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La Pipette aux quatre vins
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19 septembre 2010

Luca maggiore à Barolo!...

Retour en Piémont cet été, comme convenu avec Luca Roagna, de Barbaresco. Nous ne sommes pas sur les rives du Lago Maggiore, mais sur la rive droite du Tanaro, autre affluent du Pô. Là, dans ce petit village des Langhe, qui compte moins d'habitants que d'hectares de vigne, le jeune vigneron de Pajè, plein d'enthousiasme et de détermination, nous invite a découvrir le nouveau millésime 2009, mais aussi la nouvelle cantina du domaine, à Castiglione Falletto, non loin et au coeur de Barolo.

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Un vrai plaisir de retrouver ce paysage vallonné, où la vigne ne laisse que peu de place aux constructions diverses ou aux routes étroites. Il ne doit pas être très facile de trouver ici, l'espace nécessaire à un terrain de football!... Le village est regroupé autour de ses deux églises (dont une abrite l'Enoteca Regionale!) et de l'imposante tour médiévale, au pied de laquelle, Luca se souvient de ses jeux d'enfants : combien de fois l'a-t-il prise d'assaut, cette tour, à la tête des barbares, à moins qu'il ne fut, certains jours, ce général autrichien qui repoussa une première fois les Français de Bonaparte, en 1799, avant Marengo et réclama, pour fêter la victoire, du nebbiolo de Barbaresco!...

En cette fin d'après-midi, il est un peu tard pour nous rendre à Castiglione Falletto. Mais, finalement, nous disposons du temps voulu pour découvrir quelques cuves du millésime 2009. Soyons clairs : le vigneron de Pajè est très confiant. Les vins ont tous un très beau fruit et des tannins solides, mais d'ores et déjà élégants. De belles cuvées à prévoir!...

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Nous avions confié à Luca la charge de nous trouver le gîte et le couvert dans la région... Et, on peut affirmer sans crainte, que le jeune homme a du goût!... Le Torri, rue Roma, sous la protection du château médiéval de Castiglione Falletto, dans le genre auberge, c'est, à proprement parlé... une belle auberge!... Elle fait partie d'une sorte de triptyque, avec l'hôtel et le restaurant voisins. Pour tout dire, l'albergo de l'adorable Renata Ferrero a tout pour être un remarquable camp de base, pour tous ceux qui veulent sillonner les Langhe!... Y compris la vue imprenable sur Novello, Barolo, La Morra, Verduno, pour les instants de contemplation, même matinaux!...

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"Il nous faut trouver une jolie table typique, non?... Je n'y suis jamais allé, mais je crois que j'ai quelque chose qui va vous plaire!..." nous dit Luca, amusé. Un appel téléphonique, quelques kilomètres dans les collines et les bourgades de la région plus tard, nous voilà, à la tombée de la nuit, à Roddino. Une porte donnant sur la rue, juste éclairée par un lampion : Osteria da Gemma. Je sens que j'aime déjà!... Luca nous rappelle que les Langhe, avant d'être une région regroupant quelques merveilles viti-vinicoles, sont d'abord connues comme "destination gastronomico-touristique"!... C'est une sorte de Périgord à la piémontaise!... D'ailleurs, la ville principale toute proche, Alba, est mondialement réputée pour ses truffes blanches et sa grande féria, en octobre.

Ne disposant pas d'un reporter photo accrédité "mets et vins", comme sur certains blogs très affûtés en la matière et constatant la défaillance momentanée de la batterie de mon appareil, je ne peux vous montrer les images quasi insupportables de ces agapes, mais seulement évoquer le menu en quelques mots. D'abord le lieu : derrière la porte, un petit escalier de quelques marches, puis une petite salle où se trouve le bar. De cet endroit, on accède à d'autres petites salles. Les tables, souvent de deux ou quatre personnes, sont adroitement distribuées. Ici, pas d'étoiles, pas de toques, pas de cartes!... Tout le monde mange la même chose!... Le menu est quasiment immuable, seulement adapté avec les saisons. Et c'est tout le temps complet!... Le midi, on trouve aussi bien les gens qui travaillent dans la région, que les visiteurs de passage.

Chose importante : il vaut mieux venir là avec la faim et surtout, ne pas se ruer inconsidérément sur les premiers succulents antipasti, sinon, vous jetterez l'éponge avant la fin, et ce serait dommage!... Côté vin, une bouteille de dolcetto maison fait souvent l'affaire!... Tout commence donc par un peu de salami, dont le délicieux salame cotto. Attention! Juste une ou deux tranches!... Même s'il arrive entier sur la table!... Ensuite, une recette de tartare (délicieuse!) est servie avec une salade russe. Puis, l'incontournable vitello tonnato précède juste de quelques instants deux plats de pâtes, fusilli ou capellini, ainsi que tortellini farcies. Slurp!... Ça va mieux, non?... A suivre, deux plats de viandes, lapin et veau, joliment cuisinés. Quelques légumes... Tout va bien?... Reste la cerise... et les gâteaux : quatre desserts, dont meringue, pâtisserie au chocolat, flan caramel et un carpaccio d'ananas!... C'est à peine s'il reste de la place pour le café!... Fut-il italien!... Ça, c'est du régime, ou je ne m'y connais pas!... "T'as pas pris un peu de poids, toi?... Non, je suis passé en Italie pendant les vacances!..."

