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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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24 mai 2015

Loire, Layon, Loire non stop!...

Journée bien pleine pour un vin t'et un mai!... Qui, de plus, fait suite à une autre journée occupée par une assemblée générale associative, récréation qui a le bon goût d'être seulement annuelle!... Besoin de souffler, de grand air?... Ça tombe bien, le grand bleu est annoncé dans la région, avec une petite fraîcheur matinale qui vous met tout de suite sur les rails!... Direction Savennières, puis Rablay sur Layon, la soirée s'articulant ensuite entre un passage à Monnières et un joli dîner à Nantes.

10922525_10206617599056645_1868966974086459909_nIl est à peine 9h30 quand je sonne à l'interphone du Domaine Laroche. Tessa répond à quelque appel téléphonique, puis se réjouit franchement de la météo du moment. Temps sec, lumière, vent du nord, sans oublier la végétation, comme on peut le constater en venant par l'autoroute, dont les talus sont couverts de fleurs multicolores, comme s'il s'agissait de parcelles dédiées à des jachères polliniques du plus bel effet. "C'est presque trop beau, on croise les doigts, même si d'autres échéances, comme la période de la fleur, ne sont pas encore passées!..." Tessa Laroche me propose un café ou... une découverte du millésime 2014?... Devinez mon choix?...

Pour ces jus en cours d'élevage, deux tonneliers ont eu la préférence de la vigneronne de La Roche aux Moines : Atelier Centre France et Taransaud. Après, il faut aussi composer avec les chauffes : blonde, moyenne, ainsi qu'avec les barriques neuves, d'un vin ou de deux vins... Un véritable cocktail qui, pour un vigneron, peut aisément virer à la prise de tête, si l'on y prend garde. Il faut s'inscrire dans la durée, se projeter jusqu'au terme de l'élevage, tout en prenant en compte les impressions et sensations ressenties lors des millésimes précédents, d'autant que parfois, un autre tonnelier venait compléter la donne. En l'occurence, 2013 ne se situait pas dans le même registre que 2014. Ici, lorsqu'on voit se succéder dans son verre les différents lots à déguster, il convient aussi d'intégrer que les vins issus du Parc, à l'intérieur du clos, expriment d'autres choses que ceux des Ruettes, à l'extérieur. Pas si simple la vie de "grand cru"!...

002Pour l'heure, j'ai un gros faible pour les jus du Parc séjournant dans les barriques ACF, notamment une chauffe blonde, même si Tessa souligne que les Taransaud apportent une sorte d'ampleur au vin, tout en se souvenant que les premières, un an plus tôt, l'avaient laissée perplexe sur le 2013... Si Taransaud est devenu le numéro un national, pour nombre de vignerons, la dimension familiale d'ACF, un atout apprécié au point que la commercialisation touche désormais plusieurs vignobles français, implique que l'entreprise doit maîtriser son expansion en préservant une qualité unanimement reconnue jusqu'à ce jour. Quoi qu'il en soit, ces 2014 se goûtent joliment, en confirmant une impression déjà ressentie, que le dernier millésime et d'ores et déjà ouvert et parfois doté d'une élégance et d'un charme indéniable.

Pour ce qui est du "Grand Cru Roche-aux-Moines", auquel il convient de conserver les guillemets, par bienséance préservatrice d'éventuelles susceptibilités locales, il faut bien dire qu'il est dans les esprits et parfois dans les conversations. Il semble que la petite douzaine de vignerons du cru a bien conscience qu'il devient au fil du temps incontournable et que ceux qui sont les plus à même de porter le projet, ainsi que le texte à soumettre à l'INAO soient connus et proches de passer à l'acte. Ne reste plus qu'à convaincre de la nécessité d'user d'une hiérarchie qui s'impose d'elle-même, tant les secteurs qualitatifs de Savennières sont connus, pour peu qu'ils soient bien travaillés et respectés. Autant de "crus" qui pourraient intégrer à terme un niveau intermédiaire de "premier cru". Les Clos du Papillon, des Perrières, Saint Yves, Croix Picot, voire Pierre Bécherelle ont sans doute le potentiel voulu, avec peut-être d'autres secteurs. Peut-on croire cependant que cela ne fasse que des heureux?... Ceci est une autre histoire!... "La bise à Richard et tu lui diras que sa parcelle à... est superbe!..." Je reste quelque peu interloqué, mais je devrais en savoir plus avant longtemps, juste le temps de rejoindre Rablay sur Layon.

