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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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20 octobre 2017

"Il faut passer par la Grèce pour aller n'importe où!" Georges Clemenceau

Au crépuscule de sa vie, celui qu'on surnommait le Tigre, vendéen et radical-socialiste, aux commandes du gouvernement en 1917 afin d'obtenir la victoire au terme de quatre années de massacres, parlait de la Grèce avec ferveur et enthousiasme : "Je crois que l'humanité a atteint là son sommet, avec une telle joie! une telle aisance!" Et d'ajouter : "Quand j'étais un peu las de toutes ces âneries et de tout ce néant de quoi la politique est faite, je me tournais vers la Grèce. D'autres vont pêcher à la ligne. Chacun sa méthode." Alors que, qu'on le veuille ou non, le soleil tend à descendre sur mon horizon, une impression que les néo-sexagénaires ressentent sans doute, pour certains, je me dis qu'à mon tour, le temps est venu de me tourner vers les Îles grecques!... Et vers la Méditerranée!... Berceau de l'humanité!... Dont acte.

5076441Si les origines de la viticulture se situent, quant à elles, aux confins de l'Asie Mineure, Géorgie et Arménie rivalisant parfois à coups de vestiges surgis de leur terre aride, remontant à 6000, voire 7000 ans, il faut dire que la civilisation antique qui peupla la Grèce actuelle et les îles de la Mer Égée participa fortement à la transmission des savoirs viticoles, entre l'Egypte des pharaons et la Rome des consuls. Polythéisme, faste du quotidien des princes et des élites, les écrits gravés dans le marbre font référence, au fil des millénaires, à Osiris, puis Dionysos et Bacchus, comme autant de divinités cautionnant libations diverses, voire ivresse, pour peu que ce soit avec une relative modération "évinesque", si bien qu'on se demanderait, pour un peu, si ces dieux et leurs disciples ne sont pas présents dans les gènes de la plupart des amateurs de vins et de dégustation.

Certains verront là quelques prétextes à caractère historique me permettant de justifier cette escapade dans les pas de Clemenceau, mais ces contingences aux reflets sépia, à la façon des Caryatides et des bas-reliefs du remarquable Musée de l'Acropole d'Athènes, ne sauraient supplanter cette envie de découvrir la Grèce moderne et un peuple qui se bat au quotidien, face à quelques injonctions verbales et financières lointaines.

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Le périple prévu, devant me conduire dans les îles de Tinos, Samos, Icaria et Patmos, ne s'étant mis en place que partiellement, j'ai pu consacrer quelques heures à Athènes, ses vestiges, ses quartiers populaires grouillants, ses tavernes et bars à vin. La météo est clémente et les couleurs du ciel s'accordent tout à fait à celles du drapeau grec, tout de bleu et de blanc composé. Un étendard que l'on voit souvent dans les rues de la capitale hellénique et que l'on peut acheter pour à peine quelques euros dans les kiosques, comme celui de la rue Athinas, non loin de la place Monastiraki. A peine débarqué à Rafina, j'ai encore dans les yeux le bleu éclatant, entre ciel et mer, de la traversée entre Tinos, Andros et l'un des ports dédiés aux ferries.

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Après cette traversée sur une mer d'huile, retrouver Athènes, cette capitale trépidante, est une sorte de choc. La ville grouille de taxis jaunes et de deux roues de tous calibres se glissant entre les voitures, la plupart du temps, pilotés sans casque, tant pour le conducteur que pour le passager, quelque chose qui, au mépris de toute règle de prévention routière, m'a toujours donné un sentiment de liberté. Sans doute la trace de quatre années passées à mobylette, avant de passer le permis auto, à l'époque, désormais lointaine, où le port du casque n'était pas obligatoire. Je me demande si ce ne serait pas là une de mes motivations pour migrer en Grèce!... Repassez-moi la bande annonce d'Easy Rider!... A l'heure de midi, certaines artères sont encombrées de motos en stationnement le long des trottoirs, ce qui ne facilite guère la conduite des chauffeurs de taxis... et fait tourner le compteur!... Mon hôtel est situé au carrefour des quartiers de Psiri, Monastiraki et Omonia. Comble de malchance, il est complet!... Mais, je ne tarde pas à en trouver un autre dans la très animée rue Evripidou, au coeur des commerces quelque peu exotiques.

