Escapade bourguigno-savoyarde
Octobre propose parfois de très belles périodes de temps sec et de ciel clair, dont la lumière donne une sorte de supplément d'âme aux paysages. Les chaleurs estivales n'ont pas cette force. Les brumes matinales et le soleil, encore bas sur l'horizon, nimbent les reliefs alentour. Non loin, les roches de Solutré et de Vergisson semblent lancées dans une course vers l'espace, sortes de rampes de lancement vers les étoiles.
Nous sommes dans le Macônnais, non loin de Pouilly-Fuissé. Plus précisément à La Roche Vineuse, autrefois Saint Sorlin et au coeur de ce qu'il convient d'appeler le Val Lamartinien. Nous avons d'ailleurs rendez-vous là avec Corinne Merlin, du Domaine du Vieux St Sorlin, pour un petit tour d'horizon dans le vignoble, puis une dégustation dans le chai à barriques.
Avant de développer quelque peu dans des articles consacrés aux trois vignerons rencontrés, quelques mots à propos des étapes destinées notamment à se restaurer.
En premier lieu, un sympathique restaurant conseillé par Corinne Merlin, à Milly-Lamartine, tout près de la maison d'Alphonse de Lamartine, où ce dernier composa certaines de ces Méditations poétiques, celles-là même qui ouvrirent la voie, dit-on, du romantisme dans l'histoire de la littérature française!... Pour tout dire, nous ne nous contentâmes pas, poussés par la faim, de contempler le lieu, une salle rectangulaire, une déco faite pour l'essentiel de photos aux teintes sépia et d'anciennes affiches publicitaires ou de cinéma. Près de l'église donc, L'Auberge de Jack. La cuisine se veut traditionnelle, typique des terroirs. Ce jour-là, nous avons pu apprécier un jambon à l'os accompagné d'une salade verte, puis de la langue et des petits légumes vapeur (de la langue chez Jack, quand j'y pense!...) et enfin, un trio de compotes (pommes, coings et figues) tout à fait délicieux!... Prix modérés et carte des vins permettant quelques découvertes, parmi les cuvées issues de la région. Et pour l'occasion, un Mâcon rouge 2006, de Corinne et Olivier Merlin, comme il se doit!... Tout à fait recommandable, pour les amateurs de passage.
Quittant le Mâconnais, la météo solide nous permit de découvrir toute la beauté de la Savoie, en cette fin de journée automnale. Et sans doute, de goûter comme il se doit, cette rencontre avec Noël Dupasquier, à Jongieux, dans le petit village d'Aimavigne, le bien nommé!... Et ce jusqu'à la tombée de la nuit!... Juste le temps de franchir le tunnel du Chat, avant sa fermeture nocturne et de descendre jusqu'au Bourget du Lac, où nous avions choisi de dîner au Restaurant Beaurivage.
Ambiance feutrée pour cette soirée de "petite finale" de la Coupe du Monde de rugby!... Les clients sont rares à l'heure où les Bleus affrontent l'Argentine. Guère plus de six, pour tout dire!... Six Vendéens en pleine escapade gourmande!...
Superbe table et très beau menu le Bourget pour ce dîner : après une mise en bouche à base d'un velouté très fin et goûteux, certains optent pour le foie gras. Pour ma part, il s'agit d'un Trio d'automne : grecque de girolles, terrine de sanglier maison au genièvre et crémeux de marron au cumin.
Surprenante et innovante association d'arômes et de saveurs!... D'autant plus que le plat fit équipe avec un Chignin-Bergeron 2004 de chez Quénard. Ne me demandez pas lequel, je n'ai pas pris de notes!... Les Quénard, en Savoie, ce n'est pas rare!...
La suite se composa d'un Filet de féra Lavaret cuit sur la peau, jus de maïs et coulis de mondeuse, farçon savoyard et bouquet de roquette, en duo avec un Palette blanc 1996 du Château Simone remarquable!... Un très beau moment!...
Impression confirmée par le dessert! Il faut dire que chacun pût choisir le sien, participant ainsi à une sorte de symphonie fantastique de couleurs et de présentations originales!... La veille même de rencontrer Gilles Berlioz, à Chignin, c'était la moindre des choses.
L'Hôtel-Restaurant Beaurivage s'avère une étape quasi incontournable dans la région. Ne boudez pas ce plaisir. L'escapade gourmande n'en sera que plus belle!...