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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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12 novembre 2007

Gilles Berlioz, en Savoie : la foi qui soulève les montagnes!...

Après le Marestel de la Montagne du Chat, une bonne nuit passée au bord du Lac du Bourget, nous voici, de bon matin, au pied du Massif des Bauges, dans la Cluse de Chambéry, pour une rencontre avec un vigneron qui monte, qui monte... Gilles Berlioz. Passionné et passionant, il est de ceux qui vous laissent l'impression, après avoir passé près d'une journée en sa compagnie, que de telles rencontres, dans la vigne et verres en main, rapprochent amateurs et vignerons. Que vous dialoguez, certes, de chaque côté du rang de vigne, mais qu'aucun fossé, qu'aucun monde ne vous sépare. Cela tient, sans doute, à une forme de générosité et de sincérité qui émanent du vigneron de Chignin. A sa soif de partager de bons moments et d'exprimer ce qui l'anime désormais : sa foi en la qualité des crus de Savoie, ces terroirs trop souvent négligés, qu'il veut participer à révéler, à relever même, grâce à une culture saine et authentique, soutenue par la biodynamie. Montagnes de Savoie, gare à vous!...

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Nous sommes donc là, dans le cru de Chignin, au coeur de la Cluse de Chambéry qui en compte cinq autres : Monterminod, Saint-Jeoire-Prieuré, Chignin-Bergeron, Apremont et Abymes. Un village composé de plusieurs hameaux : Le Villard, le Chef-Lieu, le Viviers... C'est dans ce dernier que vit Gilles Berlioz. Il est encore assez tôt, mais nous voilà partis sur les routes qui serpentent aux alentours, à la découverte des parcelles, 19_201007_011chacune, composante distincte du domaine. La diversité, toute la bio-diversité même, qui anime et motive, chaque jour, la démarche du vigneron chignerain!...

En premier lieu, nous nous arrêtons face à une forte pente, un coteau nommé Le Tournaz, qui inspire le respect, lorsqu'on devine la somme d'efforts qu'il impose. Treuil et chenillards incontournables!... Vendanges musclées aussi!... L'endroit idéal, planté de 13 ares de chignin-bergeron, la roussanne du Grand Sud, pour que Gilles Berlioz expose la foi qu'il a dans ses choix, malgré toutes les difficultés qui vous sautent au visage ici. Des efforts, des difficultés, mais au final, l'espoir d'obtenir, petit à petit, la quintessence issue de ces terroirs hors pair.

Gilles Berlioz s'est installé en 1990, dans les pas de son père. Jusqu'en 1999, il dispose de 7,5 ha, locations comprises, en culture conventionnelle. Les années quatre-vingt-dix composent une décennie "étrange" en Savoie. C'est l'âge d'or!... La plupart des vignerons sont en polyculture. Les vaches et le Beaufort tiennent là une place importante. Puis, survient l'annonce et l'organisation des Jeux Olympiques d'Hiver 1992, à Albertville. Le boom de la viticulture locale, avec tout ce qu'on peut supposer de travers et deimages_7_ conséquences durables : course aux rendements, hausse des prix... A cette époque là, le vin part en vrac à 14,50 francs le litre à la coopérative!... A la veille de Noël 1991, un représentant du négoce local vient acheter au Viviers, l'intégralité de la dernière récolte, cash!... Quelques semaines plus tard, les JO débutent dans l'allégresse, avec Philippe Découflé!...

Depuis, les choses ont bien changé. On disait jadis, après la dernière guerre, que le litre de vin de Savoie ne valait guère plus que le litre de lait destiné au Beaufort et nous n'en sommes peut-être désormais pas si loin, au vu des prix du vrac du côté d'Abymes!... La région vit une crise majeure. Pas moins de 20 000 hl de vin ont été liquidés cette année, les stocks sont conséquents. Comme souvent, à quelque chose, malheur est bon. Et Gilles Berlioz n'est pas le dernier à le souligner, lorsqu'il évoque quelques noms de confrères qui, comme lui, se tournent vers la bio : Jacques Maillet, à Chautagne ou Dominique Belluard, à Ayze, pour ne citer qu'eux. Il en dénombre une quinzaine, avec notamment quelques reconversions en cours sur Apremont.

Changement fondamental également pour Gilles Berlioz, au début des années 2000. Après avoir abandonné, petit à petit, les vignes en location, il ne garde que 3,5 ha, qu'il va convertir intégralement en bio en 2004, puis en biodynamie, à partir de 2005. "La biodynamie, c'est le bout de la bio!..." dit-il.

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Les espoirs qu'il place dans la méthode se conjuguent avec ceux qu'il met dans la parcelle suivante, au lieu-dit Bordio (bourdeau en français -sic -), où il a planté en mars 2006, 70 ares de mondeuse, certes, mais aussi 13 ares de persan, cépage traditionnel savoyard pratiquement abandonné et qui retrouve un nouvel essor. Ses qualités reviennent au goût du jour avec, le plus souvent,19_201007_014 une acidité soutenue, pouvant compenser les surmaturités recherchées par certains vignerons. On dit de lui également qu'il pinote et donc, que de futurs assemblages avec la mondeuse, la grand-mère de la syrah, pourraient donner de très beaux résultats.

Le terroir est composé là, pour l'essentiel, de pierres roulées, jadis par le glacier. Une sorte de moraine et très peu d'argile, avec une exposition ouest et des pentes très ventilées, le plus souvent par la bise du nord. Une zone où les températures peuvent allègrement monter l'après-midi, notamment en été, ce qui permet d'atteindre de bonnes maturités.

