Les Ratelles, le tout passé en barriques. Le gamay rosé répond au doux nom bretonnisant de Ker Ma, alors que les pet'nat' portent les noms de Potion Mama Rosé et Potion Mama Blanc. Pour le gamay rouge, l'étiquette identifie tout simplement La Bouteille Rouge.

De la nouveauté donc, au coeur du Muscadet!... Et une volonté de faire bon, sans forcément partager toutes les conventions locales. Manu Landron et Marion Pescheux proposent des vins qu'ils aiment. Certes, ils ne sont pas insensibles à la notion de cru, qui se développe en Pays Nantais, mais certains aspects, comme bloquer les malos avec le soufre, ce n'est pas leur tasse de thé!... Ils entendent les suggestions des uns et des autres (Marc Pesnot leur souffle parfois : "Vous faites pas ch..., mettez tout en vin de France!"), mais ils semblent avoir les pieds sur terre. Ils veulent certes se laisser guider par leur instinct, mais savent que les réalités, économiques notamment, rattrapent les imprudents par trop rêveurs. Et peut-être avant longtemps, opter pour une évolution vers la polyculture. En effet, la soeur de Manu élève des brebis et produit des fromages dans la Sarthe, avec l'espoir de trouver des terres au pays, mais ce n'est pas simple... Et pourquoi pas des arbres fruitiers, du miel, un potager?... Indiscutablement, cette nouvelle génération veut faire bouger les choses et c'est tant mieux!...

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