750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Pipette aux quatre vins
La Pipette aux quatre vins
Publicité
Newsletter
Pages
Derniers commentaires
Archives
La Pipette aux quatre vins
Visiteurs
Depuis la création 1 097 380
19 juillet 2008

La Loire, rive gauche et rive droite - Part. II

Après nos agapes du midi, à Turquant, il nous fallait un peu d'exercice!... Sébastien  David, présent à la table de L'Hélianthe, était le premier à en convenir.

Nous avions donc prévu une petite randonnée digestive, qui plus est, à la fraîche!... Juste équipés de lampes frontales (ou de poche), nous commençons donc à découvrir le coteau en pente douce de St Nicolas de Bourgueil... par son sous-sol!...

26062008_037   26062008_029   26062008_032

Huit cent mètres de galeries qui courent sous les vignes. Au total, cent cinquante caveaux qui se répartissent sur une dizaine d'hectares. Saisissante découverte... et fraîcheur bienvenue en cette après-midi estivale!...

Avant toute chose, recadrons le lieu, l'appellation : St Nicolas de Bourgueil est AOC depuis 1937. C'est ce qu'on appelle une "appellation restrictive", au sens où elle se limite au territoire de la commune, ce qui n'est pas le cas à Bourgueil, par exemple.

Elle se compose donc d'un coteau faiblement pentu sur des argiles légères, siliceuses et des sables. Plus bas, sur la plaine, à proximité du village, ces derniers peuvent atteindre six à sept mètres d'épaisseur. Les meilleurs terroirs de l'appellation se situent en direction de Saumur, sur des croupes de graviers, avec là six mètres de silex et de sable mêlés.

14117470_m_1_   07042008_006

Sébastien David, quant à lui, est installé depuis 1999 et dispose de 5 ha de vignes. C'est peu dire qu'il se démarque de l'immense majorité des vignerons du secteur!... Même si, certains jours, une sorte de frémissement... En fait, si l'une des cuvées du domaine s'appelle L'Hurluberlu, ne cherchez pas plus loin!... Quelques commentaires amusés çà et là, quelques grincements de dents peut-être aussi... surtout lorsque Antoine Gerbelle écrit, dans le numéro de juin de la Revue du Vin de France, à propos de la cuvée Neuvième, qu'elle est en bonne position, dans la course au meilleur St Nicolas 2007!...

IMGP0079   

Nous voilà donc installés dans le caveau dont dispose le vigneron. Il fait une température de 16-17°. Un peu frais pour certains, au moment de déguster les cuvées qui nous attendent, mais les vins vont globalement très bien supporter cette fraîcheur ambiante.

- L'Hurluberlu 2007 :
C'est la cuvée vedette du moment!... Une des bouteilles sélectionnées récemment par la RVF, pour l'été. Elle est issue de parcelles représentant à peu près un hectare de l'ensemble du domaine. Des jeunes vignes de moins de 25 ans, plantées pour partie sur les sables, au niveau du bourg, mais aussi des croupes de graviers. Après des vendanges attentives, les grappes entières sont encuvées pour une macération carbonique de 22 jours. Sébastien David nous explique que la méthode aboutit à une dégradation enzymatique, qui permet d'obtenir une authenticité satisfaisante de l'expression aromatique. De plus, il ne cache pas que ce mode de 30062008_009vinification "non-interventionniste" lui va très bien!... Au terme de ces trois semaines, pressurage, puis écoulage dans une autre cuve du chai par gravité (un aspect essentiel pour le vigneron!). La fermentation alcoolique se termine, puis la deuxième, un passage au froid et la mise en bouteilles!... Et les fans se régalent!...

- Le Clos des Allongés 2006 :
La nouveauté de l'année!... En fait, il s'agit là d'une sélection de fûts et de parcelle (à moins que ce ne soit l'inverse!), effectuée par un client (du genre grand et international!...) et dont la mise en bouteilles date de mai dernier. Le clos en question a été planté en 1969. En fait, les ceps de cette parcelle sont allongés dans le sens du rang, d'où ce nom. Pour cette cuvée, une fermentation classique26062008_035 de quarante jours en cuves bois et un foulage aux pieds, une fois par semaine. Puis, élevage de dix-huit à vingt mois en barriques. Dans un style assez gourmand, mais bien structuré.

- Orion 2005 :
La star (facile) du millésime!... La même approche que le précédent, mais représentatif de l'ensemble de la cave, soit 3,5 ha de vignes de quarante à cinquante ans, pour moitié sur graviers et sur sol argilo-siliceux, à mi-pente du coteau, très près de la roche calcaire, ce qui confère au vin de la force, de l'intensité et de la fraîcheur. Le tout, dans un millésime à Re_VE_2008_068_1_l'équilibre remarquable. C'est peu dire qu'il sera dur d'en garder un peu!... Pourtant, le potentiel est tel, que les années vont sans doute révéler une grande bouteille référence.