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Ensuite, passage sur la parcelle dite Les Châteaux (ou Bugnon). "Super parcelle", sur une petite pente, ventilée nord-sud. C'est le royaume du bergeron, sur 108 ares. Il s'est lancé là sur un protocole de trois ans avec le GRAB, Groupe de recherche en agriculture biologique, en vue de traitements au moyen d'huiles essentielles. 2007 n'était pas l'année idéale pour ce genre d'expérimentation, mais les perspectives favorables sont loin d'être négligeables.

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Enfin, découverte de la quatrième parcelle, Les Crays, plantée de 90 ares jacquère, de 15 ares de roussette et de 5 ares de mondeuse. Avant de rentrer paisiblement, presque songeurs au domaine, pour une belle dégustation. Décidément, ces terroirs de Chignin semblent avoir un beau potentiel!... D'ailleurs, le vigneron du Viviers ne cache pas, au passage, son intérêt pour la géologie. Un domaine où il espère aussi avancer, pour mieux comprendre et progresser encore.

Une belle série de vins nous attend, à la table des Berlioz!... Certes, ils ne sont plus tous disponibles, mais Gilles nous propose un tour d'horizon à sa façon. Même Christine Berlioz, charentaise d'origine, infirmière de son état, attentive chaque jour, aux côtés du vigneron, s'en étonne! Nous voilà partis pour une découverte tous azimuts, au cours de laquelle les rouges succèdent aux blancs et inversement!... Plutôt fun!...

- Chignin 2006, Jacquère :
Issu de la parcelle des Crays. Tonique et citroné. Un plus de fraîcheur, dû aussi à sa légèreté naturelle (10,8°). "Le Muscadet de la Savoie", s'amuse Gilles Berlioz!...

19_201007_027- Mondeuse 2004 :
Joli nez sur le fruit, avec une évolution épicée. Une petite pointe de réduction qui participe au caractère de ce vin. Pas d'élevage en fûts, mais une belle structure élégante.

- Chignin-Bergeron 2005 :
Un nez plutôt original, avec des notes sur le thé ou le tilleul, puis brioche, plutôt qu'abricot. Un bel ensemble, opulent, mais non dénué de fraîcheur. Droit et net.

- Gamay 2005 :
Issu d'une vigne désormais arrachée. Collector, en quelques sortes!... D'un beau rouge rubis et un joli fruité,19_201007_029 sur la cerise en bouche. Une acidité bien présente pour un vin de ce type, assez difficile à identifier. L'emprise du terroir?... Un gamay qui pinote, très séducteur.

- Mondeuse 2005 :
Struture et fermeté. Du volume, de l'ampleur, mais une buvabilité certaine dès maintenant. Les fruits d'un équilibre de bon augure!

19_201007_031- Chignin-Bergeron 2006 :
Tout en fruit à ce stade!... Sur une dominante agrumes. Un vin qui a difficilement obtenu l'agrément! Une rétro un peu briochée des plus agréables.

- Altesse 2002 :
La roussette de Savoie dans un très beau millésime au domaine. 13,5° nature et une dominante sur les fruits confits, avec des notes de résine. Un nez très fin, nuancé et une belle acidité, qui lui donne une très belle élégance minérale.

- Chignin-Bergeron 2004 :
Un vin que Gilles Berlioz place très haut dans sa hiérarchie des cuvées produites jusqu'à ce jour! Equilibre et19_201007_030 fraîcheur. Un beau vin, complet, naturel, très séducteur.

- Chignin-Bergeron 2002 :
Encore une réussite dans un millésime classé plutôt difficile.

- Altesse 2006 :
Très beau potentiel, mais une cuvée qui se fait rare.

- Mondeuse 2002 :
Un vin qui tend à démontrer le potentiel de garde des mondeuses les plus récentes. Et aussi, leur accessibilité.

Après une telle série, il ne nous reste plus qu'à passer à table!... En effet, avant de reprendre la route à destination de la Vendée, nous avions convenu d'un petit casse-croute réparateur. En fait, c'est un repas 19_201007_015savoyard auquel les Berlioz nous ont convié!... Ni plus, ni moins!... De succulents diots, des pommes de terre, le tout cuisiné avec des sarments de vigne, suivi d'une brioche typique et régionale. Un régal!...

Au final, une rencontre en tout point remarquable!... Des vignerons de Savoie, nous citons souvent ceux issus des généalogies régionales les plus larges et les plus connues : Quénard, Trosset, Magnin... Mais, la région s'est trouvée un ambassadeur, qui ne redoute pas de franchir les frontières et les océans, certain de la qualité et du potentiel des vins savoyards. Qui plus est, il porte un nom célébrissime!... Alors, musique, maestro!...

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Commentaires
P
C'est simple, Laurent!... Passer par Pontarlier!...
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V
C'est joliment Trosset. Je veux dire c'est joliment troussé cet article sur la Savoie.<br /> <br /> Reste à franchir le Léman pour aller la visiter. <br /> Faut faire comment ? Par bateau ou contourner Genf?<br /> <br /> Laurent
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P
Je te l'accorde Alain, c'est bien la roussanne que l'on appelle bergeron en Savoie!...<br /> Il s'agit là d'un "concentré de langage" mal à propos, si je puis dire!...<br /> Pour ce qui est de mon prochain passage...?...<br /> Mais, il parait que tu viens en Vendée l'année prochaine!?... ;-)
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W
Superbe reportage! Qui fait envie d'aller rencontrer le bonhomme..<br /> Je viens d'acheter du Chignon-Bergeron 2005. Tu m'apprend qu'il s'agit d'un cépage dérivé de la roussane? Je croyais qu'il s'agissait d'un lieu-dit.. <br /> <br /> Et la prochaine fois que tu passes dans la région, je serai très fâché si tu ne me fais pas signe!<br /> <br /> Alain
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