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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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6 août 2013

Vincent Quirac, Clos 19 bis : quand t'es dans le désert...

... depuis trop longtemps!... Il était une fois un Basque qui arpentait le Sahara, comme guide au pays touareg, pour des cohortes "d'aventuriers" post-modernes, venus des grandes métropoles européennes, se confronter au grand frisson des nuits passées à la belle étoile, entre deux dunes du Grand Erg. Après de nombreuses années passées au rythme de la caravane (ou du 4x4), il éprouve le besoin de voir sa petite famille grandir et de poser son sac à viande. Mais comment faire?... Nous sommes en 2001. Des avions s'explosent dans des fenêtres nord-américaines. Les agences spécialisées pour les destinations sahariennes en connaissent le contre-coup. Il y a, du jour au lendemain, moins d'aventures sur cette terre. Vincent Quirac se met à la comptabilité de l'entreprise qui lui réserve un poste, au vu de son ancienneté. Mais, avant même d'avoir sorti les livres de comptes des étagères du siège, il comprend qu'une reconversion sans le grand air est absolument impossible.

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Cap sur Bordeaux donc. Il ne connaît rien au vin, mais, se fiant à sa bonne étoile, pense qu'une porte s'ouvre là sur son futur. Après une formation qui lui apporte l'essentiel, il travaille pendant quatre ans dans divers endroits. La première année, il la passe chez un ami d'enfance, Patrice Lescarret, au Domaine Causse Marines à Gaillac. "A seize ou dix-sept ans, on draguait les mêmes filles en allant dans les concerts!..." Après ces premières années et quelques souvenirs plus ou moins bons à St Emilion et Cadillac, il décide de se lancer, à la condition que son ami d'enfance le suive au cours de ses premiers pas. "Il m'a aidé de façon extraordinaire... et même jusqu'à l'an dernier, quand l'urgence et les difficultés du millésime se sont présentées."

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Pour trouver quelques vignes, il passe une petite annonce dans une revue viticole. Très vite, il reçoit un appel lui proposant quelques arpents dans un bon coin. Il s'agit de 80 ares de rouges (25% de cabernet sauvignon, 25% de cabernet franc et 50% de merlot) et de 20 ares de blancs, qu'il destine à la production d'un Graves Supérieures, du côté d'Illats. Les sols sont variés, avec une zone plus sableuse et une autre plus argileuse. Quelques graves apparaissent sur, semble-t-il, un socle calcaire intéressant. Ces vignes se portent bien, mais elles ont une configuration peu orthodoxe. Plantées à trois mètres, ce qui est désormais interdit, elles vont lui permettre de planter des rangs supplémentaires.

Le tout est labellisé bio depuis le millésime 2012. Il apprécie cette année d'avoir eu peu de traitements à faire du fait de la météo, puisque le printemps pluvieux et frais a enchaîné sur un bon anticyclone. Il ne goûte guère en effet les traitements à dos et va s'équiper pour avoir moins de travaux pénibles, sans compter le travail du sol qu'il effectue au moyen d'un motoculteur.

Du côté de Sauternes (un vin que le vigneron de Pujols sur Ciron n'apprécie pas outre mesure, sauf quand il a du répondant acide, comme avec les chenins de Loire, dont il est fan), la pression immobilière n'est pas un vain mot. La parcelle de 58 ares de vieilles vignes dont il dispose est devenue constructible et il devra peut-être l'abandonner avant longtemps. Malgré le résultat obtenu avec le 2010, il ne s'affole pas plus que cela (toujours sa bonne étoile!). D'ailleurs, il a depuis quelques temps une autre piste à Preignac, au coeur du village, à quelques centaines de mètres de l'église. Une parcelle entourée d'un haut mur, près d'une maison appartenant à une personne vivant le plus souvent en Andalousie, peu exigeante en matière de fermage... Et puis, sa parcelle actuelle n'est pas des plus simples à gérer. Entourée d'arbres, un certain nombre de rangs sont dédiés à des oiseaux, voire des lapins percepteurs, qui prélèvent leur dîme.

