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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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20 novembre 2010

Virgine Joly, Clos de la Coulée de Serrant

Ça bouge à Savennières, qu'on se le dise!... Par contre, ne me demandez pas comment la photo ci-dessous a pu se glisser dans mon appareil!... Mystère!... L'endroit est un peu hors du commun, certes, à l'extrémité de l'allée fortifiée (vestige du château de la Roche aux Moines, quasi équivalent du château d'Angers, détruit par Richelieu) plantée de cyprès, face au Grand Clos de la Coulée de Serrant, mais quand même!... Au premier plan, une tombe anglaise, qui pourrait remonter à une guerre médiévale... Le fils de Philippe Auguste remporta ici, en 1214, une bataille face à Jean Sans Terre, fils de Richard Coeur de Lion. La machine à remonter le temps?... Interférence galactico-minérale?... Moi qui voulait simplement rencontrer Virgine Joly, l'un des nouveaux visages et des nouveaux sourires de Savennières, me voilà tourneboulé!...

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Je ne sais si le fait d'être là, en agréable compagnie, intervient dans le phénomène, mais ce lieu dégage quelque chose... Le regard que l'on a sur le Grand Clos ne peut évacuer son histoire. Les moines Cisterciens ont planté de la vigne dans cette coulée dès 1130. La vendange 2010 pourrait bien être donc la 880è du célèbre cru ligérien. Quelle verticale!...

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Le domaine de la Coulée de Serrant, c'est 15 ha en vignes : 7 en appellation monopole Coulée de Serrant, 3,5 en Roche-aux-Moines et 4,5 en Savennières. Le Grand Clos, c'est un coteau exposé sud, sur une pente assez marquée, partagé en trois parcelles horizontales, séparées par des chemins de prière. A l'est, des terres qui glissent jusqu'à la Loire, à l'ouest, le petit monastère du Vieux Serrant. Seule la partie du bas est travaillée au cheval, la pente interdisant toute mécanisation. Là, les vignes sont âgées de 70 à 80 ans, quelques pieds atteignant 90 ans. L'âge moyen de l'ensemble est d'environ 45 ans.

La partie plantée des plus vénérables chenins n'est pas sans préoccuper la famille Joly. En effet, ses rendements moyens ne dépassent guère 20 hl/ha désormais et la réflexion implique un éventuel arrachage du tiers de la surface globale. Un crève-coeur!... Pour la qualité apportée par cette vieille vigne en premier lieu et aussi pour la réduction du potentiel de bouteilles disponibles et ce, pendant plusieurs années. Bon an, mal an, pas moins de 18000 à 20000 flacons de la Coulée de Serrant sont mis à la disposition des acheteurs de toutes origines.

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Virgine Joly est de retour depuis 2002. Comme elle le précise, son apprentissage se fait sur le tas. Forte alors d'une formation dédiée aux Arts (dessin, peinture, théâtre, expression corporelle) pendant un an et même, d'une année consacrée au chant en Finlande, elle mesure à l'évidence, le chemin qu'il lui reste à parcourir pour seconder son père Nicolas, alerte sexagénaire, qui ne peut qu'apprécier ce renfort familial. Néanmoins, pendant les trois premières années, elle va suivre tous les week-ends, un cursus de naturopathe, suivi d'une année supplémentaire afin de pouvoir exercer en Allemagne (elle est parfaitement bilingue), si le besoin s'en faisait sentir.

Tout en ayant présent à l'esprit l'ampleur de la tâche - elle connaît ses limites actuelles en matière de vinification ou dégustation, par exemple - elle n'est pas du genre à baisser les bras et consacre son énergie à assister son père et souligne que depuis 2007, "les décisions sont relativement équilibrées", notamment pour ce qui est de la date des vendanges ou certains aspects de la vinification.

