750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Pipette aux quatre vins
La Pipette aux quatre vins
Publicité
Newsletter
Pages
Derniers commentaires
Archives
La Pipette aux quatre vins
Visiteurs
Depuis la création 1 096 910
14 avril 2014

Banyuls au futur antérieur!...

La cité banyulencque a beaucoup d'atouts, c'est indiscutable. Banyuls de la Marenda, en catalan, avec sa vie maritime et ses pêcheurs (victimes de ce qui pourrait bien être une fata morgana en 2011, sans que le VDN local ne puisse être incriminé, dit-on!), mais surtout son animation touristico-balnéaire et ses coteaux environnants couverts de vigne (leur sommet s'élève à près de 1000 mètres d'altitude!) motivent aisément la visite des amateurs de plages et d'activités nautiques, les baroudeurs tout-terrains (c'est le début, ou la fin, du célèbre GR 10 transpyrénéen) et bien sur, les amateurs de vins et de dégustations à options multiples. Avec en prime, les nuages, lorsqu'il y en a, façonnés par le célèbre sculpteur Aristide Maillol, né et mort dans la cité catalane, qui ne saurait pourtant faire de l'ombre aux descendantes de ses modèles aux formes quasi inimitables.

049

Quelques "paillotes" sur la plage, de superbes palmiers Phoénix (très menacés, mais un remède semble découvert depuis peu pour les sauver!) bordant les avenues, des orangers aussi, au point de célébrer la Fête de l'Orange, chaque année, en janvier. Rue des Orangers, c'est justement là que nous avons rendez-vous avec Bruno Duchêne, le plus banyulenc des ligériens!... "Tu sais peut-être que j'ai déménagé... Tu pourras découvrir notre nouveau projet!..." Un rien mystérieux, le vigneron venu du Loir-et-Cher et arrivé sur la Côte Vermeille en 2002... mais on sent vite que la visite à Banyuls va valoir le détour, d'autant qu'il nous suggère la découverte, au passage, d'autres vignerons du cru, justement liés à ce projet.

Un projet?... Quasiment un tremblement de terre au coeur de la cité balnéo-catalane à laquelle d'aucuns pourraient trouver une sorte de charme désuet, qui sied aux villes des bords de mer prises d'assaut, chaque été, depuis le début du XXè siècle!... Et pourtant, elle en a vu d'autres, cette cité déjà connue des Celtes et des Grecs, en 400 avant J-C. Le vignoble y fut implanté par les Grecs justement et les Phéniciens. Au Moyen-Âge, les Templiers, rapportant de leurs campagnes lointaines la culture en terrasses, mettent en place un système d'écoulement des eaux pluviales dans les vignes pentues, toujours utilisé et entretenu de nos jours, les agouilles et peu de gall (pieds de coq en français). Jusqu'à une époque assez récente, l'impact de la cave coopérative locale était une réalité incontournable. Une grande cave d'élevage était située entre cette rue des Orangers et l'Avenue du Général de Gaulle. Ne servant plus à rien depuis quelques années, elle méritait un autre destin.

Bruno Duchêne n'est pas homme à rester éternellement sur les acquis d'une notoriété obtenue finalement très vite, tant il a su capter, dès qu'il diffusa ses cuvées aux étiquettes lumineuses, tout ce qui pouvait procurer localement du charme aux grenaches tricolores des bords de mer. De La Luna à Vall Pompo, sans oublier La Pascole, Corral Nou ou L'Anodine, pas de faute de goût à craindre si vous en avez dans votre cave, malgré la rareté de certaines cuvées.

018   020   021 

Alors ce projet?... Une véritable aventure entamée en juin 2012, par l'achat de l'ancienne cave d'élevage du Cellier des Templiers, appelée aussi Cave de l'Abbé Rous. Un montage financier avec plusieurs vignerons dans l'affaire et, après quelques turpitudes inhérentes à un tel projet urbain, les travaux ont débuté en avril 2013. Si tout va bien, leur terme est prévu fin 2014, avec une ouverture au public début 2015. Bien sur, pendant les quelques dix-huit mois de la durée de cette rénovation, Bruno se transforme souvent en maître d'oeuvre, afin de manager au mieux les interventions des entreprises, aidé en cela par Gérard Bossard, exploitant agricole à la retraite. Sans oublier l'aspect humain de l'affaire et un rôle de tampon entre futurs occupants et artisans divers. A terme, trois gîtes seront aménagés à l'étage, ainsi qu'un caveau de dégustation. Il ne reste plus qu'à trouver un nom à l'ensemble!... Ce sera peut-être Caves, tout simplement!... De celles qui se rebiffent contre l'uniformité du temps, parfois!...

