750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Pipette aux quatre vins
La Pipette aux quatre vins
Publicité
Newsletter
Pages
Derniers commentaires
Archives
La Pipette aux quatre vins
Visiteurs
Depuis la création 1 096 910
9 avril 2014

Michaël Georget, Le Temps Retrouvé, à Laroque des Albères (66)

Une rencontre des derniers Greniers St Jean, à Angers, en février dernier. Il s'y trouvait aux côtés de Thomas Teibert, de Calce. Un jeune homme qui y faisait déguster son premier millésime, 2012, venant de Laroque des Albères, en droite ligne du piémont des Montagnes bleues, tel qu'on surnomme parfois la chaîne qui se jette dans la Méditerranée du côté de Port-Vendres et Banyuls, pour le profil bleu foncé qu'elle propose parfois dans le paysage catalan. Rien à voir cependant avec les Blue Mountains australiennes.

014

Ce jeune homme a justement trente-deux ans le jour même de notre passage. Mais, il ne faut pas s'y tromper, son vécu à la vigne et déjà pour le moins solide, parce que sa passion de la terre et de la nature, il la cultive depuis l'âge de douze ans. L'enfant de Chinon exprime cela très jeune donc et demande à ses parents à quel âge il peut commencer son apprentissage. Par une sorte de dérogation, il l'entame dès quinze ans. En fait, son désir le plus cher aurait été de commencer sa vie d'agriculteur chez Mark Angeli, pour la recherche d'autonomie et l'approche d'une certaine polyculture notamment. Mais, finalement, il fait ses armes chez Pierre Prieur, au coeur du Véron, à la confluence de la Loire et de la Vienne. Vite intéressé par la biodynamie, il effectue quelques recherches personnelles sur le sujet et pratique le jardinage, activité permettant de mesurer plus rapidement, à ses yeux, l'impact de la méthode. Il construit peu à peu sa propre philosophie et songe vite à découvrir d'autres façons de travailler, d'autres régions, d'autres domaines.

En 2006, il part pour l'Alsace, où les agriculteurs disciples de Steiner sont de plus en plus nombreux. Il se retrouve à Ammerschwihr, chez Jean Schaetzel, où il forge son expérience. Dans un souci d'indépendance et peut-être dans le but de transmettre ces acquis dans d'autres contrées et sur d'autres terroirs, il ne tarde pas à changer d'horizon. Il aurait sans doute pu alors courir le Monde et changer de continent, mais sa compagne n'est pas prête à un tel bouleversement. En 2009, il met donc cap au sud et débarque dans les Pyrénées-Orientales, afin de contribuer à la conversion d'un gros domaine de 65 ha de Montesquieu des Albères, le Moulin de Breuil. Au terme de cette période, tout en pratiquant encore le conseil auprès de domaines de la région, en intervenant sur certains aspects particuliers, il décide de concrétiser sa déjà longue réflexion, en vue d'une installation incluant la traction animale, regroupant objectivement vigne, cave et pâturages. Pas simple en P-O, où la pression immobilière est une réalité pesante!... Des vignes, il est peut-être possible d'en trouver, mais des bâtiments, souvent transformés et rénovés pour proposer des hébergements de villégiature, c'est beaucoup plus compliqué. Quant à la construction, c'est inutile même d'y songer!...

003   006   005 

Par hasard, il découvre, à Laroque des Albères, le domaine familial du Mas d'en Rancoure. Il y a vingt ans, le vigneron est décédé brutalement et le temps s'est arrêté... Pendant ce laps de temps, la famille confie les vignes successivement à deux fermiers de la région, qui entretiennent tant bien que mal l'ensemble. Malgré la pression de ceux-ci, les descendants refusent tout arrachage des vieilles vignes. Michaël obtient donc, courant 2012, de les reprendre et finalement de disposer de la cave, qu'il va pouvoir aménager, notamment par l'apport de quelques cuves en fibre, afin de travailler en monocépage, en attendant d'autres matériaux peut-être. Dans les premiers temps, il retrouve même les outils comme le vigneron les avait laissés. Dans le mas, il découvre une antique représentation, un meuble régional, que la famille appelle Le Temps Retrouvé. Voilà un nom qui colle bien à sa démarche! Un nouveau domaine est né aux pieds des Albères.

La vigne est disposée sur deux ou trois grandes terrasses, comme souvent dans le secteur. Au total, 4,5 ha d'un seul tenant, dont 3,5 ha de vieux carignan centenaires (post-phylloxera), mais qui en valent guère plus de deux, du fait des manquants, mais aussi parce qu'un rang sur trois fut naguère arraché, dans les années 60, pour permettre le passage du tracteur. Sur la terrasse du haut, des maccabeu (certains ont quarante ans), des grenache gris, blancs et noirs, le tout âgé d'environ quatre-vingt dix ans. La complantation s'explique aussi par le fait que naguère, on faisait du Rivesaltes par ici. Les sols sont globalement argilo-siliceux, avec traces d'éboulis de toutes sortes (micaschistes, quartz, gneiss, roche ferreuse...), comme c'est parfois le cas dans cette configuration de piémont.

