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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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5 juin 2020

Reset papillaire post-confinement dans le Muscadet!...

Pas moins de quatre-vingt jours sont passés depuis la décision gouvernementale d'inviter tous les Français, ou presque, à rester confinés!... Une paye!... Il en fût ainsi de la plupart des pays qui nous entourent. Plus de perspectives exploratrices donc, même si désormais, un retour au presque normal se rapproche... Avant donc de retrouver les paysages de Venise, de la Corse, de la Sicile, de la Sardaigne, de la Croatie, de Paros et autres îles grecques au programme (ouf!), il n'était pas inutile de procéder à une sorte de révision des papilles, histoire de s'assurer qu'elles sont encore efficaces!... Même si, cette période nous a parfois incités à cuisiner et à sortir quelques quilles quasi oubliées de notre cave!... On a pu voir ainsi, sur les réseaux sociaux, quelques trésors surgir des casiers à bouteilles, certains rassurant leur propriétaire, d'autres un peu moins... Donc, pour l'heure, cap sur le Muscadet, une région bien armée pour une exploration, tant aromatique que salivaire, de par son cépage, le melon de Bourgogne, offrant une gamme d'expressions passionnantes, d'autant plus depuis que les Crus Communaux sont apparus, s'appuyant sur les sols et le sous-sol de la région, en plus de la patte du vigneron, élément important s'il en est.

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~ Domaine de la Pépière, à Maisdon sur Sèvre ~

Depuis le mois de janvier dernier, Marc Ollivier a pris sa retraite, pour se consacrer notamment au jardinage et à la pêche en mer, même s'il a consacré un peu de temps en mars, à la taille d'une parcelle de vigne récente, pour donner sa forme. Rémi Branger, arrivé au domaine en 2006, dans l'optique du passage en bio et Gwénaëlle Croix, à bord depuis 2013, avec l'objectif premier de mettre en place la biodynamie (certification en cours) ont pris les rênes du Domaine de la Pépière, devenu un des fleurons de la région.

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Ici, le printemps 2020 est parfois chaud et sec. Avec Rémi, nous convenons aisément qu'il va sans doute falloir s'accoutumer avec un climat "plus sud"!... Ces dernières semaines, il y a bien eu, ici ou là (du côté de Vallet notamment), quelques averses à caractère tropical, mais le secteur de Maisdon sur Sèvre et Clisson est plutôt épargné. En tout cas, rien de commun avec certaines appellations du Bordelais, par exemple, qui ont vu récemment quelques manifestations orageuses, avec des tombereaux de pluie, voire de grêle. Rémi, à ce jour, se sent rasséréné, autant par la relative baisse des ventes, alors que la crise du Covid-19 pouvait faire craindre le pire voilà quelques semaines, que par les conditions climatiques lors de la fleur, permettant une belle homogénéisation de la floraison. Les vignes sont belles, n'ayant pas eu non plus, à souffrir d'un gel mordant. Seul point à noter : l'avance considérable (de dix à quinze jours!) sur les années les plus récentes, un peu comme en 2011, même si là, le beau temps ne s'était pas maintenu. D'ores et déjà, les vendangeurs sont prévenus : il faudra se mettre en situation de débuter la cueillette entre le 10 et le 15 août!... Avec sans doute la nécessité de vendanger rapidement pour garder une homogénéité de la vendange.

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Tour d'horizon donc des cuvées disponibles. Un premier trio illustre parfaitement le travail du domaine : Domaine de la Pépière 2019, avec beaucoup de fraîcheur et de spontanéité. Issu d'un assemblage en provenance de diverses parcelles sur granit, vendangées dès le début septembre. Millésime assez chaud, mais moins que 2018, d'où la nécessité de ramasser plus tôt qu'il y a quelques années, donnant donc le cap à suivre pour cette décennie à venir. Ensuite, le Clos des Briords 2019, sur granit également, avec un plus de matière qui fait le succès de la cuvée, notamment outre-Atlantique, depuis des années!... Une autre expression avec Les Gras Moutons 2018, "plus large d'épaules" dit le vigneron, issu de parcelles sur gneiss, vendangées en deuxième semaine. Un vin tout en nuances, avec un agréable toucher de bouche.

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C'est un élégant quatuor qui vient ensuite, avec la gamme des Crus Communaux. Une démarche et une orientation à laquelle Marc Ollivier participa dès le début, non sans alimenter le débat à propos de l'étiquetage et de la mention "Muscadet sur lie". Puisque justement, il était question de prolonger les élevages sur les lies fines. Mais, on se mit d'accord rapidement, parce que cette notion de crus, s'appuyant sur la diversité des sols et des sous-sols du Pays Nantais ne pouvait qu'apporter un plus à ces vins, que les vignerons avaient parfois un peu de mal à proposer à la restauration locale. Un comble!... Bien sûr, il faut du temps au temps et chaque "promotion" doit faire la preuve, auprès des instances viticoles, de sa légitimité, mais les étapes sont franchies une à une (on mégote parfois sur les deux versants d'une même butte!) et chaque année, ou presque, de nouveaux crus sont officialisés.