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Je ne fais que quelques pas pour atteindre les Halles d'Athènes, que Jérôme Binda, vigneron à Tinos, m'a vivement conseillé de découvrir. Des halles comme il devait en exister naguère dans la plupart des capitales européennes. Nostalgie, nostalgie... J'en profite pour casser une croûte dans une sorte de taverne, au coeur même du marché. Couleur locale, mais pas terrible!... Du coup, vu l'heure, je me tourne vers l'Acropole, qui me fait de l'oeil sur la hauteur, au bout de la rue et je me lance dans une sorte de repérage, alors même que j'ai prévu une visite du célèbre site, pour la matinée du lendemain. On appuie légèrement sur la gauche, passant devant les ruines de la Bibliothèque d'Hadrien et en se faufilant entre les marchands du temple, on atteint une rue de plus en plus pentue. Quelques efforts encore et l'on atteint l'entrée du site.

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Malgré la foule qui se presse, on a le sentiment d'être un peu ailleurs... C'est un endroit où on déguste toutes les beautés suggérées, malgré l'énorme chantier de restauration. Les dimensions des colonnes, les espaces où l'on peut s'imaginer, un instant, en fermant les yeux, déambuler en toge et en sandales, clamant et déclamant, en appelant à la démocratie et peut-être s'asseoir sur un banc de marbre, pour apprécier ce nouveau cru, venu de quelque île de la mer Égée. Bon, il faut admettre qu'on est vite rattrapé par ces groupes de visiteurs, venus des quatre coins de l'horizon, parmi lesquels il faut se faufiler. Et un selfie par ci, un autre par là!... Ceux qui oeuvrent sur place doivent parfois se demander comment il est possible de travailler dans ces conditions et si cela atteint son but ultime : défier l'espace-temps, traverser les millénaires en identifiant l'origine d'un marbre, imaginer les outils antiques... et tant d'autres choses.

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En redescendant de la montagne, à pied, je me dis que la journée de contemplation mérite une soirée dégustation à la hauteur. J'ai une bonne piste à suivre, indiscutablement, avec un bar à vin suggéré là encore par Jérôme Binda, qui vient justement d'y envoyer quelques échantillons. Situé à la limite des quartiers de Plaka et de Syndagma et près de la place Mitropolis, Heteroclito mérite le détour. On peut y déguster une belle sélection de vins grecs (Domaine Ligas, Vassaltis, Sclavos...), mais aussi quelques vins français, dont la cuvée Sierra du Sud, de Gramenon. De plus, les ardoises sont goûteuses et copieuses.

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La crise? Quelle crise?... L'effervescence athénienne relève-t-elle de la forêt qui cache l'arbre?... Petros, mon chauffeur de taxi, me dit, dans un bon anglais, que le pays ne peut s'appuyer à l'avenir que sur le tourisme et que c'est la meilleure réponse au "capital controls" imposé par le diktat de Bruxelles. Une sorte de dynamisme de tous les instants qui en impose, malgré les difficultés dans le quotidien de la population et pour celui qui veut s'installer dans le pays. A son écoute, je ne peux m'empêcher de tenter de me projeter dans l'avenir de notre beau pays et je me demande si parfois, certains de nos dirigeants, n'ont pas cette arrière-pensée, qui peut paraître saugrenue au plus grand nombre, que notre avenir pourrait lui aussi s'articuler autour de ce tourisme, fort de notre position affichée de leader en la matière. Versailles et l'Acropole, même combat?...

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Allez savoir où prend naissance ce sentiment curieux de se sentir proche d'un pays et de sa population... Dites M'sieur Clemenceau, était-ce du même ordre, voilà un siècle?... Ou étiez-vous aussi particulièrement sensible à ce bleu et à cette lumière incomparable de l'automne en Grèce?...

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