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La Pipette aux quatre vins
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1 mars 2014

Vendredis du vin #63 : Eloge de (l')la (im)patience

"Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage!..." Vous souvenez-vous à qui nous devons cette célèbre maxime, qui a valeur de morale? A Jean de la Fontaine, bien sur! Dans la fable 11 du livre 2, Le Lion et le Rat, dans laquelle, dès le deuxième vers, on trouve aussi : "On a souvent besoin d'un plus petit que soi."

Patience ou impatience? L'heure du choix a sonné, pour illustrer ce VdV #63, dont la présidente Maïlys Ray, du blog Very Wine Trip (à la fois invitation au voyage et incitation à parler du vin qu'on aime... viscéralement!), souhaite nous voir évoquer ce que la patience nous inspire à nous, amateurs de vins notamment, souvent enclins à user du tire-bouchon, alors que nous savons pertinemment que goûter à ce nectar qui aura passé moins de trois ans en bouteille, ne sera que pur infanticide!... 

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C'est vrai que je suis très tenté de parler plutôt de l'éloge de l'impatience. Celle de la découverte, de l'ouverture spontanée, du regard porté le plus souvent possible sur de nouveaux horizons viniques. Pourtant, la mémoire est aussi porteuse de quelques dégustations verticales, comme celle du Château de Suronde, période Poirel, un matin de printemps, non loin de la plage des Demoiselles, où les épices douces flottent dans l'air ambiant et les alizés, voire dans la chambre des vacances de notre enfance et ses odeurs de cire attentivement passée sur le merisier blond d'un homme-debout.

vdv-logo[1]

Certaines de ces bouteilles sont et restent comme un défi au temps. Le temps qui, parfois, ne s'écoule pas, à chaque instant, à la même vitesse. Lorsque j'étais enfant, au siècle dernier, je me souviens que j'écoutais les montres, les réveils, les horloges, afin de mesurer le temps et tenter (ou temps T!) de savoir si tous ces témoins du temps qui passe, filaient à la même vitesse... Je crois que celle que je préférais, c'était la vieille comtoise centenaire de mon grand-père et son tîc... tôc, au tiret suspendu le temps d'un espace-temps indéfini et... hors du temps. Elle a sans doute contribué à m'apprendre la patience (si chère à Maïlys!), lorsque les journées d'été s'étiraient et qu'il fallait attendre que la chaleur baisse, avant que de gagner la plage, afin d'éviter de s'exposer au soleil brûlant de juillet. J'aurais pu également, c'est vrai, comme un insomniaque dénombrant chaque heure de la nuit, compter les moutons du troupeau qui passait matin et soir devant le portillon, sur la route nationale, bloquant la circulation et incitant les conducteurs à plus de patience, une vertu devenue rare au volant, de nos jours.

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Les années passent, on se demande désormais (l'âge sans doute...) s'il faut faire confiance au temps, ou s'il convient de le bousculer. Dans la cave, trop de bouteilles nous déçoivent, d'avoir passer trop de temps sur les casiers et dans le noir. Certaines préfèrent indiscutablement la compagnie et la lumière. Pourtant, d'autres laissent entrevoir leur potentiel de garde dès l'ouverture. Anthologie 2010 de Philippe Delesvaux?... Non, je ne sais même pas où elle est rangée!... Ce Château-Châlon 1999 de chez Macle?... Le homard était bien jeune, lui aussi!... Et Crichët Pajé 1998?... Mais, Luca Roagna estime qu'on peut l'attendre cinquante ans, sans doute!... Un demi-siècle!... Ne devrais-je pas plutôt entretenir ma mémoire, de ces arômes hors du commun et d'un équilibre évoqué seulement dans les traités de dégustation d'un passé déjà lointain?... Le devoir de transmettre notre passion autour de nous relève-t-il de la nécessité de la patience ou de l'inévitable impatience?... (vous avez deux heures).

Il ne nous reste plus qu'à parler de ces bouteilles que nous n'ouvrirons jamais. Celles qui sans doute nous décevraient aujourd'hui, après soixante ou quatre-vingt ans passés à nous attendre. Font-elles l'éloge de notre patience?... Au moins, elles portent en elles, la trace d'un autre temps, d'un autre air du temps. Ce que je viens d'écrire pourrait choquer François Audouze, le pape des vins anciens. Lui, mieux que quiconque, sait à quel point la patience génère les éloges que l'on peut faire, face à tel ou tel grand cru hors d'âge. Mais, s'agit-il encore là de patience?... Ou d'une forme d'intemporalité?...

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