A propos de l'élevage, le choix de Sébastien David pour les barriques est relativement original. Il s'agit de chêne des Vosges, connu pour avoir des pores plus gros, ce qui favorise les échanges, la micro-oxygénation naturelle. Au début, il limitait le séjour en bois à douze mois. Les vins étaient plus marqués. Sur un millésime comme 2005, il passe désormais à vingt-sept mois et obtient un résultat beaucoup plus satisfaisant, sachant qu'il ne recherche en aucun cas "l'aromatisation" des vins. Depuis quelques temps, il utilise également des bondes en silicone, absolument hermétiques, qui, a ses yeux, "encouragent" les échanges par les pores du bois.

- Vin d'une Oreille 2005 :
Une cuvée pour aller au bout du bout de la démarche!... Issue de soixante ares de vieilles vignes de 80 ans, où les raisins ont le tiers de la grosseur, du volume des grains des autres cuvées!... Tout commence par uneRe_VE_2008_124_1_ macération carbonique de six jours, dans un cuvon de 10 hl. Puis, chaque jour, ce cuvon est sorti au soleil pour la journée et rentré la nuit. Ainsi, le coeur de la cuve atteint 24 à 25° en une semaine. Grâce à cette manoeuvre, le contenu "sue" ou "suinte". Il est ensuite écrasé aux pieds. Macération et extraction sont limitées à douze heures. Le tout est alors écoulé en barriques par gravité, sur jus clair. La fermentation alcoolique démarre rapidement, la malolactique va durer un an. La mise en bouteilles est intervenue le 20 avril dernier, soit après 31 mois d'élevage (7 mois nets).

La cuvée tire son nom d'une vieille expression tourangelle, parce qu'on disait naguère, que celui qui en buvait penchait l'oreille en signe d'approbation! De la même façon, si vos convives vous déclarent qu'ils ont "les oreilles qui fanent", n'hésitez pas à les resservir!...

Un dernier mot à propos du concept original mis sur pieds par Sébastion David : PATRIMOINE SD. En fait, quelque chose qui se construit sur la durée et qui a débuté avec une cuvée apparue l'année de son installation, à savoir 1999, avec le P de Prémium. En 2000, avec le A, Ancestrale. Puis viennent le T de Thyrce (qui est, comme chacun sait, le nom du sceptre de Bacchus en forme de cep de vigne surmonté d'une grappe!) en 2001, le R de Razine en 2002 ("Reste bien dans les razines!" disait le grand-père de Sébastien, lorsqu'il lui apprenait à labourer. Ce sont les petits sillons que forment les socs de charrues lors des labours). En 2003, le I de Idylle (année de son mariage), en 2004, le M de Mi-chemin, c'est la moitié de la collection et à mi-pente entre les graviers du bas et les argiles des hauts. Pour 2005, c'est le O de Orion bien sûr, la constellation où passe le soleil, lors du solstice d'été!

07042008_007

Pour la suite, les paris sont ouverts!... C'est un jeu d'ailleurs, auquel les amateurs peuvent participer et gagner moult cadeaux!... Mais, ce n'est pas chose aisée!... Le vigneron ne manque pas d'idées!... D'ailleurs, pour 2006 et le second I, cela devrait se décider très bientôt. Et pour le N de 2007, le nom apparu dans la RVF, Neuvième, est une fausse piste!...

Les amateurs pourront donc acquérir, aux environs de 2012, une caisse bois spéciale contenant ces douze cuvées. Ils disposeront même d'un petit fascicule explicatif, en guise de mode d'emploi. Ils seront alors libres de suivre l'ordre établi... ou pas!

Décidément, rive droite ou rive gauche, la Loire est pleine de belles surprises. Et là, du côté de St Nicolas de Bourgueil, Sébastien David s'est attaqué aux moeurs goliathiques de la médiocrité, si souvent raillée de prime abord par les amateurs. Et il est près d'avoir déjà gagné!... Ne tarder pas à le découvrir!...

Publicité
Publicité
Commentaires
J
apres Orion, j'ai cru entendre Isis à moins que ce ne soit Isidore ...<br /> à suivre!<br /> je confirme la qualité d'Orion, c'est tres tres bon! le plus dur va etre de les garder ...<br /> <br /> Jull
Répondre
C
Bonjour Philippe,<br /> <br /> Bravo pour ce beau reportage.<br /> Dommage, je ne devais pas être loin...<br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> Laurent
Répondre
Publicité