La grêle, un fléau pour les vignerons!...
Une vidéo postée par Benoit Tarlant, il y a presque deux ans...
En France, comme nous pouvons tous le constater, nous sommes dans une situation météorologique particulièrement instable. Il est quasiment certain que, si l'on regardait attentivement dans le rétro, on ne manquerait pas de trouver d'autres années comme 2009... Mais, malgré tout, de tels risques d'orages et de grêle à la mi-mai, ce n'est pas si fréquent!...
Pour tout dire, on se demande quand même, au passage, si ces constats ne sont pas assez nouveaux, au même titre que certaines violentes tempêtes hivernales, en zone tempérée, ou des cumuls de précipitations hors normes.
Voici quelques impressions de vignerons de St Émilion, interrogés suite à cette nuit du 12 au 13 mai d'un autre genre... En effet, il faut noter que cet orage de grêle est survenu au cours de la nuit (4h du matin!), ce qui laisse supposer la dose d'adrénaline supplémentaire, que les vignerons ont du ressentir, ou subir!...
Philippe Cohen, du Château Vieux Taillefer, à Vignonet, résume en quelques mots l'impression ressentie et l'émotion du lendemain, avec cette part de peur rétroactive : "Du jamais vu au dire des anciens, oui, beaucoup de grêle... Nos vignes ont été épargnées, heureusement... Certains ont tout perdu..."
Non loin de là, André Chatenoud, au Château Bellevue, à Lussac-St Émilion respire : "Pas de dégâts à Bellevue!... Il y en a eu à 800 mètres!... Le couloir de grêle est parti de La Brède [Graves], en passant pas les Premières Côtes, puis vers Créon, Moulon, Génissac, a traversé la Dordogne, fait de gros dégâts à St Sulpice, puis vers St Émilion. Il n'y a plus rien sur les secteurs de Haut-Sarpe, Soutard, Trottevieille, Larmande, Dassault... Enfin, toute la commune de St Christophe est très sévèrement touchée, de même sur St Laurent, voire Castillon... Et des dégâts plus localisés, mais sévères sur Puisseguin. Je crois qu'il ne s'est jamais vu un couloir de grêle aussi large et aussi violent, sur une aussi grande surface!... Évolution du climat?..."
Petits et grands crus, chacun a connu l'inquiétude, voire l'angoisse. Parfois, dès le lendemain, certains ont trouvé une forme de réconfort, en constatant à quel point, ils avaient été épargnés, vis à vis de certains. Alain Vauthier, du Château Ausone, fait le point de façon très pragmatique : "Ausone n'est pas touchée, sauf 10% du vignoble le plus au nord, mais pas très gravement. Par contre, sur les autres vignobles, nous avons des dégâts importants, mais moins que les secteurs Trottevieille, Soutard, Sansonnet, Haut-Sarpe, Destieux, Laroque, Lassegue, etc... C'est la première fois qu'il y a un nombre d'hectares [touchés] aussi important en Gironde (peut-être 20 000 hectares sur 110 000). Cela posera d'énormes problèmes économiques à de nombreux crus : cours très bas + petite récolte 2008 + pas de récolte ou petite récolte en 2009 et, pour certains, petite récolte en 2010. Mais, malheureusement, comme après 1991 |gel], il faut que les viticulteurs assument les aléas climatiques..."
De son côté, Stéphane Derenoncourt se projette vite vers l'avenir. On devine, dans le contenu de ses réponses, à quel point il a du être sollicité par les vignerons inquiets... D'une certaine façon, il dédramatise et relativise la situation de certains, tout en constatant tout le désarroi légitime de quelques vignerons : "2 500 hectares touchés, mais à divers degrés. Perte de récolte importante dans le secteur de Trottevieille. C'est très impressionnant, car la vigne est jeune et tendre, mais ce n'est pas le drame, sauf pour quelques-uns. Déjà la force de la sève redresse les pousses. On y verra plus clair en fin de semaine, avec les cicatrisations."
- On peut supposer que les conséquences d'un tel orage de grêle, nocturne cette fois, sont très différentes, selon qu'il se produit en mai ou en juillet-août?...
"C'était à 4h du matin. En effet, c'est beaucoup moins grave, parce que ce sont encore des petites mannes, pas des grappes et qu'on est tôt dans la pousse, donc la force de la sève permet encore une pousse et une cicatrisation."
- Qu'en est-il de la possibilité d'intervention dans les vignes?
"Il a fallu attendre quelques jours, mais maintenant, tout est réglé. Les plus argileuses ont été faites au quad!..."
Alors, les moyens existent-ils vraiment, pour lutter contre un tel fléau et ses effets?...
De tous temps, d'ingénieux chercheurs ont tenté de mettre au point, des outils adéquats. Mais, peut-être faut-il commencer par s'informer?... De nos jours, il existe sur Internet un site dédié à la protection anti-grêle. Quelques canons sont parfois proposés... On peut aussi tenter d'ensemencer les nuages, à l'aide de fusées paragrêles, chargées d'iodure d'argent...
Mais, la lecture de certaines théories et la découverte de quelques matériels ne manquent pas de nous laisser perplexes, certains jours. Avec Bordeaux, le Sud-Ouest, Tursan notamment et d'autres régions, le Pays charentais a, lui aussi, été sévèrement touché. A Juillac le Coq, au coeur de la Grande Champagne, Monique Fillioux nous précise : "En effet, cinq hectares de nos vignes ont été assez fortement touchées. Pas d'autres solutions, que de subir cette nature parfois rebelle, à qui on en fait voir de toutes les couleurs!..."
Espérons donc, avec les vignerons, mais aussi les maraîchers ou les producteurs de fruits, que l'actualité ne sera pas trop ponctuée, cet été, de ces passages de sombres nuées dévastatrices. En tout cas, pour tous ceux qui seront prochainement du côté de St Jean de Monts, pensez à votre petite laine!... (private joke).