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La Pipette aux quatre vins
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15 novembre 2014

Florian De Perre, à Cérons (33)

Non! Ne vous jetez pas sur votre téléphone, votre fax ou votre smartphone!... Ce domaine bordelais n'est pas encore présent sur la place, ni sur le marché. Ce jeune vigneron qui aura bientôt vingt-huit ans est en train de construire son micro-domaine au coeur de Cérons, rive gauche de la Garonne, AOP enchâssée dans les Graves, contiguë de Barsac et proche de Sauternes. Florian De Perre, un nom suggéré par Laurence Alias et Pascale Choime, des Closeries des Moussis, à Arsac, nous ayant présenté le jeune homme, comme figurant parmi les quelques jeunes passionnés de vigne et de vin de la région, apte à proposer avant longtemps quelques jolis flacons. Il faut dire que Florian est un "disciple" de Pascale, connue pour avoir vu défiler quelques promotions de vignerons en herbe, au lycée de Blanquefort, proposant une formation de BTS viti-oeno, que le jeune Céronnais enchaîna après un bac pro en alternance au Château Haut-Lagrange, à Léognan.

005Une passion née aux alentours de la majorité donc (alors qu'il fait des études littéraires et se destine plutôt au design), parce que c'est l'âge où ces cursus que l'on suit, vous permettent de croiser des compères jeunes vignerons de toutes régions et de découvrir le monde des vins, que nombre de jeunes justement n'imaginent que rarement aussi divers et varié. Et espérer parfois, entrer dans ce monde des producteurs, avec toute sa sensibilité et son envie, mettre sur la table et dans les verres, des Bordeaux à sa façon, démontrant à quel point cette région peut être multiple, lorsqu'on ne cède pas au conventionnel et à l'uniformisation des goûts et des saveurs. Pour ce qui est de la révolution, on verra cela plus tard!...

Après une période d'approfondissement des connaissances et d'expériences acquises à Macau et à Cérons, Florian De Perre se met, en 2012, en quête de quelques parcelles à reprendre en fermage. Il n'a pas pour objectif de s'installer, à proprement parler, sur quelques hectares, trois ou quatre, souvent trop peu pour en vivre décemment. Il veut juste accompagner un peu de vigne et, si tout se passe bien, proposer quelques dizaines de flacons autour de lui, peut-être à quelques cavistes. D'ailleurs, depuis un an, il a trouvé un emploi de chef de culture et maître de chai au Château Malromé, à St André du Bois. Il n'a désormais que quelques kilomètres à parcourir pour franchir la Garonne et se rendre dans cette propriété, qui fut naguère celle de la famille de Toulouse-Lautrec, le célèbre peintre qui y effectua nombre de séjours et où il finira ses jours. Il est d'ailleurs enterré à Verdelais, un des villages voisins. Cette propriété de trente-cinq hectares en Bordeaux Supérieur a été rachetée fin 2013 par un groupe franco-vietnamien (DCHL).

002En 2012 donc, Florian finit par passer une annonce dans le Bon Coin (méthode déjà éprouvée par son presque voisin Vincent Quirac, du Clos 19 bis, à Pujols sur Ciron) et le propriétaire de 90 ares de vignes, en deux lots distants de huit cents mètres à vol d'oiseau, lui en propose l'achat. Même si ce n'était pas vraiment dans ses plans, il s'organise, emprunte quelque peu et le voilà vigneron pour de bon et à la tête d'un petit patrimoine!... Il se penche aussitôt sur la remise en état des dites parcelles et les vendanges 2012 et 2013 sont vendues à une cave coopérative voisine.

Le premier lot de ce micro-vignoble est bien situé en AOP Graves, sur un sol assez sableux. Une quarantaine d'ares, dont une bonne vingtaine de merlot planté en 1980 et 17 ou 18 de cabernet sauvignon un peu plus vieux. Sans oublier deux rangs de malbec, découverts après l'achat, jouxtant les onze de merlot. Un pommier et quelques fruitiers complètent le décor. Il reste quelques arpents, toujours en Graves, à planter, mais le bois est somme toute assez proche.

A quelques distances donc, un autre îlot d'une quarantaine d'ares composé d'une parcelle de 15 ares de sémillon, qui fut naguère plantée de muscadelle, mais complantée (et surgreffée?) en 2009 et 2010 par l'ancien propriétaire et d'une autre de 25 ares environ de sémillon également, qui permettait de proposer du Cérons en moelleux-liquoreux. Des sols plus légers, où les graves typiques du cru parsèment le sol, en galets ronds de différents diamètres. Un important travail de remise en forme de la vigne (taille en guyot double) va permettre, petit à petit, de redonner un bon équilibre à la plante. Ici, le travail du sol n'interviendra pas avant décembre ou janvier, du fait d'un bon drainage naturel. Notez que cette zone permet de produire du Cérons ou du Graves blanc sec, selon le choix du vigneron.

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Florian De Perre n'a pas pour objectif de produire du liquoreux, si ce n'est des quantités extrêmement limitées (une barrique), lorsque le millésime le permet. Cette année, en 2014, cela s'est avéré absolument impossible du fait de la présence de drosophila suzukii, vedette du millésime dans nombre de régions (même si on en parle très peu à ce jour) et qui a, semble-t-il, gravement compliqué la tâche des vignerons dans une bonne partie de l'AOP Barsac, où il était présent dès le début septembre et même en 2013!... En attendant, le vigneron ne perd pas de vue une friche voisine et quelques rangs à l'abandon, plantés très largement d'hybrides divers, qu'il pourrait acquérir, afin d'y planter du sauvignon blanc (ou gris?), de quoi composer un îlot plus cohérent et atteindre, petit à petit, une surface maximum de 1 ha 50.

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2014 sera donc son premier millésime mis en bouteilles au domaine, le Domaine des Gaillardes, ce sera son nom, dont les locaux se composent à ce jour d'un petit hangar et d'un garage, avant une évolution prochaine espérée. Pas pour autant des vins de garage, se distinguant notamment par un prix de vente pour le moins prohibitif, voire dissuasif. Ici, les vins ne devraient pas dépasser une petite dizaine d'euros!... Pour le blanc, il faudra attendre mai ou juin 2015. Quant au rouge (pas plus de 10 hl au total), c'est l'évolution des vins, au fil des mois, qui décidera de la date de mise.

En fait, on flirte là avec le virtuel, histoire de découvrir une sorte de comète Tchouri dans l'univers bien en place des grosses planètes bordelaises. Pensez donc, Sauternes est là, à deux pas!... Vous pourrez aussi bientôt envoyer Rosetta en orbite et Philae rebondir sur cette terre méconnue du système stellaire bordelais, sans avoir à franchir des millions de kilomètres dans la galaxie. Le vigneron pourrait avoir la tête dans les étoiles justement, mais ses pieds sont bien ancrés, eux, sur sa terre de Cérons. Et comme sur ce petit caillou dans l'univers, les amateurs pourraient bien y découvrir la vie ou, tout du moins, des vins vivants.

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Commentaires
L
Une jeune vigneron avec de l'esprit et beaucoup de volonté, à suivre
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