11212787_10206617913384503_4546377476375975709_n"J'en termine avec tes bouteilles!" Richard Leroy capsule et étiquette quelques flacons de chenin angevin. La photo que je mets alors en ligne sur Facebook connaît immédiatement un franc succès!... Vingt ou trente "like" en à peine quelques heures, même si le cliché n'est pas très net et quelques commentaires qui sont presque des déclarations d'amour!... Heureusement qu'il ne va pas à Cannes, le vigneron de Rablay. En plus, les marches rouges devraient devenir bleues!... Certains cavistes en disposant, évitent de mettre tant Les Rouliers que Les Noëls de Montbenault en évidence, sinon c'est la ruée vers l'or bleu!... C'est un peu comme si vous postez la photo ou la vidéo d'une Ferrari. Instantanément, ceux qui rêvent de s'installer au volant d'un spider porteur du célèbre cheval cabré, expriment leur admiration et leur désir inassouvi. Il ne manquerait plus que Richard ne dessine ces futures étiquettes en les illustrant d'un cheval cabré bleu et sa vie pourrait devenir un enfer!... Déjà qu'avec des messages téléphoniques du genre : "Bonjour, nous sommes Parisiens et de passage dans la région. Nous avons lu et beaucoup aimé Les Ignorants, nous serons chez vous à 15h30 pour goûter... vos rouges!..." Richard Leroy est d'un naturel pondéré, mais il va lui falloir devenir un adepte du stoïcisme le plus absolu. Remarquez, la petite parcelle dont il vient d'accepter la charge sera travaillée au cheval, alors pourquoi pas?... Non, n'insistez pas, je ne vous dirai pas où, j'en ai déjà trop dit!... Je vais être interdit de séjour au 52, Grande Rue!... Mais, une découverte sur site dans les prochains mois est des plus probables. J'en vois déjà qui inscrivent La Pipette aux quatre vins dans leurs favoris!...

En attendant, nous passons en revue quelques lots des Rouliers et de Montbenault 2014, là encore pour constater que les vins sont très accessibles, frais et expressifs. S'ils continuent sur cette voie, gageons que leur séjour en cave, chez nombre d'amateurs, sera des plus brefs. Et ce serait peut-être dommage... La dégustation à suivre d'autres millésimes récents démontre aussi tout l'intérêt de ces vins respectant le millésime et démontrant le potentiel de garde et de séduction des grands chenins secs d'Anjou. Et peut-être un jour une verticale depuis 2003... Des amateurs?... Notez aussi au passage que les volumes disponibles tendent à augmenter (ah, enfin de bonnes nouvelles!), puisque le long travail de replantation des manquants porte ses fruits. Désormais, les vignes des deux crus du domaine produisent quasiment à 100%, ce qui est, aux yeux du vigneron, un objectif incontournable que nombre de ses confrères, notamment les plus jeunes selon lui, oublient trop souvent. "Lorsque tu traites sur deux hectares où il y a 20 ou 30% de manquants, tu le fais en partie dans le vide!... Une forme de rentabilité économique est à ce prix."

1908376_10206617997106596_1936750428179047543_nPour les habitants du cru, le chai et la maison de Richard Leroy, c'est un peu portes ouvertes permanentes. Il n'est pas rare qu'au cours de la dégustation, un Rablayen franchisse la porte bleue et se mêle, non sans plaisir, au tasting en cours. Au moment même où je questionne le vigneron sur les nouveautés de la région, c'est Dominique Dufour qui s'annonce. "Tiens, ben voilà peut-être celui qui fait le meilleur Layon du coin!..." Ne cherchez pas le domaine, le néo-vigneron vient juste de réintégrer le village. Natif de ce haut-lieu viticole angevin, Dominique a passé l'essentiel de sa vie à Bordeaux. Il y est désormais revenu pour reprendre quelques arpents d'une vigne située aux Aussigoins, dans le secteur de Montbenault, dont l'essentiel est en fermage et soignée par Kenji et Mai Hodgson. Et donc, en 2014, la production d'un "Layon nature" (pas plus de 5 gr de sulfites ajoutés) et de quelques bouteilles de blanc sec, le tout en quantité extrêmement limitée. Bien sur, une assistance attentive de Richard, mais aussi de Bruno Rochard était requise et le résultat final est tout à fait intéressant, même si les deux vignerons préconisent, non sans humour, la seule production d'un sec.

