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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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24 mars 2021

Tonnellerie D - L'artisanat au sommet

Lorsqu'on se déplace dans le vignoble pour rencontrer les vignerons et découvrir leurs vins, il est souvent aisé d'inventorier les partenariats des uns et des autres, en listant notamment les tonnelleries sollicitées, souvent prestigieuses. Mais parfois, au hasard des rencontres ou au cours d'un repas, on découvre que, pour certains, la discrétion des relations est essentielle. Quand la confiance s'installe, pas besoin forcément de diversifier les fournisseurs, sous tel ou tel prétexte, comme vous l'expliquent certains grands crus. Ainsi, lorsqu'on sait que le Clos Rougeard, Romain Guiberteau ou Sylvain Dittière, pour ne citer que ceux-là, élèvent leurs cuvées dans des barriques de Michel Dussiaux, on se dit qu'il n'y a pas vraiment de hasard...

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C’était un soir de fin d’été, début septembre 2019, avant toute forme de confinement, lorsque les vignerons sont préoccupés par la vendange qui se profile. Justement, quel sera le profil du millésime, cette fois-ci ?... Cependant, un certain nombre de ces vignerons angevins et saumurois répondirent favorablement à l’appel. On trouvait là aussi, Alex, un caviste d’Angers bien connu, ceux qui composent les plats en cuisine, à l’Auberge des Isles, de Montreuil-Bellay et votre serviteur. Histoire d’ouvrir le cercle des initiés. Quelque dix-huit mois plus tôt, Charles-Emmanuel Girard, conseiller trop tôt disparu d’éminents vignerons ligériens et Nady Foucault, du Clos Rougeard, avaient hissé le pavillon mayday de l’urgence en mer, à défaut de déclencher quelques fusées rouges, moins discrètes et s’envolant comme les particules incandescentes fuyant le brasero du tonnelier : les activités de la Tonnellerie D, à Saint Georges sur Cher, en même temps que Michel Dussiaux, pouvant faire valoir ses droits à la retraite, allaient cesser définitivement, après une période qui ne permit pas de prévoir une quelconque reprise. Les vignerons de la région allaient se sentir orphelins…

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Heureusement, trois mousquetaires, basés dans le Sud-Ouest, comme il se doit, veillaient ! Gilles Cossanteli, Jérémie Le Duc et Julien Delpeuch, découvrant et approfondissant l’histoire de la Tonnellerie D, ne purent se résoudre à baisser les bras et voir partir ainsi, tout un pan de la tradition viticole, en admettant au passage, quelque peu marris, que la transmission d’un tel savoir ne pouvait être réalisée et satisfaite. Ils se lancèrent donc dans la composition d’un dossier, dans lequel le financier devait côtoyer la tradition, voire l’affectif. Après quelques mois de négociations, la Famille Heriard-Dubreuil, par l’intermédiaire d’un de ses membres, Nicolas, au nom d’une célèbre tonnellerie cognaçaise, reprenait celle, façon micro-structure, du Loir-et-Cher. Et en même temps, tout le savoir qui va de pair.

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Désormais, Michel Dussiaux quitte régulièrement sa Touraine, pour transmettre ce savoir et sa méthode à un autre Nicolas, jeune compagnon tonnelier, hébergés tous deux par un artisan-tonnelier non loin de Saint-Emilion. Il ne cache pas sa joie de constater que sa vie passée à mettre en forme des barriques, va se perpétuer entre les mains d’autres passionnés. Il ne manque pas, au passage, de transmettre son exigence, tant pour ce qui est de la qualité des bois, du séchage, comme de la précision des chauffes et des petits « secrets » de fabrication, mis au point patiemment, au fil des années, afin d’atteindre une expertise que de grands ateliers lui envient. Certes, l’extrême confidentialité de la diffusion de ces barriques, présentes encore voilà peu, dans un rayon d’une centaine de kilomètres autour de son point d’origine, va désormais s’élargir et s’ouvrir sur d’autres horizons. Déjà, une bonne trentaine de vignerons compose le champ d’action de la Tonnellerie D, désormais.

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Dans le cadre bucolique de l’Auberge des Isles, chère à Adrien et Guillaume Pire ou Aymeric Hilaire, vignerons au Puy-Notre-Dame et sous les remparts du solide château médiéval, la soirée qui se voulait être le lancement officiel de la Tonnellerie D sur ses nouvelles bases, autour de Michel et Monique Dussiaux, réunissait quelques-uns des clients historiques de la maison. En plus de ceux cités plus haut, on retrouvait également Tessa Laroche, Stéphane Rocher, Kenji Hodgson, Brendan Tracey, Patrick Baudouin nouvellement convaincu, même si d’autres étaient absents pour diverses raisons, comme Richard Leroy, Antoine Foucault ou Stéphane Erissé notamment, ainsi que quelques disciples du Clos Rougeard ou de Romain Guiberteau, enthousiastes de la marque depuis des lustres. Verres en main, tout en appréciant au passage l’excellente cuisine du lieu, chacun pouvait évacuer quelques interrogations somme toute légitimes, lorsqu’on évoque ce type de relance. D’aucuns exprimèrent leur ressenti en montrant, que s’il ne tenait qu’à eux, ils auraient bien préservé jalousement le « secret » de la Tonnellerie D dans le giron ouest-ligérien !... Rien d’autre que de l’humain, finalement!... Depuis, sont entrés dans le cercle des domaines comme Trévallon, Bélargus, Combel La Serre, Les Bruyères, cher à David Reynaud ou Mader en Alsace, sans en oublier d'autres, en Suisse, Autriche et Italie.

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Pour conclure, revenons en quelques phrases sur l’historique de la Tonnellerie D. Celle-ci vit le jour en 1932, sous l’impulsion de Georges Marchoux, l’aïeul de Michel et Monique Dussiaux. En 1948, un ouvrier tonnelier, Jacques Dussiaux, âgé de seize ans, intègre l’atelier. Il reprend la tonnellerie en 1956, travaillant seul avec son beau-père pendant plusieurs années. En 1974, son fils Michel débute dans l’entreprise, mais celle-ci traverse quelques années difficiles, du fait des conditions climatiques notamment : gel, sécheresse… En 1984, Michel, le fils, reprend la tonnellerie, non sans diversifier la production, jusqu’à la fabrication d’instruments de musique afro-cubaine, des congas, à compter de 1985, au point que la marque de congas MD (pour Michel Delaporte) est rachetée, devenant une référence en la matière. En 2002, Monique rejoint son mari dans l’entreprise, pour toutes les tâches administratives et satisfaire ainsi à l’équilibre de l’ensemble, contribuant à sa notoriété. La dimension artisanale d’une telle structure n’est plus à démontrer. Gageons que son avenir s’inscrit désormais dans ce qui fait son ADN, afin que tous les vignerons, y compris ceux qui composent la nouvelle génération, y puisent les meilleures raisons de produire les nectars de notre futur, qui plus est, sous toutes les latitudes. En effet, ce sont des barriques issues d’une tradition implacable et transpirant une modernité incontestable : fraicheur, grand respect du fruit et du vin. Il n'est que de déguster, par exemple, une cuvée Carbone 2017 du Domaine Andrée à son top pour s'en convaincre!...

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