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De plus, vue son exposition, l'ombre de l'après-midi complique la maturité de l'extrémité de quelques rangs. Résultat : guère plus de 7 à 8 hl/ha!... Et voilà que depuis quelques temps, une plante invasive probablement asiatique, venue d'un proche jardin, dont une haie se développe dans un coin de la dite parcelle, prend ses aises et essaime dans les rangs!... Un fléau qui semble se plaire dans le sol sableux (sur un sous-sol de coquillages fragmentés, selon certaines sources et où l'on trouve aussi des galets assez typiques de ceux d'un ancien lit de rivière) et qu'il va falloir combattre très vite. Pourtant, à l'exception de 2012, ces quelques arpents ont eu, jusque là, la capacité à produire de beaux raisins largement botrytisés, donnant de jolis jus. Il faut dire que la cueillette et le pressurage tiennent du travail d'orfèvre : cinq caisses ramassées chaque matin, utilisation d'un pressoir à jus de pommes permettant d'obtenir cinquante litres par jour, rebêchage manuel du marc pour une seconde pressée très douce, pas de rafles écrasées. Après débourbage, fermentation en barriques (qui furent neuves en 2010), puis "élevage" en cuve inox, à partir de janvier ou février pour un an. Au final, un Sauternes ciselé, tel le 2010, issu à 90% de sémillon et 10% de sauvignon et produit d'une fin d'été cinq étoiles, avec beaucoup de soleil de la mi-août aux vendanges, des nuits fraîches et beaucoup de botrytis cinerea.

Si Vincent Quirac qualifie ses vins de "naturels", il admet volontiers que l'ajout de SO2 qu'il pratique est légèrement supérieur à la "norme des vins naturels", mais qu'il la situe à ce niveau, du fait de sa courte expérience (six millésimes), tout en restant largement en dessous des doses admises pour les vins conventionnels. Il s'amuse au passage d'ailleurs, des railleries d'Alain Déjean qui, se moquant gentiment, le surnomme "le chimiste", malgré ces quantités très raisonnables!...

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Son Graves rouge est donc issu à 50% environ de merlot, vinifié pour partie en macération semi-carbonique. Les deux cabernets composant le reste de l'assemblage et passant par des fermentations classiques et vinifications traditionnelles. Le volume est là plus important, puisqu'il est question, en moyenne de quatre mille bouteilles, auxquelles il faut donc ajouter six cents flacons de Sauternes (50 et 75 cl) et guère plus de trois cents de Graves Supérieures, en moelleux. Pour ce dernier, il s'agit jusqu'à maintenant d'une production variable selon le millésime et passant allègrement de 80 à 160 gr de sucres résiduels, au grand dam de certains cavistes!... Mais, il est libre, Vincent!...

Lorsqu'on se lance dans une telle aventure, il vient à l'esprit de tout un chacun, en premier lieu, la difficulté liée à la vente des bouteilles disponibles. Il faut se créer une dynamique commerciale. Ce qui ne manqua pas d'interpeller Patrice Lescarret, qui promettait à son ami, quelques belles et nombreuses matinées sur les marchés de la région, à l'image des débuts de Didier Michaud, avec Château Planquette. Mais, là encore, toujours la bonne étoile!... Il se trouve qu'un de ses voisins les plus proches à Bordeaux était Fabrice Moisan, corrézien de Tulle et caviste passionné (Le Verretigo, puis l'Univerre), connu pour sa carrière à la SNCF, mais surtout pour les somptueuses cartes des vins des établissements qu'il a gérés, avec un mix de grands noms de toutes origines et quelques inconnus rencontrés ici ou là. Lorsque ce dernier apprend que le vertueux et célèbre vigneron de Gaillac intervient dans la gestation de ce tout nouveau Clos 19 Bis, il dresse l'oreille et plus encore, les papilles. Résultat, une diffusion immédiate vers quelques grandes tables et cavistes, qui ne s'est jamais démentie depuis.

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Même s'il se considère comme un débutant au stade de la découverte, Vincent Quirac a déjà beaucoup avancé en quelques années. Désormais, il envisage d'augmenter un peu la surface de vignes disponibles, en essayant de dégoter du cabernet franc, son cépage rouge de prédilection. Sans doute quelques aménagements sont à prévoir également au niveau de l'ancienne salle de bal du village de Pujols sur Ciron, qui lui sert de chai actuellement, au numéro 19 bis de la rue. Il va donc falloir qu'il fasse de l'oeil à la constellation qui veille sur lui!... Tiens, à propos, en avait-il choisi une, lorsqu'il passait la nuit sous les étoiles, dans le désert?...

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Commentaires
P
Bonjour, Pour joindre Vincent Quirac : clos19bis@yahoo.fr
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R
c est bien tous votre histoire MAIS ! j aurais aime trouver votre adresse<br /> <br /> pour commander + recevoir quelques bouteille de clos 19 bis en blanc liquoreux !<br /> <br /> soit mikael roizot 11 rue tarvnaud 87700 meil :mikariade@orange . fr
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B
Alors, j'ai hâte de lire ta prose...
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P
Gagné! En plus, j'ai eu de nouvelles pistes en Médoc et Graves!... Top!
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B
Avec une closerie en perspective?..
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