028   029   032

Dès 2014, huit caves seront terminées et sept vignerons pourront utiliser les locaux qu'ils auront choisis pour les prochaines vendanges. Il y a là Manuel Di Vecchi, du Domaine Vinyer de la Ruca et ses Banyuls proposés dans de petites bonbonnes en verre soufflé. Non loin de là, Bertrand de Guitaut et les deux hectares en production de son Domaine de Pechpeyrou. Quelques 2011 sont encore disponibles, comme les cuvées Cornillères (grenache noir et cabernet), Reblum, dans la plus pure tradition locale des parcelles complantées et des trois grenache ramassés en même temps, ou encore Hiho (grenache noir, gris et carignan), qui reprend le cri des muletiers catalans. C'eut pu être aussi comme un encouragement lors de la manoeuvre, sur le pont d'un bateau, pour ce passionné de voile, qui a d'ailleurs apposé sur ses étiquettes, la silhouette d'une barque catalane et sa voile latine. Une indiscutable évolution depuis la découverte des premières cuvées du domaine, cinq ans plus tôt, dans le salon des vins nature de la région, A bout de soufre, au coeur de Perpignan, puis l'apparition lors de REVEVIN 2009, d'un "Vin d'épices", issu d'une deuxième presse de grenache blanc et gris. A découvrir aussi, le Banyuls, parti pour être un rimage, mais refusé lors de la dégustation d'agrément pour "goût lactique et manque de sulfites"!... (sic) Il n'en fera pas moins un Banyuls traditionnel.

031   026   025

Dans le petit local voisin, s'est installé Thierry Diaz, un nouveau venu dans le "Gang des Albères", selon le terme employé naguère pour les "gars d'la côte" de la viticulture des P-O!... Il a pour but de "sortir" progressivement quatre ou cinq hectares de vignes, dont les raisins sont jusqu'ici destinés à la cave coopérative. Pour commencer avec 2013, une cinquantaine d'ares lui ont permis de vinifier l'équivalent de quatre barriques. Des cuvées laboratoires, mais en version nature, comme tous ses co-cavistes!...

Vont donc venir occuper les trois autres caves en cours d'aménagement : Joachim Roque, un autre coopérateur local, qui sélectionne ses parcelles et prépare son installation pour les prochaines vendanges, Nicolas Miralles, un vacher bien connu dans la région, éleveur de massanaises, les vaches de l'Albera, qui doit reprendre quelques vignes avec son cousin. A noter aussi et Paulina, un couple de routards polono-portugais d'à peine trente ans, décidés à jeter l'ancre en Catalogne française, en reprenant deux hectares de vignes appartenant à Philippe Gachenc, vigneron banyulenc. Deux espaces de stockage sont également prévus, l'un pour un caviste local, l'autre pour le Domaine de la Casa Blanca. A noter que Loïc Roure pourrait aussi rejoindre Banyuls dans quelques années, avouant que la qualité de vie littorale le tente bigrement. "Si c'était à refaire... j'opterais peut-être pour la côte, plutôt que pour le Haut-Fenouillèdes!..." Pour un peu, j'oubliais Nathalie Lefort, avec ses vinaigres de La Guinelle, à Port-Vendres. Partenaire de l'affaire, mais sans pouvoir stocker dans les locaux, bien sur!...

Et donc, dans un espace somme toute assez confortable, même si pour un peu, il semblerait déjà trop petit, Bruno Duchêne a regroupé tout son matériel, chambre froide comprise et jusqu'à un vénérable foudre de plus de 48 hl, suspendu au plafond restauré dans le plus pur style local et transformé en chambre pour le moins pratique, lorsqu'il s'agira de surveiller les fermentations!... Génial!... Juste le temps d'apprécier les cuvées du domaine en cours d'élevage et il nous faut traverser la ville pour découvrir une autre facette de la viticulture des deux crus de la Côte Vermeille, le Domaine de la Casa Blanca.

042

En attendant, nous pouvons constater que Banyuls se conjugue à tous les temps. Le passé, pour les quelques images sépia que l'on garde en mémoire, le présent, avec ses rafales de tramontane et sa lumière inimitable, que l'on peut goûter au son de la sardane et le futur que l'on va pouvoir céder à nos enfants sans crainte, parce que certains vignerons n'hésitent pas à bousculer leur quotidien. Et là, dès que les travaux seront terminés, nous pourrons apprécier les Caves de la rue des Orangers!... Exemple de phrase conjuguée au futur antérieur, s'il en est!...

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité