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La Pipette aux quatre vins
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La Pipette aux quatre vins
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21 mars 2019

Le printemps est là : cap sur les Baléares!...

Souvenirs des Baléares!...Les miens se perdent dans une mémoire diffuse, un océan d'à peu près, de brumes maritimes au petit jour... Pensez donc, je n'avais même pas vingt cinq ans!... A cette époque là, on volait sur Iberia et on allait prendre son vol pour Palma à Bordeaux, après être passé par une agence de voyages dans laquelle nous avions nos accointances, parfois tout à fait jolies, d'ailleurs!... On s'était confectionné une sorte de sac en tissu, dans lequel on enfouissait les arbalètes avec lesquelles nous pratiquions la chasse sous-marine, principale activité diurne de nos étés d'alors, entre lever et coucher du soleil. Et Dieu sait qu'en Vendée, ce n'était pas toujours facile!... On portait même notre ceinture de plomb sur notre jean, pour ne pas avoir à l'enfouir dans nos grands sacs Beuchat, tant ils nous allongeaient déjà les bras... Un petit hôtel sur la côte, à Santa Ponsa, non loin de Palma, avec piscine, liqueur 43 (prononcez quarantatrèis!) bien fraîche, plage à portée de tongues et déjà quelques doutes quant à la turbidité de l'eau, en cette fin d'été... Nous étions début octobre, une longue saison de plages, d'un sable gris douteux parfois, le plus souvent envahies d'Européens en villégiature et les bateaux de la marina toute proche avaient fait leur oeuvre... La Méditerranée nous montrait son trouble... On y trouvait pourtant de superbes grandes nacres (pinna nobilis) dans les herbiers de posidonie (posidonia oceanica)!... Je devine que vous avez peine à croire cela!...

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Heureusement, l'un de nous avait fait une remarquable découverte au hasard d'une de ses balades. Après avoir loué deux petites voitures (ce devait être des Fiat 500?), un petit chemin de terre, de pierre et de poussière nous permettait d'atteindre un vague parking sous les arbres. Sur notre gauche, face à la mer, le grillage rouillé interdisant l'accès à une sorte de péninsule réservée aux activités de la marine militaire espagnole. Il fallait le longer, puis gagner un escalier, dont les marches taillées dans le roc nous semblaient inombrables, au point de ne pas en voir, d'en haut, le but pourtant délicieux, dont on se gardait bien de révéler l'existence. La chaleur, les sacs toujours aussi pesants, mais ensuite, des heures douces à passer au bord de l'eau... Nous avions découvert une sorte de plate-forme, dix ou vingt centimètres au-dessus de l'eau, pouvant accueillir six à huit personnes, sur laquelle il était aisé d'étaler nos serviettes et plus encore de se jeter à l'eau, voire de s'y glisser avec volupté!... Là, elle était limpide, profonde et la falaise était à pic jusqu'à dix ou vingt mètres sous la surface. Les murènes se cachaient dans leur trou et nous allions contempler leur profil avec prudence. Nous rivalisions de longues apnées pour passer à coup de palmes, sous une sorte d'arche des fonds marins, qui avait dû servir de défi amical pour les bon nageurs, depuis une éternité... Bien sûr, avec force coups de soleil, il fallait ensuite remonter l'escalier... mais ce sont des souvenirs qui mettent durablement du bleu dans nos rêves... On écoutait alors Génésis, Santana, Clapton, Yes... et on fumait des... pétards Gitanes filtre (rien d'autre, promis!)... Ce qui ne manquait pas de contrarier notre capacité respiratoire!...

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Aujourd'hui, près de quarante années plus tard (eh oui!), mon rêve est tout autre. Le défi de parcourir les îles de Méditerranée et d'y découvrir les vignobles redevient d'actualité chaque année, lorsque les beaux jours pointent leur nez. Tout en espérant vous faire partager ces aventures ici-même, dans quelques semaines et par le biais d'un "guide de voyage" que l'on pose sur sa table de chevet, pour peu qu'un éditeur en saisisse l'intérêt avant longtemps... Et donc, après la Crète, Tinos, Chypre, Patrimonio en Corse et avant même Patmos, Céphalonie, Zante, la Sicile, la Sardaigne, Malte et quelques autres destinations, cap sur les Baléares!... Et plus particulièrement Majorque, même si j'ai déjà quelques regrets, avant même de partir, de manquer de temps pour découvrir également Minorque, Ibiza et Formentera, où la vigne est également présente. Nous verrons cela une autre fois, à n'en pas douter!...

