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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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9 septembre 2012

Philippe Betschart, à Pugnac (33)

Forte chaleur au programme, en ce début septembre. Lors de ce week-end, les après-midi installent le paysage dans une franche torpeur. La vigne pourrait souffrir de ces températures façon coeur de l'été. Pourtant, chacun sait qu'ici, dans le Bordelais, comme dans d'autres régions viticoles, il faudra se montrer patient. Les merlots et cabernets ne seront vendangés que début octobre. La faute à une évolution des maturités plutôt aléatoire et à la fleur, qui s'est étalée sur trois semaines, parfois. A Pugnac, au Château Les Graves de Viaud, Philippe Betschart promène une sorte de nonchalance tranquille dans ses vignes. Ce qui devait être fait, à chaque étape, l'a été en temps voulu. Il peut ainsi recevoir quelques visiteurs de passage et observer plus longuement, parfois en compagnie d'Anne Calderoni, conseil en biodynamie, le comportement des différentes parcelles. Bien sûr, il faut encore faire tomber quelques grappillons, ou effeuiller quelque peu, là où le mildiou mozaique est moins... naturellement sélectif, mais le raisin est sain et homogène. Les peaux sont épaisses, seules manquent quelques averses, pour pulvériser un peu d'eau, sur ces vignes qui n'ont pas vu la moindre pluie depuis plus d'un mois.

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Sur son blog, Philippe Betschart se défini comme un néo-vigneron, confirmant et s'appropriant ainsi cette sorte de néologisme employé par certains, pour qualifier ce changement d'orientation, qu'ont décidé de vivre certaines femmes et certains hommes, un peu partout, dans le vignoble français. Lui qui fut pendant trois ans enseignant au Lycée Nature de La Roche sur Yon, n'a sans doute pas fait appel au conseiller de son établissement pour franchir le pas, tant il avait sans doute en lui, la certitude que son chemin n'était pas tracé, comme une carrière linéaire à vocation scolaire. D'ailleurs, il était aussi conseil en informatique et décida donc de rejoindre Paris pendant une dizaine d'années, afin d'utilser ces compétences au mieux. Une nouvelle évolution vers le conseil en management finit par avoir raison de lui et de sa vie parisienne. Ce nouveau besoin de redistribuer les cartes appela quelques questions essentielles, voire existentielles : changer, mais pour quoi?... C'est alors que les racines familiales refirent surface : un arrière-grand-père négociant aux Chartrons, une famille prête à retrouver les teintes sépia de quelques photos, en même temps que la pierre blonde des maisons du Bordelais, c'était le cocktail qui allait faire de Philippe Betschart, en 2010, un vigneron des Côtes-de-Bourg.

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Le domaine, le Château Les Graves de Viaud, est situé dans la partie haute du plateau de Pugnac. Une propriété qui existe depuis le milieu du XIXè siècle, de celles citées dans le Féret, avant même le XXè et dont on perd trace dans les brumes de la vie provinciale, jusqu'au terme de la seconde guerre mondiale. De 1945 à 1993, le produit des vignes part à la cave coopérative locale. En 1994, les Derouineau reprennent le domaine, mais faute de descendants passionnés par la vigne et le vin, ils doivent céder l'ensemble.

Philippe Betschart apprécie le lieu, tout autant que le fait que le domaine était précédemment en lutte raisonnée... raisonnable. Seul le désherbage sous le rang subsistait, en application de la règle instituée en Côtes-de-Bourg, qui veut que le désherbage chimique total soit interdit. Au total donc, 11 ha 47 (10 en production) d'un seul tenant, sur un coteau exposé plutôt sud. Du merlot en grande majorité, un peu de cabernet sauvignon et des parcelles juste plantées de cabernet franc. Pas de blanc, mais il faut dire que les 45 ha en appellation Côtes-de-Bourg blanc (eh oui, ça existe!) sont plutôt discrets.

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Les sols sont assez homogènes et composés de graviers sur argile, formation alluviale du tertiaire, venant du Massif Central (bassin de la Dordogne), par opposition au Médoc, sur l'autre rive de l'estuaire, formé de graves du quaternaire et venant des Pyrénées (bassin de la Garonne). Dans le haut de la propriété, un support limono-graveleux sur une profondeur de 60 cm environ. Dans le bas, des argiles graveleuses et des argiles rouges apparaissant dès 15 cm de profondeur.

Dès son arrivée en 2010, Philippe Betschart a opté pour l'agriculture biologique, la conversion ayant débuté en 2011, avec adoption de la biodynamie, comme ses voisins de Falfas, La Grolet et Fougas dans l'appellation. Du côté du chai, il dispose d'un cuvier fonctionnel, construit par les anciens propriétaires et d'une suite de petites pièces permettant de stocker les barriques, dont un quart de neuves environ.

La gamme est composée de quatre cuvées ouvrant sur deux univers. On a le sentiment que le vigneron est attiré, voire revendique, une orientation résolument bio et nature, avec des vins ni filtrés ni collés, levures indigènes et peu ou pas de sulfites, mais qu'une partie de sa clentèle répond plutôt à une mise en forme classique de Bordeaux et de Bourg.

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Les partisans des deux camps se rallieront à l'étandard de leur choix et de leurs goûts. A gauche, la cuvée Les Cadets 2011 est de la patte même du vigneron, qui met actuellement sur le marché les 2009, vendangés et vinifiés par les anciens propriétaires. A droite, deux Côtes-de-Bourg dans le plus pur style "vin de Côtes", mais ils se goûtent bien en ce moment, sans boisé déviant ou mal maîtrisé. Ils ont suivi la vinification et le parcours habituels des vins destinés au grand négoce et à la grande distribution. Les premiers trouvent plutôt leur clientèle dans les centres urbains, celle-là même qui soutient les cavistes curieux et ouverts. 2010 viendra ensuite, avec des caractéristiques proches de 2009 - volume, puissance, expression intense - mais Philippe Betschart n'écarte pas l'idée d'user de la réglementation permettant d'assembler deux millésimes, jusqu'à 15% d'apport du plus récent. Ainsi, une partie des Cadets 2011 pourrait apporter une franche et dynamique composante fruitée à son aîné, bien pourvu par la nature.

Comme on a pu le voir avec Les Trois Petiotes de Valérie Godelu, à Tauriac, les Côtes-de-Bourg ont recruté quelques dynamiseurs de cru!... Des propriétés en devenir, certes, mais que les amateurs peuvent découvrir sans craintes. De l'imagination, une forte détermination, des qualités qui se doivent d'être présentes chez ces néo-vignerons en quête d'un nouvel idéal. A nous de les soutenir, par notre curiosité et notre enthousiasme. 

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Commentaires
M
Merci pour cette visite guidée, très sympathique et agréablement décrite!
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F
Philippe, tu es un poète et tu donnes envie d'aller visiter ce beau domaine. On pourrait faire nos visites dans les même régions car toi aussi, tu baroudes !
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