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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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26 mai 2012

Vendredis du Vin # 46 : Syrah... de marée!...

Pour déguster, il convient d'attendre l'heure... L'heure de la marée basse, bien sûr. Histoire d'aller à la pêche aux pignons, sur une plage de St Jean de Monts et de revenir au bar, rouges, iodés, salés (autant de caractères évoquant parfois les grandes syrahs) et hagards!... Souffrez donc que j'implore votre pardon pour ce léger retard!... Minuit a sonné depuis des heures au cadran des Vendredis du vin, chapitre 46 (comme le temps passe!), mais ne vdv-logo[1]ressemblant pas à Cendrillon, je ne crains guère de constater que les roues de mon30012012 022 carrosse ne redeviennent des barres à roue et que mes souliers de verre ne se transforment en palmes. Mais, quel est ce poulpe dont vous vous coiffâtes, très cher?...

C'est le célèbre Aurélien Litron, cousin lointain et rhodanien de la non moins célèbre Aurélia, globe-trotteuse enjoyeuse, qui nous appelle sur les bords du Rhône et nous invite à déposer sur les berges du fleuve pas tranquille, le jour même de ses x... berges (cabotin, il n'indique pas son année de naissance sur facebook!), des syrahs venues d'ici et d'ailleurs!... Pas si rare la syrah et infatigable voyageuse dans le temps et les espaces. On en trouve donc sur les bords du canal rhodanien, du nord au sud, puisque les exemples venant des coteaux valaisans ne sont pas rares. Pure du côté de Cornas, possiblement métissée de marsanne et de roussanne en Crozes-Hermitage, Hermitage, St Joseph et de viognier en Côte-Rôtie, elle suit le fleuve dans son delta, en irrigant Languedoc et Roussillon vers l'ouest et Provence vers l'est. Quelques rameaux éclaireurs, soufflés par le vent, ont poussé jusqu'en Italie et même jusqu'en Espagne. Dans cette dernière contrée, où certains la disaient absente, René Barbier n'a-t-il pas démontré qu'elle était historiquement présente en Priorat, région viticole colonisée au Moyen-Âge par des moines rhodaniens, qui ne pouvaient l'avoir oubliée dans leurs bagages. Même si ce cépage fut longtemps appelé grenache français en Catalogne.

Si d'aucuns suggérèrent naguère de l'implanter plus au nord, en Beaujolais notamment, pour "répondre" aux évolutions supposées des données climatiques, la syrah mit franchement cap au sud, en peuplant l'Australie, l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Argentine, mais aussi le Mexique et la Californie.

Voyageuse, escapadeuse et certes enjoleuse avec sa participation aux multiples familles aromatiques : baies noires, violette, poivre, épices, olives noires, menthol, feuillages, tapenade, saumure... il y en a pour tout les gôuts!...

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Mais, revenons à nos pignons!... Prenez une plage montoise. Celle de la Davière par exemple, entre St Jean de Monts et Notre Dame de Monts. Inutile de vous armer d'un cierge ou d'un calice (ou alors, si vous avez l'intention de le boire jusqu'à la lie!), mais plutôt d'un ustensile de jardin, genre trident, ou d'une fourchette, voire d'une cuillère. Certains se débrouillent fort bien avec leurs doigts. Si vous arrivez sur le sable à marée basse, vous ne manquerez pas de remarquer des petits groupes agenouillés, non qu'ils fassent pénitence, mais bien qu'ils sont attentifs à pêcher les plus beaux specimens de tellines, dont il convient de respecter une dimension minimum, 26052012 014selon la réglementation en vigueur. En rentrant at home, il ne vous restera qu'à passer en cuisine. Affaire à suivre!...