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Ne vous y trompez pas, le vignoble des Baléares est lui aussi à classer au rang des vignobles antiques et ancestraux. On admet volontiers que Phéniciens, Grecs et Carthaginois commercèrent dans les parages avant notre ère. En fait, on connaît mieux la date du début de la présence romaine, souvent déterminante. En 123 et 122 avant J-C, une flotte et les légions du consul Quintus Caecilius Metillus, dit Balearicus, firent la conquête de Majorque et Minorque, afin de mettre fin aux agissements meutriers et ravageurs des pirates et écumeurs des mers de tout poil, qui rodaient dans les environs. Pas moins de trois mille Romains d'Ibérie collonisèrent Majorque notamment. Ils se partagèrent les meilleures terres et c'est à cette époque qu'y apparurent vigne et oliviers. Deux siècles plus tard, Pline l'Ancien souligne que "les vins des Baléares se comparent aux premiers crus d'Italie." Fichtre!... Il y eut bien ensuite l'invasion des Vendales (425), l'occupation byzantine (534), puis la conquête des musulmans (du VIIIè au XIIIè siècle), mais finalement, Jaume Ier, roi d'Aragon, conquiert Majorque. Plus tard, les conflits successifs permettent aux Espagnols, aux Anglais et même aux Français de s'y succéder. Dès 1960, une première vague de "beatniks" débarquent sur Ibiza, bientôt suivis par la déferlante hippie!... Mais, là, c'est une autre histoire!...

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A Majorque, on retrouve deux appellations (DO, Denominacion de Origen), dont la première, Binissalem, au centre-nord et adossée à la Serra de Tramuntana, est apparue en 1991 et compte plus de 600 ha. A cette même date, la plaine située au centre et à l'est de l'île est dénommée Vinios de la Terra, mais en 2001, 250 ha obtiennent le statut d'appellation (DO), sous le nom de Pla i Llevant. Cette dernière est située principalement dans la plaine (le plat) et dans un triangle limité par les agglomérations de Manacor, Felanitx et Porreres, au pied de la Serra de Llevant, des collines culminant à 561m longeant la côte est. Dans ce secteur, la viticulture est très active et quelques vignerons et vigneronnes passionné(e)s, tels Barbara Mesquida Mora et Francesc Grimalt sont des acteurs engagés de la viticulture locale. A voir également, si possible, Toni Gelabert, la Bodega Can Feliu ou encore Can Majoral.

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Au nord, Binissalem longe donc le flanc sud de la Serra de Tramuntana, massif montagneux qui atteint 1445 m avec le Piug Major. C'est dans ce secteur que l'on peut considérer que le vignoble historique de l'île s'est constitué. La Bodega Ribas, à Consell, est une propriété familiale depuis le XVIIIè siècle. Mais, il faut aussi se rendre à Selva, Santa Maria del Cami, où d'autres domaines méritent le détour, sans oublier le versant nord qui offre quelques implantations spectaculaires en terrasses, comme à Banyalbufar, par exemple.

Nombre de ces bodegas ont adopté une viticulture bio et pratique parfois la biodynamie. Quelques jeunes vignerons ont opté pour des méthodes peu interventionnistes. Si les grands cépages internationnaux sont largement présents, tant pour les rouges que pour les blancs, certaines variétés locales sont largement entretenues comme le manto negro (rouge) ou le moll (blanc). On trouve également callet et fogoneu (rouges), mais aussi parellada et malvoisie, parmi d'autres. La vigne, présente dans les quatre îles habitées des Baléares, est souvent regroupée dans le cadre de différentes IGP (Vino de la Tierra Mallorca, Serra de Tramuntana - Costa Nord, Ibiza, Formentera ou Vi de la terra Illes Balears ou Isla de Menorca).

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Un séjour qui pourrait être agrémenté par les spécialités locales qui ne sont pas rares : fromage de Mahon, une spécialité de Minorque, olives et huile d'olive de Majorque, sans oublier l'amande, l'ensaïmada (une pâtisserie typique) et bien sûr la sobrassada de Majorque, une sorte de saucisson de porc, assaisonné de paprika, de sel et d'épices diverses, que l'on peut étaler sur du pain grillé, par exemple, ou la glisser dans une recette de moules marinières, à défaut de chorizo cular!... J'ai en mémoire d'en avoir dégusté dans la cave de Bruno Duchêne, à Banyuls, qui en faisait sécher au plafond de son petit chai!... Dans la catégorie souvenir impérissable, surtout accompagné de La Luna!...

En 2013, près de dix millions de touristes ont visité Majorque, alors que l'île compte environ huit cent soixante quinze mille habitants et Palma près de quatre cent vingt huit mille. On imagine aisément la place prépondérante du toursime dans l'économie locale, mais la "baléarisation", l'urbanisation de masse dédiée à cette activité majeure, se veut désormais maîtrisée par le gouvernement majorquin. Au-delà même de l'apparition de réserves naturelles, protégeant certains espaces, sur la côte notamment, on note les villages agricoles préservés et l'entretien des traces de cultures passées. De plus, l'art, la culture, la marche, la randonnée ou la gastronomie sont devenus des motivations de séjours très prisées. Donc voilà! Moteur!... Crème solaire en poche!... See you soon!...

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