Il ne restait plus qu'à partager quelques saucisses, ouvrir d'autres canons et saluer Kenji, en quête de son propriétaire pour quelques travaux à la vigne et l'urgence de rejoindre La Roche sur Yon apparaissait. En effet, il me fallait alors reprendre le volant d'un minibus de Rev Evas'Yon, afin de rejoindre Monnières avec un petit groupe d'amateurs vendéens, sous l'égide de Vigne'Horizons. La vie d'amateur n'est parfois pas si simple qu'il y paraît!...

004Cap sur Monnières donc. Julien Braud nous attend pour un petit tour dans les vignes et une dégustation des cuvées disponibles. Le jeune vigneron qui fête ses vingt neuf ans le lendemain 22 mai n'est pas homme à mettre la charrue devant son duo de chevaux!... D'un naturel calme et pondéré lui aussi, il laisse entrevoir cependant une forte détermination. Malgré les difficultés liées à la météo de l'année, il avait mis sur le marché un premier millésime, 2012 (découvert aux Chants d'avril), sorte de ballon d'essai, mais façon but en or!... A un moment où quelques jolies tables nantaises étaient en quête de nouveautés, son Muscadet rassemblant des jus venant de sols divers (gabbro et gneiss surtout) n'avait pas tardé à soulever l'enthousiasme. Pas du genre à s'enflammer cependant, Julien continuait son travail sur les parcelles, en prolongeant les élevages et ainsi, obtenir le meilleur des crus, comme ce Monnières-St Fiacre 2013, qui ne devrait voir la bouteille qu'en fin d'année 2016.

On pourrait ainsi découvrir le contenu de six ou sept cuves souterraines, mais Julien craint la manipulation d'une même pipette risquant de déclencher des malos intempestives non souhaitées. Un petit aperçu cependant laisse entrevoir la qualité des 2014. Malgré tout, au détour d'un verre, une ombre d'inquiétude surgit sur le visage du vigneron. Une des cuves laisse entrevoir des arômes disgracieux. Oxydation?... Peut-être pas, mais il va falloir surveiller cela très attentivement, sinon, ce serait trente hectos à passer dans le caniveau!... Argh!... Ou comment une perspective favorable et encourageante peut faire basculer un vigneron dans l'angoisse de perdre un gros volume...

005Malgré tout, 2014 se présente bien, avec d'abord cette médaille d'or obtenue voilà quelques semaines, lors du concours des vins de Monnières. Et ce n'est pas être champion de sa rue que d'imposer un style si rapidement, au nez et à la barbe des domaines bien établis et depuis longtemps en viticulture conventionnelle. Julien n'en tire d'ailleurs aucune gloriole particulière et se dit plutôt heureux d'avoir déclencher la curiosité de ses confrères. Peut-être la meilleure façon de convaincre d'une approche bio...

Au passage, sa cuvée de printemps, Les Vignes du Bourg 2014 s'exprime très joliment, avec un joli fruit et une délicatesse n'altérant pas sa capacité à bien durer, même au-delà des beaux jours à venir. Ensuite, retour sur 2013 et 2012, avec la cuvée domaine, seule proposée pour l'instant, avant l'arrivée sur le marché des 2014 et peut-être quelques parcellaires. En fait, de 2012, il ne reste que des magnums, ce qui peut être une bonne idée, tant la cuvée s'exprime avec distinction en ce moment. A noter aussi un pétillant très réussi, La Bulle de l'Ouest, avec ses quelques grammes de sucres résiduels, contrairement au 2013, au charme indéniable, lorsque l'heure de la tarte aux fraises (ou aux pommes) a sonné.