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Bien sur, le degré de maturité du raisin au moment de la cueillette est la pierre angulaire pour des vins blancs secs issus de chenin. Et gageons que le débat n'anime pas seulement la cuisine des Joly!... Il est d'actualité dans tout l'Anjou. Botrytis ou pas?... Ce n'est pas encore une pierre d'achoppement entre père et fille, mais Virginie se dit désormais fermement partisane de vendanges plus précoces, ne serait-ce que de quelques jours. Nicolas Joly lui, est fan de botrytis. 2010 risque de le combler, puisque le noble champignon est présent à hauteur de 15 à 20%. Dans la droite ligne de 2004, millésime très apprécié du père... et moins de la presse!... En revanche, il faudra donc surveiller 2009, pour lequel le botrytis était quasiment absent. En 2008, il ne dépassait guère 5 à 8%. Trois millésimes pour faire son choix et dégager une tendance!... Avis aux amateurs!...

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Comme chacun le sait, la Coulée de Serrant applique la biodynamie depuis 1980. C'est une sorte d'évidence ancrée dans les gênes de la nouvelle génération des Joly. Pour Virginie, le domaine a-t-il une marge de progression, quelques caps à franchir?... Peut-être. Des bouleversements, certainement pas. Actuellement, le plus préoccupant se situe au niveau du cellier d'élevage et de stockage. Un espace trop réduit. D'où une réflexion sur l'idée d'un nouveau cellier souterrain. Et pour le moment, un calendrier qui s'étire, parce que la Coulée, tout "grand cru" fut-elle, est soucieuse de garder son équilibre. Ici, nous sommes plus dans l'esprit d'une ferme, avec ses pâturages, ses bâtiments divers, ses vaches pour les préparats, ses moutons-tondeuses, ses trois ou quatre salariés...

L'élevage se fait donc en double barriques non récentes et pour une durée de neuf mois environ et ce, pour tous les millésimes, avec fermentation malo-lactique intégrale. Après la mise, les bouteilles sont stockées environ de quatre à six mois minimum. On ne peut s'empêcher de penser à l'idée qu'un tel vin pourrait gagner encore, à bénéficier d'un élevage adapté à chaque millésime et peut-être dans d'autres contenants, oeufs en béton, voire amphore. Cette dernière a d'ailleurs déclenché l'intérêt du domaine, mais un premier essai mal maîtrisé a laissé les Joly perplexes, sans pour cela s'interdire d'y revenir plus tard.

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Virginie Joly, une jeune femme d'action en Anjou. Énergie, tempérament, ouverture. A la Coulée de Serrant certes, mais aussi à Savennières. Elle se fait fort d'entretenir les meilleures relations possibles avec Tessa Laroche, sa voisine, en dépit de ce qui opposait la génération précédente des deux familles. Elle place également beaucoup d'espoirs dans les progrès apportés dans le vignoble, par des décisions récentes, comme en appellation Roche-aux-Moines.

Son implication est totale aussi, aux côtés de son père, dans Renaissance des Appellations, qui donne rendez-vous aux professionnels et aux amateurs, à la veille du Salon des Vins de Loire, à Angers, mais aussi aux quatre vents du monde. Comme récemment à Sao Paulo, d'où elle revient fiévreuse et secouée de violentes quintes de toux, après un voyage express de quatre jours... et un bilan carbone désastreux!... Mais, elle repart néanmoins aussitôt pour assister à un Congrès international des agricultrices en biodynamie. Un seul conseil : si vous voulez la rencontrer, prenez rendez-vous!... Et donnez lui du temps, la Coulée de Serrant est dans de bonnes mains!...

Au passage, dégustation des 2008 dans le petit caveau de réception. Le Savennières et la Roche-aux-Moines montrent une progression évidente et sont un peu les tremplins de la Coulée. Cette dernière est sur une très jolie expression finement agrumes frais. La bouche est consistante, mais un peu diffuse à ce stade, avec des impressions qui se succèdent, pour finir sur de beaux amers. On peut croire à un potentiel intéressant.

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Commentaires
C
Superbe reportage Mr PhR comme d'habitude.Un tournant certain en Anjou ses temps ci dans les hauteurs de Savennieres.A suivre de prés je pense...A Angevin...certainement
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