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Clisson 2017 est en bouteilles depuis novembre 2019. Une sélection de vieilles vignes (2 ha environ) sur un même îlot qui en compte onze, d'un sol pauvre et un sous-sol granitique. De l'ampleur, de la force, pour cette cuvée apparue au domaine dès 2005, longtemps avant l'officialisation du cru en 2011, en même temps que Gorges et Le Pallet. Une cuvée qui peut très joliment évoluer, un aspect des choses qu'il ne faut pas perdre de vue avec les crus communaux. Le Monnières-Saint-Fiacre 2017 est toujours en cours d'élevage. Rappelons que la durée minimum de celui-ci est de dix-huit à vingt-quatre mois, mais qu'il n'est pas rare d'atteindre les trente, voire trente-six mois, à la libre appréciation des vignerons. C'est un vin proposé au domaine depuis 2013, ciselé et fin, issu d'un sol limono-sableux sur gneiss. Le cru est bordé au nord par la Sèvre et au sud-ouest par la Maine. C'est un peu le coeur du Muscadet. Fait partie de la deuxième vague des "Crus", avec Goulaine, Château-Thébaud et Mouzillon-Tillières. Une troisième vague pourrait se composer de La Haye Fouassière, Vallet et Champtoceaux, ce dernier sur la rive droite de la Loire. Il se murmure que le cru de Grandlieu est aussi en cours d'étude.

Juste à l'est du précédent et au nord de Clisson, Gorges 2017. Là, les sols sont plutôt composés d'altération d'argile ou d'argile à quartz, sur un sous-sol constitué de gabbro, une roche plutonique magmatique!... Une sorte d'élégance naturelle sur une belle dynamique. Les Gorges ont souvent un potentiel de garde étonnant. Parmi les trois premiers crus, mais proposé au domaine depuis 2014. Au titre de la diversité, il s'avère incontournable en cave. Enfin, un Château Thébaud 2014, issu de vignes que l'on trouve sur les deux rives de la Maine. Le sol se compose de granodiorite (roche magmatique plutonique quant à elle!), connue pour ses qualités drainantes et par une roche-mère très fragmentée. Un gage d'expression particulière et originale, le système racinaire de la vigne n'ayant aucune peine à s'infiltrer dans le sol. Pour conclure, les deux rouges de la Pépière, le cabernet franc et le côt, connus pour leur dénomination de La Pépie, dans leur version 2019 et en mode vins de soif, que l'on destine aisément (légèrement rafraîchis) aux grillades sur la terrasse, au moment où on peut enfin fermer le parasol!... Pas de doute, le Domaine de la Pépière est un bon endroit pour affûter ses papilles!...

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~ Julien Braud, à Monnières ~

La photo ci-dessus n'est pas si facile à réaliser que cela!... Et encore, la gamme de Julien Braud présentée ici est incomplète, puisqu'il manque le cru de Monnières-Saint-Fiacre proposé au domaine depuis quelques vendanges. A Monnières, Julien n'est pas homme à faire plus de bruit qu'il ne faut. On peut presque dire qu'il est en mode "muscadet de garage"!... Mais, installé depuis un peu moins de dix ans, il axe l'essentiel de ses efforts sur ses vignes, les locaux dont il dispose n'ont rien de clinquant (le luxe n'est pas de mise dans la région!), mais se veulent fonctionnels, permettant sans doute au passage d'alimenter la réflexion quant à un futur bâti.

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Après avoir pris ses marques chez ses parents, dans le domaine familial, Julien Braud prend son envol en 2012, sans faire de bruit. Mais, il arrive que celui qui est plutôt de nature discrète, se fasse remarquer d'entrée par un coup d'éclat. Ainsi, il présente, comme il se doit, sa première cuvée dans son village, à l'occasion du concours local et rafle la médaille d'or, au nez et à la barbe de vignerons chevronnés. Un épisode que Vincent Caillé apprécia avec l'humour qu'il se doit... Sa "Cuvée Domaine" s'appelle désormais "Les Grands Quarterons", nom du lieu-dit où se situe la parcelle et la version 2018 est pleine de fraîcheur et de distinction, une constante pour ce vin. Les Vignes du Bourg 2018, quant à elles, sont pulpeuses et très agréablement fruitées. Et voilà, c'est tout!...

En effet, les rouges, Merlot et Pinot Noir, ainsi que le Rosé de PN sont indisponibles, tout comme la Folle. Les petites quantités produites ont vite trouvé preneurs lors des salons hivernaux du début d'année, mais, avec la crise du Covid-19, les stocks n'ont guère bougé. La réouverture des restaurants, cavistes et bars à vins devrait remettre de l'ordre dans les soucis (relatifs!) du vigneron. D'ailleurs, pendant notre visite, un routier belge s'annonce en vue du retrait de quelques palettes!... Heureux habitants d'Outre-Quiévrain!... Néanmoins, le domaine ne manquera pas de nous surprendre à l'avenir, tant la volonté de Julien est de mettre en valeur son vignoble, le renouvelant régulièrement, mais surtout en proposant des vins identitaires. De l'amphibolite, des sols sablo-limoneux peu profonds et des gabbros à gros grains sont des supports lui permettant de produire "des vins authentiques et de caractère". Dont acte!

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