Il est 18h lorsque nous franchissons la porte du Chai Carlina. La bonne heure pour goûter le calme du patio et ouvrir quelques flacons à base de cette fameuse syrah. Quatre versions, pour autant d'options et d'expressions. En premier lieu, Raffut 2010, de Sylvain Bock, en Ardèche. Orientation nature, comme il se doit, du fruit frais et agréable. La bouche est tonique et bien posée. Reposée même, vis à vis de la première dégustation de ce vin, voilà huit jours, à l'occasion de REVEVIN. Une jolie longueur, qui s'exprime sur la fraîcheur. Le vigneron la donne comme de bonne garde (cinq ans), mais c'est déjà très abordable. Selon des tests ADN menés pour déterminer son origine, la syrah aurait pour parents la mondeuse blanche et le dureza, un vieux cépage de26052012 010 l'Ardèche, figurez-vous!... La noce aurait eu lieu quelque part en Isère. A noter que la durize est aussi un cépage du Valais.

Orientation radicalement opposée avec le deuxième échantillon. Syrah d'Ogier 2009, fleuron sans doute d'une technologie appliquée et choisie. On sent rapidement qu'il n'y aura pas de surprise, même en laissant le temps au temps... Du fruit, du fruit et du fruit!... Ceux qui aiment ça ne peuvent pas apprécier le premier vin du quatuor. Propre, trop propre. Typique du produit de la restauration classique, où l'absence de sommelier justifie ces choix qui rassurent le boss. Le vin est bridé, sans sève et sans plus de longueur que cela. Aucune 26052012 013chance de se faire peur!... Et on sait tous que le Rhône subit des crues de ce genre de vin, issu de jeunes vignes, sensé évoquer la typicité régionale...

Le troisième vin nous vient du Valais. A ce stade, il semble revenir agréablement sur des notes de baies noires ou de mûres écrasées. C'est la syrah Les Serpentines 2006, de Gérald Besse. Ouverte une première fois en 2008 ou 2009, la matière et la texture du vin étaient emportées par l'élevage. Il n'y avait alors plus que le bois!... Désormais, le boisé s'est presque estompé, démontrant que les effets des barriques neuves peuvent être digérés par le vin, pour peu qu'il ait les épaules voulues. Mais, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur l'influence au longs cours d'un tel choix d'élevage. Le vin possède bien un grain plutôt séduisant, mais la finale nous ramène sur des notes fumées et la rétro garde une pointe sèche. A table, ce vin doit bien répondre sur bon nombre de26052012 011 mets à base de viandes grillées ou mijotées, mais il lui manque un brin de folie, une finale saline, une touche iodée... Et cette indicible sensation que, peut-être, la matière d'origine a tout simplement manqué de liberté...

La serine serait-elle à la syrah, ce que les pignons sont aux tellines?... Une dénomination régionale du cépage?... Un de ses nombreux synonymes, dont la liste est longue?... En tout cas, voici une Vieille Serine 2007 du coteau de Brézème et du Domaine de Pergault, cher à Eric Texier. Dès le premier nez, une sensation multiple réunissant les baies, la feuille de ronce et une touche sur les olives. L'attaque offre une jolie fraîcheur et le vin se montre tonique et droit. La matière est là. Le tout est homogène. Belle finale offrant du fruit et une sensation pierre chaude assez diffuse, mais donnant du caractère à cette bouteille qu'il faudrait savoir attendre, tant son côté vivant est séduisant. A lire avec patience, pour découvrir de nombreux rebondissements, comme dans un roman d'aventure maritime.

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Bon alors, ces pignons?... A taaaable!... Ils sont servis pour l'occasion avec un joli maccabeu de MacAline Hock, version 2011. Le Domaine des Mathouans, une piste à suivre en Roussillon et notamment du côté de Latour de France, un village que les amateurs ne peuvent ignorer. Le flacon s'accommodait aussi fort bien d'une jolie daurade passée au four avec oignons, tomates, citron, anis étoilé, pommes de terre de Noirmoutier, fleur de sel et poivre de Sichuan. Slurpique grave!...

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Commentaires
M
ça m'a l'air bien bon tout ça...
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