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Vous n'allez pas le croire!... En fait, le lendemain matin, nous étions en pleine forme, pour découvrir, en compagnie de Luca Roagna, l'état d'avancement des travaux de la nouvelle cantina du domaine. Celle-ci va s'inscrire au mieux dans le paysage et sera pourvue de toutes les avancées actuelles, en matière de développement durable : photovoltaïque, gestion de l'eau, revêtement végétal... Le chantier avance plus vite désormais, sous l'impulsion d'un éminent architecte transalpin, Giorgio Agù, ami d'enfance d'Alfredo Roagna, ce dernier, passionné et vigilant au bon déroulement des opérations. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'affaire est désormais bien engagée et va valoir le détour!...

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Si le coeur historique du domaine se situe bien à Barbaresco, les Roagna sont propriétaires de ce cru de La Rocca e la Pira depuis la fin des années 80, au moment de la "dépression" des grands vins de la région. On peine à le croire de nos jours, mais certains millésimes, disponibles ces années là, étaient devenus très abordables, au point que les amateurs italiens purent en acheter quelques bouteilles (comme le rappelait Giulio Armani la veille!...), alors qu'ils les considéraient un peu comme nos 1er GCC bordelais de nos jours.

Alfredo l'ignorait alors, mais en faisant l'acquisition de ces dix hectares (dont presque huit de vignes, qui devrait désormais devenir "cru monopole" La Pira) et de cette grande maison typique, dont une partie date du XVIè siècle, il ne faisait que jeter les fondations de la vie pleine de passion de son fils Luca, représentant de la cinquième génération des vignerons de Pajè.

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Le statut de "cave historique", dont bénéficie le domaine, a permis aux Roagna de vinifier le Barolo au coeur de Barbaresco, aspect de la réglementation locale en principe incontournable. Mais Luca avoue désormais sans peine que ses futurs Barolo devraient franchir un nouveau palier, puisque la vendange n'aura plus ces vingt-cinq kilomètres à franchir (naguère en tracteur!), avant de rejoindre le cuvier.

L'autre point important ayant motivé la construction de ces confortables installations, c'est que les vignerons se sentaient souvent à l'étroit, tant au cuvier que dans la cave d'élevage. Celle de Pajè avait été imaginée et construite pour une génération, la nouvelle permet d'entrer de plein pied dans le nouveau millénaire!...

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Bien sur, au delà du bâti, ce que Luca Roagna veut mettre en valeur et en évidence, c'est le terroir de Barolo. Et puisqu'il a fallu creuser la colline, autant montrer ces marnes bleues ou ce calcaire qui se délite, si caractéristique du cru!... D'ailleurs, plutôt que cacher la paroi dans le fond de la vaste salle d'accueil, il a décidé de la laisser visible, afin que les futurs visiteurs puissent tenter d'identifier les strates de roches, qui composent le sous-sol de Castiglione Falletto. Génial, non?...

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La vigne de La Rocca e la Pira bénéficie d'une exposition optimale, plein sud. C'est ici que l'on trouve les pieds de nebbiolo les plus vieux du domaine, puisque, les plus jeunes, destinés au riserva, ont été plantés en 1937. Certains ont même 90, voire 100 ans!... C'est ici également que l'on peut découvrir quelques exemples d'utilisation du marcottage, pour remplacer les manquants, solution efficace dans ce coteau, du fait d'un sol composé d'éboulis de pierre délitée, qui rend la terre presque "sableuse". Comme on peut le constater, il se passe nombre d'années, avant que le jeune rameau ne soit coupé de la vigne mère et ne vole de ses propres racines!... Toujours cette recherche insatiable de l'expression du terroir!...

Les rendements naturels sont très faibles. Les friches, en pied de coteau, contribuent à isoler quelque peu le cru des "mauvais traitements"!... Il faut dire que Luca se connaît peu de congénères, tant à Barolo qu'à Barbaresco, inscrits dans la même démarche. Dans la vigne, la nature s'exprime. On peut y découvrir une foultitude d'herbes aromatiques. La "micro-faune" présente (comme cette superbe mante religieuse!) symbolise la teneur de la biodiversité locale. Et puis, le vigneron nous prend à témoins, en nous montrant une superbe grappe de nebbiolo : "Pourquoi multiplier les traitements, quand le raisin arrive à maturité avec cette qualité?..."

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Le temps d'un dernier casse-croûte en terrasse, à Barbaresco, de glisser quelques flacons dans le coffre, de prendre note de quelque autre adresse à ne pas manquer dans la région et nous devons reprendre la route des Alpes. Pas de doute, les Langhe viticoles ne peuvent laisser personne indifférent!...

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Commentaires
D
Magnifique article qui donne envie de prendre la première navette pour les Langhe... Dis moi ton Ostéria, y'a pas une balance à l'entrée qui interdit l'accès aux gars pesant moins d'un quintal au moins :-)))<br /> (vieille coutume d'un resto lyonnais n'ayant plus court de nos jours)<br /> Au plaisir de te lire
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