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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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15 mai 2021

Christophe Bosque, à Gorges (44) : la passion selon De Vini!...

Depuis quelques années, il est devenu un personnage incontournable, de par sa stature notamment, de la plupart des salons au naturel. Mais Christophe Bosque, un temps agent sans frontières, est passé de l'autre côté du miroir, histoire de défier la force et plus encore, son côté obscur, surtout quand le printemps brûle, à cause d'un gel ravageur, tout espoir d'une vendange réjouissante. Avec lui, il y a peu de chance de constater que les évènements peuvent l'abattre. "Je suis plutôt un warrior!..." De toute façon, il est très probable que tout se termine dans un grand éclat de rire, à un degré variable de l'échelle de Richter de l'humour, même quand il reçoit ses visiteurs un jour façon noeud lunaire, selon le calendrier biodynamique, ou lorsqu'une alerte jaune orage et vent fort est annoncée dans la région. Le genre de circonstance calendaire où il arrive qu'on se découvre un certain intérêt pour la comptabilité, alors même que les échantillons se confinent (c'est d'actualité, vous me direz!) dans un mutisme déroutant non-révélateur!... Baisse de pression, mais pas dépression au Domaine De Vini!...

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Le vigneron de Gorges rechigne quelque peu, depuis ces matinées glaciales dévastatrices, à marcher dans les vignes. Pourtant, près de sa cave, on devine que les melons de Bourgogne du secteur sont à classer dans la catégorie vieilles vignes. Il dispose ici de 1,2 ha (+ 0,4 dès l'an prochain) plantés vers 1950 et longtemps entretenus à l'ancienne : aucun produit chimique et travail au cheval, ce qui permet de croire que l'enracinement est profond, sur ce sous-sol granitique. Tout près, on devine les premières parcelles classées en cru communal de Clisson. Bien sûr, avant la reprise, ces vignes étaient entretenues de façon très conventionnelle, mais le patrimoine semble intéressant, avec très peu de manquants. C'est un crève-coeur de constater à quel point les inflorescences sont rares... "C'est presque du 100% ici... Si on fait cinq à dix hectos cette année, ce serait un miracle!..."

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Les installations sont classiques de la région, avec notamment quatre cuves enterrées "à la nantaise", dont les parois sont couvertes de carreaux de grès, deux fois 90 hl et deux fois 70, ce qui représente une capacité d'élevage et de stockage plutôt confortable. Il faut y ajouter trois jarres en grès, pour tenter quelques expériences et autres variantes. Notez que s'il dispose de vignes sur granite, le vigneron ne cache pas une certaine prédilection pour les jus issus de gabbro, par sensibilité personnelle et sans doute pas du fait de sa découverte de la viniculture auprès de Bruno Cormerais notamment, connu pour ses cuvées sur granite de Clisson. Au final, l'équilibre de son entreprise tient aussi largement à son activité de négoce, un véritable moteur et une dynamique qui lui permettent de laisser libre cours à ses coups de coeur. Et ainsi, ne pas s'enfermer dans une logique implacable.

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"En fait, à l'école, j'étais un cancre intergalactique!..." Reprendre les études à trente-neuf ans s'avère compliqué, mais il passe son BTS en 2008, afin de s'installer. Avec un copain, le Nazairien d'origine vinifie dans le Sud et tente d'y vendre son vin. Malgré tous ses efforts, les difficultés apparaissent et il est impossible d'enchaîner les millésimes. Qu'à cela ne tienne, il se lance en solo dans une carrière d'agent, pour laquelle il trouve une certaine stabilité au bout de trois ans. Mais, cette stabilité, au bout de sept ou huit ans, quand elle se limite aux frontières nationales et à une clientèle régionale peinant parfois à comprendre ces vins dits nature, le laisse perplexe. Lui qui se définit à l'origine comme "un buveur d'étiquettes, mais passionné de vin", quelque peu formaté par sa formation, passé de façon quasi aventureuse des grands salons internationaux (Vinexpo par exemple) à Millésime Bio, seulement fréquenté à l'époque par quelques pionniers, prend de véritables claques en matière de dégustation, mais ne rêve que d'une chose : faire découvrir ces nectars aux passionnés. 2009, avec les journées passées à Renaissance des Appellations, entre autres, lui permet de découvrir et de définir ce qu'il aime, même si les vins naturels lui imposent, au début, une sorte de gymnastique intellectuelle, que bien d'autres, comme lui, ont découvert verre en main.

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Avant d'être un passionné qui se résout à faire de l'alimentaire, Christophe Bosque change de cap et de destination. Il franchit les frontières (Espagne, Italie, Allemagne, République Tchèque...) et se lance dans l'import. Suite à son passage sur certains salons fétiches, comme H2O végétal, en Catalogne, il connaît un certain succès qui le remet sur pieds. Façon de parler, puisqu'il connaît une année noire en 2017, en se blessant malencontreusement dans son chai, ce qui le laisse sur le flanc pendant de longs mois. Si les importations ne cessent d'augmenter, il garde un bras et un oeil côté vinification. En fin d'année, il récupère des raisins et en fait un jus original : du grenache et du carignan, bien nés sur un calcaire du quaternaire de la région de Pézenas d'un côté, de la syrah et du cabernet sauvignon sur lauzes venant du secteur d'Avignon de l'autre : savant cocktail et Divin Poison 2017!... En 2018, il compose entre rencontres déterminantes et coups de Trafalgar. La période finit de lui ouvrir les yeux : perplexe quant à la fidélité de ses partenaires, encouragé par d'autres, lorsqu'ils constatent la qualité de sa cuvée, il décide donc de produire ses propres vins.

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Bien sûr, il faut vendre, se faire connaître dans le registre producteur. Il fréquente le salon des Vignerons de l'Iréel, une identité qui lui sied, n'en doutons pas, puis traverse l'Atlantique à l'occasion de Raw Wine, à New York, où il côtoie quelques référents du Muscadet. Le succès est de nouveau au rendez-vous, catégorie vins nature, mais sans dogme. Avec le millésime 2020 ("La nature a été généreuse cette année!"), la gamme s'est élargie. On retrouve les cuvées "historiques" : Ce qi nous lie (sur gabbro de Maisdon sur Sèvre), Divin Poison, mais aussi Gabbrodo, issue de vignes de Monnières et Armagueridon, un chenin sur schiste venant de Faye d'Anjou, après neuf mois d'élevage en cuves de grès. Pour les deux derniers, vous découvrez, ci-dessus, en exclusivité, les nouvelles étiquettes!... Symbolique et identitaire, parfois mâtinée de souvenirs de jeunesse surgissant de sa mémoire.

Fort et fier de vendre ses vins sur trois continents (dont USA et Japon), Christophe Bosque est en capacité de proposer régulièrement désormais, de jolies cuvées, dont certaines l'intègrent pleinement dans la production de Muscadet au naturel. Bien sûr, comme la plupart de ses voisins, 2021 a jeté un froid givrant sur l'ambiance locale!... Mais, on peut compter sur le vigneron de Gorges pour rebondir et défier le plus sereinement possible ce qui pourrait le faire trébucher. Le goût sûr, une sensibilité qui l'incite à rester à l'écoute de ses clients, un parcours dont les embûches ne purent le stopper et une envie très forte de partager ce qui compose le monde du vin, De Vini, c'est du solide!...

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