009

Là, rencontre avec Goliath, un solide franc-comtois que le vigneron a trouvé en Languedoc et Paco, un petit breton que lui a cédé Stéphane Morin. On devine aisément une relation forte entre partenaires inséparables. Le duo de chevaux broute quelque peu l'herbe ces temps-ci, avant qu'elle ne soit attentivement roulée, méthode privilégiée plutôt que des labours. Les pâturages pour le foin, quant à eux, sont situés plus bas, sur St Genis des Fontaines, la commune voisine. Quelques ruches écologiques sont aussi présentes, proposant un habitat à des abeilles sauvages. Particularité, elles s'agrandissent de bas en haut et non sur les côtés, comme les ruches destinées à la production de miel. Leur présence est, selon le vigneron, "destinée à accompagner la vigne". Soulignons encore que pour Michaël, l'utilisation du cheval implique une bonne autonomie (il a un très bon copain ferronnier tout proche et dispose d'un matériel important) et une véritable rentabilité de l'activité. Pour tout dire, il utilise le tracteur quatre fois dans l'année, pour traiter et tirer la remorque lors des vendanges. Encore, dispose-t-il d'un traineau pour sortir une bonne partie des raisins!... Pour ce qui est de la biodynamie, il tend là aussi à l'autonomie, préparant sa "500" et enterrant les cornes de vaches dont il a besoin.

A la cave, une batterie de cuves pour travailler en monocépage et utiliser le plus possible la gravité (son chariot du type Fenwick est absolument indispensable lors des fermentations!). Il dispose également d'une chambre froide pour vinifier et élever les blancs, ainsi que le rosé. Pendant tout le process, zéro soufre, à l'exception des éventuelles mises précoces (1 gr). Le plus souvent, vinifications classiques, avec quelques remontages, lorsque la densité atteint 1030 ou 1040. L'installation se complète d'un chai à barriques dont les poutres ont quatre cents ans, datant donc de Louis XIV!... Les foudres entreposés là datent d'après la Seconde Guerre mondiale.

012

Très belle dégustation de tous les 2013 en cours d'élevage. Participant à Vinicircus, le vigneron a hésité à procéder aux mises de ses deux blancs du millésime, mais il estima finalement qu'ils n'étaient pas prêts. Le plus souvent, il préfère que le vin fasse un cycle annuel complet avant les mises. Le Maccabeu 2013 a fermenté en cuves, avant de passer en barriques de 400 litres et se montre déjà très agréable. En 2014, il est prévu que la fermentation se fasse directement en fûts, comme c'est déjà le cas pour le Grenache gris 2013 (vignes de 90 ans), qui montre du volume, de la densité. Le Rosé 2013 se veut un véritable vin de gastronomie, en même temps qu'une saignée de deux tiers de carignan centenaire et d'un tiers de grenache noir (ce fut l'inverse en 2012). Aussitôt après la saignée, les jus passent en barriques pour la fermentation, puis l'élevage. Une belle présence et du caractère, pour un vin que nombre de restaurateurs ne devraient pas ignorer!...

La gamme, qui va se composer d'une douzaine d'étiquettes, se décline ensuite en rouges. Le premier est un assemblage de raisins ramassés ensemble, puis réunis pour l'élevage, 60% grenache, 25% syrah (une partie est vinifiée en macération carbonique) et 15% carignan. Il donne le la, en cette matinée pluvieuse, où pourtant tout se goûte bien!... Viennent ensuite mourvèdre, puis grenache et enfin de très vieilles vignes de carignan, denses, intenses et droits. Un régal pour finir : le Collioure 2013. En effet, Michaël Georget dispose également de soixante ares de terrasses en cette appellation (60 ares, ce n'est pas rien, comme vous le confirmeront tous les Colliourencs!), le tout exposé plein sud, sous le Fort Saint Elme. On trouve là les trois grenaches (noir, gris et blanc), qui sont soigneusement vendangés et la fermentation se fait en fûts. Les raisins y sont introduits par la bonde, puis les barriques sont roulées pendant un mois. A l'issue de cette période, le tout est égoutté, toujours par la bonde. Les barriques sont ensuite démontées, afin de récupérer les raisins en vue du pressurage. A l'issue, remontage des contenants, réutilisés pour l'élevage de douze mois. Lors de notre passage, soyons clairs, une bombe!... Du pur plaisir et une présence inimitable!...

015   016   011

Pas de doute, avec Michaël Georget, attention talent!... Dans la région, nombre de vignerons et quelques restaurateurs l'ont déjà croisé et apprécié. Certains ne sont pas loin de prédire qu'il pourrait devenir une figure des Albères et des P-O!... Non loin de là, Martine, de La Table de Cuisine (une adresse à ne pas manquer si vous passez dans la région!), à St André, confirme notre impression : "Oh lui, il va faire bon avant longtemps!..." Foi de Jurassienne!... 

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Bravo mimi!!!!! Avec la volonté et le talent que tu as tu ne peux que réussir !!!!!!!
Répondre
F
bonjour,<br /> <br /> merci pour ce reportage de ce vigneron que j'ai rencontré lors de mes vacances a laroques des albères.
Répondre
Publicité