Jean-Christophe Garnier, vigneron à St Lambert du Lattay (49)
Les jours et les mois passaient, sans que ne soit terminé le triptyque... L'idée en était apparue, naguère, alors que trois visites successives, auprès de vignerons angevins, en vue d'un article destiné à la version papier de La Pipette, voulant évoquer la "Nouvelle vague angevine", avait provoqué autant de réponses identiques.
En effet, à la question : "Et s'il fallait citer trois noms composant la future nouvelle vague, la vague d'après, quels seraient-ils?...
A ma grande surprise, les trois vignerons - Richard Leroy, Stéphane Bernaudeau et Olivier Van Ettinger - rencontrés à quelques semaines d'intervalle, me firent la même suggestion : Claude Pichard, Cyril Le Moing et Jean-Christophe Garnier!...
Après Sauné et Fline, il était donc temps que je me rende rue du Val d'Hyrôme, à St Lambert du Lattay!...
Il fait une sorte de grisaille ouateuse en ce jeudi d'avril. Juste trois jours après ce coup de gel, qui pourrait être plus problématique que prévu... En début de semaine, Jean-Christophe Garnier n'a pas eu le sentiment que la vigne et ses bourgeons n'aient eu à souffrir intensément de cette baisse soudaine de température (entre -2° et -4° quand même!...), mais aujourd'hui, à y regarder de plus près, certaines pousses ont déjà noirci!... Cela s'ajoutant à quelques échos inquiétants du proche vignoble (Montbenault KO?...Les Noëls seront rares!...), il faudra surveiller ça de très près dans les prochaines semaines!...
Nous prenons la petite route qui mène au coeur du Layon et, plus certainement au Château du Breuil. Premier arrêt avant même de franchir le pont sur la rivière, au lieu-dit Bézigon. C'est là que le vigneron de St Lambert dispose de 1,3 ha de chenin, plantés voilà 25 à 30 ans, sur des vieux schistes érodés, très drainants, facile à travailler, assure-t-il!... Seule la pointe, dans le haut, est plus argileuse. Il l'a d'ailleurs arrachée et semée, cette année, d'une vieille variété de seigle. Après cinq ans de friches, il pourra procéder à la sélection des bois, l'hiver prochain et plantera la jeune vigne l'année suivante.
Nous sommes là rive gauche, avec une orientation nord. "C'est pas mal d'en avoir des comme ça!..." souligne Jean-Christophe, avec malice. Un peu plus bas, dans le coteau, une jeune plante de 2000 du Domaine des Griottes.
Indiscutablement, notre hôte est plutôt fier de cette parcelle et il mesure aisément tout son potentiel. Le lieu offre, de plus, un très beau panorama. D'ouest en est, vue sur Suronde, La Soucherie, Le Breuil, la nouvelle parcelle d'Eric Morgat, la réserve de plantes méditerranéennes, Les Treilles, Pierre Bise...
Après ces quelques instants de contemplation, il nous faudra ensuite, à peine quelques minutes pour passer le pont et nous arrêter à proximité de l'ancienne maison du garde-barrière, vestige champêtre de la voie ferrée qui suivait la rivière, jadis. Nous sommes donc passés rive droite, pour découvrir une parcelle qui donne beaucoup d'espoir à J.-C. Garnier. Il en dispose depuis quelques mois seulement. Encore du chenin, sur 1 ha, le Clos de la Roche.
Le vigneron du Val d'Hyrôme avoue d'ailleurs, que ces deux parcelles, dans ce secteur, lui paraissent riches de promesses pour l'avenir. Un très beau terroir, qu'il faut apprendre à connaître, qu'il faut dompter parfois. Trouver la méthode, pour qu'il s'exprime au mieux à travers des blancs secs d'abord, puis plus tard, avec des liquoreux, comme il se doit, au coeur du Layon. Il se réjouit au passage, d'être le voisin, là encore, du Domaine des Griottes (La Roche) et de Stéphane PZ, qui vient de reprendre une petite parcelle de cabernet.
Installé depuis 2002 à St Lambert, Jean-Christophe Garnier dispose également de vignes à Champ sur Layon et, notamment au lieu-dit Les Dreuillés. Il ne cache pas des débuts difficiles, avec des parcelles ne générant pas un plein épanouissement, le tout combiné à la restauration de la maison et aux naissances, puis aux toutes premières années des enfants. Passage obligé...
Désormais, il n'a pas pour objectif de s'étendre. Les 3,5 ha actuels lui semblent un juste compromis, avec l'arrière-pensée de trouver dès que possible une parcelle de grolleau, pour faire un peu de rouge.
Autre projet immédiat, l'aménagement des locaux. Le projet est à l'étude, mais les pressoirs, quant à eux, sont déjà bien ancrés au sol!..."Des petites merveilles!...", selon Jean-Christophe. Il se fait une fierté d'avoir dégotter ces Pressoirs Garnier, à Redon. Du genre patrimonial, mais permettant, selon lui, un travail idéal!...
Crédit photos : Jean-Christophe GARNIER
Pour finir, une courte dégustation des vins disponibles : un Anjou blanc générique 2006, issu de Champ sur Layon, déclassé en Vin de table, avec beaucoup de fraîcheur. En provenance du même secteur et plus précisément des Dreuillés, un autre Vin de table 2006, tonique et agréable.
Le troisième blanc sec devait être mis en bouteille les jours suivants : un Vin de table 2006 également, mais issu de Bézigon. Droit, plus tendu et d'une jolie persistance. Suivent des Bruts natures, issus de grolleau gris, friands et expressifs, dont un à suivre de près, non dégorgé à ce stade. Enfin, avant le dernier Brut 2006, issu de chenin, un assemblage curieux de liquoreux 2005 et 2006, qui ne verra la bouteille que fin 2009!...
Jean-Christophe Garnier, pas à proprement parler une découverte, pour tous ceux qui fréquentent le salon Anges Vins, à St Aubin de Luigné, notamment, mais un membre à part entière de la nouvelle vague angevine, celle qui surfe sur une forte volonté de bien faire et sur une grande fidélité à quelques principes, garants d'une production naturelle, mais aussi d'une qualité d'expression des vins, qui doit réjouir tous les amateurs passionnés.