Le jeune homme de Monnières est définitivement une piste à suivre, même si l'on doit encore se projeter dans l'avenir pour définir les traits d'un domaine certainement incontournable du futur. D'autant qu'il ne manque pas de projets, dont la production d'un rouge issu de pinot noir et peut-être même, plus tard, d'un gamay, pour peu qu'il puisse dédier ce cépage à une lentille de granite qu'il a déjà repérée... Un peu comme dans le Beaujolais, où il a suivi sa formation et travaillé quelques années. Passion et abnégation sont dans les gènes de Julien Braud, n'en doutons pas!...

11351368_10206621434192521_6010076809020197142_n20h, il est temps de franchir de nouveau la Loire. Le centre ville de Nantes est à moins de trente minutes des rives de la Sèvre Nantaise. Parmi les jolies tables de la cité de la Duchesse Anne de Bretagne (Nantes est en Bretagne, vous ne le saviez pas?!...), notre choix s'est porté cette fois sur Pickles, 2 rue du Marais, à quelques pas du Cours des 50 Otages et non loin de l'Hôtel de Ville. Seul problème, les difficultés pour trouver une place pour un véhicule de neuf places!... Cinquante minutes plus tard, grâce à la compréhension de l'équipe du restaurant, le menu du jour peut être lancé pour notre groupe de neuf personnes.

Le Pickles, avec ses quarante couverts, est plutôt dans le genre offrant une "cuisine néo-bistrot", le plus souvent pris d'assaut. Dominic Quirke, sujet britannique, manage l'ensemble, mais c'est lui qui impulse derrière ses fourneaux un style qui se veut audacieux et influencé par la cuisine de quelques chefs prestigieux chez qui il a travaillé, mais aussi par ses rencontres avec quelques jeunes chefs du monde entier. De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace!... Ce pourrait être sa devise, s'il osait paraphraser Danton, mais il préfère peut-être Nelson à Trafalgar ou Wellington à Waterloo, autant de triomphes de l'Union Jack!...

Le choix de Nantes semble être une évidence pour le chef du Pickles, puisqu'il trouve l'ensemble des produits frais recherchés à moins d'une heure de route. Bien secondé par Charlotte Thiercelin, chef de partie passée notamment par La Chabotterie, en Vendée puis l'Auberge des Glazicks, en Finistère et Jean-Baptiste Truchard, responsable de salle et sommelier. Une équipe attentive, un chef qui vient s'enquérir de la perception qu'ont ses clients de la cuisine, en fournissant moult explications.

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De savoureuses entrées, à base de saumon mariné Miso, crème d'ail, yaourt, chèvre, kohlrabi, shiitake pour les uns et de magrets de canard et oignon brûlé, ravioli de pomme de terre, comté vieux, soubise et anchois pour les autres, suivies d'un trio de viandes de cochon noir de Gascogne, houmous de fève, risotto d'orge bio, chorizo ibérique ou d'un poisson succulent associé à de jolis petits légumes, puis des desserts, dont une tarte soufflée au chocolat glace fruit de la passion et mangue résolument bluffante et un tiramisu aux fruits rouges, hibiscus, vanille, meringue Sumac, yaourt verveine citronnelle délicieux. Une cuisine qui décoiffe et qui nous régale, accompagnée pour l'occasion de deux très beaux flacons : Arcane 2010 de Fosse Sèche, de Guillaume et Adrien Pire (qui n'avait rien d'un cidre!... Suivez mon regard!) et Faustine 2011, un rouge du Domaine Abbatucci, composé pour notre plus grand plaisir de sciacarello et d'un peu de nielluccio, comme si la Corse et Napoléon se rappelaient à notre bon souvenir en terre anglaise!...

Au terme d'une journée des plus goûteuses, il ne nous restait donc plus qu'à regagner nos terres vendéennes et La Roche sur Yon, là même où, au centre de la place principale, on peut remarquer aisément une statue équestre de... Napoléon!...

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Commentaires
J
Salut Philippe, ne me dis que tu ne savais pas pour Richard! meme jusqu'ici je suis au courant<br /> <br /> Evidemment partant pour une verticale du King
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