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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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4 octobre 2023

Stéphane Derenoncourt tourne la page et se recentre!...

Au début de l’été, à tout juste soixante ans, Stéphane Derenoncourt a annoncé qu’il passait la main à ses trois associés, Simon Blanchard, Frédéric Massie et Julien Lavenu, présents à ses côtés depuis le début des années 2010 dans le cadre de Derenoncourt Consultants, qu’il avait créé en 1999, en même temps que son Domaine de l’A avec son épouse Christine, au cœur de Castillon. Arrivé dans le Bordelais  pour y faire les vendanges à la fin des années 80, en droite ligne de son Dunkerque natal, sa guitare sur le dos et quelques refrains en tête d’Iggy Pop, Franck Zappa, Tom Waits ou les Velvet Underground, il fait sa place à St Emilion, auprès de Maryse Barre et Nicolas Thienpont, au Château Pavie-Macquin, puis, sous les conseils de Stephan von Neipperg (Canon la Gaffelière, La Mondotte…), il se lance dans le conseil. Une demi-douzaine de propriétés font appel à lui tout d’abord (on en dénombre plus de cent cinquante aujourd’hui), pour lesquelles il ne ménage pas sa peine et ne compte pas ses heures.

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- Alors Stéphane, tu tournes la page ?

Disons plutôt que je me recentre ! J’avais envie de prendre du recul, un peu de hauteur… Surtout, de revenir un peu aux sources. Aujourd’hui, Derenoncourt Consultants, c’est une grosse machine, avec vingt personnes et on passe beaucoup de temps à gérer des problèmes humains, des problèmes de stratégie… J’ai pris une première claque avec le COVID, quand il y a eu le confinement. Ca faisait vingt ans que je n’avais pas été sédentaire ! Et le fait de l’avoir été d’un seul coup, ça a un peu changé ma vie. La deuxième claque, la plus définitive, c’est que je viens de faire soixante balais !... Je n’ai plus l’âge de faire trois fois le tour du monde chaque année. J’ai envie de peu de projets et d’investir un peu mon expérience dans des causes. Notamment pour Bordeaux. Je viens de créer un club sur Castillon, pour promouvoir cette appellation, avec une réflexion plutôt par le haut. C’est une AOP dynamique, très investie, plutôt propre, puisqu’un peu plus de 30% est bio. Deux premiers évènements, à Bruxelles et Lille, ont été très bien accueillis. Et puis, je me recentre sur mon domaine, parce que j’ai quelques projets.

- De quel ordre ?

Je veux avoir une réflexion sur les conditions de travail des ouvriers agricoles. Ça devient extrêmement compliqué de trouver des gens intéressés par ce métier, durablement. Il faut l’enrichir, améliorer la qualité de vie… Au domaine, on va très certainement se lancer, dès l’année prochaine, dans un peu d’élevage, vers aussi la création d’un jardin biodynamique, tendre vers une forme d’autonomie (avec les légumes notamment). Et surtout, voir comment ça va réagir du côté du personnel !...

- Alors, plus de grands espaces ?

Je vais quand même garder un peu de conseil ! A Pavie-Macquin tout d’abord, sur l’île de Tinos aussi, en Grèce, avec le Clos Stegasta, un lieu qui dégage une grande énergie. Et puis auprès de mes clients au Moyen-Orient, au Liban et en Syrie, d’autant que certains évoquent Chypre, dont je rêve, à mes heures… Enfin, j’ai aussi une petite cave à St Emilion depuis des années, qui végète un peu et dont il faut que je m’occupe.

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- Il reste tout ce qui est alimenté par ton expérience…

En effet, il faut approfondir la réflexion sur les conséquences du réchauffement climatique. Dans un autre domaine, je trouve qu’il y  a de moins en moins de « grands amateurs », des gens qui connaissent le vin et la dégustation, maîtrisant grâce à leurs connaissances, l’identification des sols, un peu de « géosensorialité »… C’est autre chose qui influe sur les goûts de nos jours. Un vin bien marketé se vend mieux et plus cher qu’un bon vin traditionnel ! Et puis, il reste le sujet de la formation des jeunes diplômés, très influencés par la technique… Leur parler de levures indigènes, c’est aller à contre-sens de ce qu’ils apprennent !...

S’il a voulu faire du Domaine de l’A une sorte de laboratoire du vignoble, afin de transposer ses constats vers les domaines conseillés, il sait bien que parfois, il n’est pas toujours facile de faire passer ses idées. A Bordeaux notamment, les enjeux sont toujours présents. Dès le début, autodidacte, il a été à la fois reconnu et critiqué pour les méthodes préconisées : arrêter les foulages, mais aussi les soutirages en faisant des élevages sur lies, réintroduire les pigeages qui avaient disparu… « En fait, s’amuse-t-il, j’ai surtout tenté de réveiller de belles endormies !... »

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- Et le millésime 2022 ?

Au domaine, c’est un des plus beaux que nous ayons fait ! Avec 2016 et 2010, peut-être. C’est mûr et frais. C’est un millésime de matière, mais la fraîcheur vient par le tanin, pas par l’acidité. Un millésime très spécial, comme on n’en a jamais vraiment rencontré en terme d’équilibres. Avec une évolution plus rapide que je ne pensais en général. On ne va sans doute pas prolonger trop les élevages…

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